Le gouvernement nigérian a reconnu pour la première fois vendredi avoir échoué dans ses négociations avec Boko Haram pour libérer les 218 lycéennes de Chibok. Les jeunes femmes sont toujours captives du groupe islamiste, deux ans et demi après leur enlèvement. Les services secrets nigérians (DSS) ont débuté les négociations avec le groupe djihadiste Boko Haram le 17 juillet 2015, soit deux mois à peine après l'élection du président Buhari, a dévoilé le ministre de l'Information Lai Mohammed lors d'une conférence de presse. Selon le ministre, les DSS ont mené depuis trois sessions de pourparlers, notamment pour tenter de les échanger contre des prisonniers. Certains des détenus sont condamnés pour avoir commandité des attentats meurtriers. Mais toutes ces tentatives ont échoué. ECHANGE PREVU PUIS AVORTE Cet échange, prévu lors de la premi ère tentative "était difficile à accepter mais (...) M. le Président avait donné son accord, pensant que la libération de ces filles était sacro-sainte", a déclaré à la presse M. Mohammed. Dès août 2015, l'échange était prêt à être réalisé mais a finalement avorté au dernier moment, assure Abuja. Deux autres sessions de négociations ont eu lieu le 10 décembre 2015, ainsi que depuis le début de l'année 2016. "Malgré la division du groupe terroriste, qui a sérieusement affecté nos efforts de libérer les filles, nous avons redoublé d'efforts dans le dialogue avec nos sources et des personnes tierces", a ajouté le ministre. Il y a un mois, la faction du groupe Boko Haram dirigée par Abubakar Shekau avait posté une vidéo dans laquelle un grand nombre d'entre elles étaient réapparues, après des mois de silence et d'interrogations sur leur état de santé. Shekau demandait alors au gouvernement de les échanger contre certains de ses prisonniers. Cette vidéo avait été diffusée juste après la décision de l'organisation Etat Islamique - à qui Boko Haram a prêté allégeance en mars 2015 - de nommer un nouveau chef à la tête du groupe djihadiste pour l'Afrique de l'Ouest. "Cette vidéo est ouvertement liée à la décision de l'EI de remplacer le leader Shekau par Abou Mosab al Barnaoui. C'est aussi un message au gouvernement nigérian pour leur dire que même s'il (Shekau) a été remplacé, c'est toujours à lui qu'ils ont à faire", avait alors expliqué Kyle Shideler, de Center for Security Policy. Parmi les 276 lycéennes enlevées par Boko Haram le 14 avril 2014, 57 avaient réussi à s'échapper juste après le rapt, et l'une d'elles a été retrouvée par l'armée au mois de mai. Relayé par les médias du monde entier, ce kidnapping de masse a provoqué une vague d'indignation massive, notamment sur Twitter sous le hashtag #Brinbackourgirls ("ramenez-nous nos filles"). Depuis 2009, Boko Haram ravage la région du Lac Tchad, a fait 20'000 morts, 2,6 millions de déplacés et a kidnapp é des dizaines de milliers de personnes, dont 10'000 jeunes garçons, selon un rapport de Human Rights Watch publié en août dernier.