Le commerce informel est un fléau que l'Etat veut bel et bien éradiquer depuis fort longtemps. Mais, il semble que c'est une tâche aussi ardue que très difficile compte tenu des répercussions que cela engendrait. Et pour mieux maîtriser la situation en " présence " de ce fléau, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, a annoncé, à Oran, que le commerce informel sera intégré progressivement dans le circuit officiel. "Nous n'allons pas déclarer la guerre au commerce informel, mais nous œuvrons progressivement à l'intégrer au commerce officiel de l'Etat algérien", a indiqué le ministre à la presse, en marge d'une visite d'inspection dans la wilaya. A ce propos, il est très important de rappeler cette intervention très intéressante faite par l'expert économiste algérien auprès de la Banque mondiale, M'Hamed Hamidouche, au mois de mars dernier au cours de laquelle il a plaidé pour l'impératif du "recensement des vendeurs de l'informel pour leur intégration dans le tissu économique national. "Les autorités publiques sont tenues, avec l'aide de tous les partenaires concernés, de recenser les vendeurs du secteur informel et d'étudier leur situation sociale, et, partant, œuvrer à leur intégration dans le tissu économique national par des incitations fiscales", a estimé cet économiste dans son intervention à la faveur d'une conférence organisée par la Chambre de commerce et d'industrie Chenoua, à Tipaza, sur le thème Impact du marché parallèle sur l'économie nationale. Lors de cette rencontre à laquelle ont pris part près de 150 commerçants et opérateurs économiques de Tipasa, M. Hamidouche a soutenu qu'il existe partout dans le monde un "seuil de tolérance" pour le commerce parallèle, auquel on "ne doit en aucun cas s'opposer avec des méthodes répressives". Il a plaidé, à cet égard, pour la création d'un "observatoire pour le suivi et le contrôle des statistiques fournies en la matière", qui permettra une "évaluation réaliste", a-t-il dit "de la valeur du commerce parallèle, de son développement et de son impact sur l'économie nationale". "Nous devons aussi prendre en considération la mentalité du consommateur algérien qui cherche son intérêt, en acquérant des marchandises de moindre coût, sans s'intéresser aux conditions de leur vente", a-t-il ajouté, signalant que des études universitaires ont révélé que la "famille algérienne fait une économie de près de 100 000 DA/an, en se fournissant auprès du marché parallèle". Les mêmes études ont également démontré que le Trésor public accuse une perte fiscale de huit (8) milliards de dollars, à cause du commerce informel, dont cinq (5) milliards sous forme de taxes sur la valeur ajoutée, en plus des pertes financières accusées par la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) et la Caisse nationale de la sécurité sociale des non-salariés (CASNOS), auxquels s'ajoutent les transferts illégaux en devises estimés à 2,7 milliards de dollars. De son côté, le président de la Chambre Chenoua, Maamar Sirandi, a souligné l'importance de la sensibilisation des vendeurs de l'informel à leur intégration dans des espaces commerciaux réglementés, en vue de bénéficier des dispositions de la nouvelle loi fiscale (loi des finances 2015), qui répond aux doléances de cette catégorie sociale, par l'adoption d'un régime forfaitaire au profit de ceux dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas les 30 millions de DA, a-t-il expliqué. Ainsi donc le ministre du commerce plaide donc bien cette " intégration " du commerce informel dans le circuit officiel. D'ailleurs, Amara Benyounes a annoncé qu'une conférence internationale sera tenue avant la fin de l'année sur le commerce parallèle, en général. D'autre art et répondant à des questions de journalistes, le ministre a assuré que le projet de loi de finances complémentaire 2015 comporte des "mesures incitatives au profit des industriels et producteurs algériens". A une question sur la loi portant sur l'import et l'export approuvé par l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a fait savoir qu'elle sera examinée "dès la semaine prochaine" au niveau de la commission économique du Conseil de la nation et entrera en vigueur après sa promulgation et sa publication. A noter que lors de sa visite à Oran, le ministre du Commerce s'est enquis, lors de cette visite, des prix des fruits et légumes aux marchés de gros d'El Kerma, et a inspecté les projets de réalisation de l'inspection territoriale du commerce à Es Senia et le centre commercial "Ardis" de Bir El Djir. Il a aussi visité l'unité industrielle spécialisée en produits alimentaires, une autre de fabrication et d'exportation de produits textiles INOTEX dans la zone industrielle d'Es Sénia, et l'unité spécialisée en conservation du thon et poisson à la zone industrielle de Hassi Amer.