Les cours du pétrole étaient en hausse hier en Asie dans un marché qui reste malgré tout inquiet face à la surabondance de l'offre et qui ne s'attend pas à ce que l'Opep remédie à la situation. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier prenait 29 cents à 41,94 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, la référence européenne du brut, également pour livraison en janvier, gagnait 18 cents, à 44,79 dollars. Les cours restent baissiers car beaucoup d'investisseurs s'attendent à ce que l'Opep ne bouge pas sur ses objectifs de production, a commenté Bernard Aw, analyste chez IG Markets à Singapour. Le marché devrait rester latéral dans l'attente de la réunion de l'Opep, lors de laquelle l'Iran devrait annoncer ses objectifs d'augmentation de production. L'arrivée de l'Iran, à la faveur de la levée des sanctions occidentales prévue en janvier, dans un marché qui croule déjà sous l'excès d'offre, n'est pas de bon augure pour les cours du brut, qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis juin 2014. Autre signe maussade pour les marchés, la publication mardi des chiffres sur la production industrielle chinoise, qui a enregistré en novembre son plus fort ralentissement depuis trois ans, ce qui confirme une fois encore l'essoufflement de la deuxième économie mondiale et premier consommateur d'énergie de la planète. L'indice officiel des directeurs d'achat (PMI), principal indicateur de l'activité, s'est établi à 49,6, selon le Bureau national des Statistiques, soit un niveau légèrement en-deçà des prévisions des économistes interrogés par Bloomberg. Au-dessus de 50, cet indicateur signale une progression de l'activité industrielle, et un recul en-dessous. Lundi à la clôture, les cours du pétrole ont légèrement baissé à New York, l'espoir que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) décide en fin de semaine de s'attaquer aux excédents s'essoufflant en fin de séance. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en janvier a cédé 6 cents à 41,65 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a perdu 25 cents à 44,61 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Chez IAF Advisors, Kyle Cooper a noté que "le rapport entre l'offre et la demande est encore très relâché", avec "bien plus d'offre que de demande", ce qui empêche les cours de progresser. D'autant que, selon lui, les réserves de brut aux Etats-Unis vont continuer à s'afficher en nette hausse cette semaine, et "tant qu'on ne verra pas les stocks ralentir leur progression, les prix n'auront pas de raison de monter". Pourtant en début de journée les cours s'étaient un peu repris, les analystes attribuant ce mouvement d'une part à des achats à bon compte après la forte baisse enregistrée vendredi, et d'autre part aux attentes suscitées par la réunion semestrielle de l'Opep, "l'une des plus importantes qu'on ait vues depuis longtemps", selon Phil Flynn, chez Price Futures Group. "Le pétrole attire des acheteurs en ce début de semaine et cette fin de mois", a commenté Matt Smith, chez ClipperData, mais "l'approche de la réunion de l'Opep vendredi devrait inciter à la prudence", a-t-il ajouté. Cette réunion "pourrait marquer un tournant", a dit M. Flynn, estimant que "ce sera intéressant de voir s'il y a un changement dans (les objectifs de) production, ou au moins dans l'état d'esprit. Et nous verrons probablement l'Opep faire des ajustements pour préparer le retour sur le marché du pétrole iranien", a-t-il ajouté. La plupart des observateurs s'attendent toutefois à ce que le cartel, qui contribue largement à la déprime des cours en s'abstenant d'abaisser ses objectifs de production et en les dépassant nettement dans les faits, s'en tienne à sa stratégie actuelle consistant à inonder le marché d'or noir pour contrer l'essor du pétrole de schiste américain et préserver ses parts de marché. "L'Arabie saoudite devrait faire l'objet de contestations de la part des autres membres de l'Opep lors de la réunion de cette semaine en raison du niveau élevé de sa production et de sa politique de protection de parts de marché qui est désormais considérée par certains de ses alliés comme un échec", soulignaient de leur côté Michael Van Dulken et Augustin Eden, analystes chez CMC Markets. "Même si une surprise est possible à la réunion du 4 décembre, le consensus du marché semble suivre le point de vue iranien: une réduction de l'Opep serait souhaitable ou même nécessaire, mais elle est improbable", a résumé Tim Evans, chez Citi, notant que "cela aura pour résultat la poursuite des excédents". "Il faudra toutefois surveiller de près les discussions qui auront lieu à propos de la production iranienne qui est l'enjeu majeur de cette réunion de mon point de vue", a relevé pour sa part Christopher Dembik, chez Saxo Banque. "Nous allons devoir suivre les commentaires qui sortiront tout au long de la semaine, car d'ordinaire on peut se faire une assez bonne idée de la direction que va prendre une réunion de l'Opep avant qu'elle commence", a souligné pour sa part M. Flynn.