Espoir ■ Un mois, jour pour jour, après l'enlèvement par Boko Haram de plus de 200 lycéennes, le geste d'ouverture du pouvoir et l'aide apportée par plusieurs pays alimentent l'espoir d'une libération. Alors qu'il avait initialement refusé d'envisager tout échange entre des détenus islamistes et les 223 lycéennes otages - ce que demandait le chef de Boko Haram Abubakar Shekau dans la vidéo montrant les jeunes filles diffusée avant-hier - le gouvernement nigérian s'est dit, hier soir, «ouvert au dialogue». «Le Nigeria a toujours été ouvert au dialogue avec les insurgés», a déclaré le ministre des Affaires spéciales, Taminu Turaki, qui a dirigé l'année dernière un comité chargé de réfléchir à un programme d'amnistie avec Boko Haram. «Nous sommes prêts à discuter de tous les problèmes, et les lycéennes enlevées à Chibok en font partie». Le 14 du mois dernier, Boko Haram enlevait 276 jeunes filles dans leur école de Chibok, située dans l'Etat de Borno, un des fiefs du mouvement. Plusieurs dizaines d'entre elles sont parvenues à s'enfuir, mais 223 lycéennes restent aux mains du groupe radical. Toutes ont désormais été «identifiées comme étant des élèves du lycée public de Chibok», a indiqué, hier, le gouverneur de Borno, Kashim Shettima, qui a organisé une séance de visionnage de la vidéo avec les parents. La position de Boko Haram semble elle aussi avoir évolué. Dans la première vidéo, diffusée le 5 mai, Abubakar Shekau promettait de réduire les jeunes filles en esclavage, de les «vendre sur le marché» et de les «marier» de force. Mais dans la deuxième vidéo d'avant-hier, il disait avoir converti à l'islam une partie des jeunes filles, les appelant désormais ses «sœurs», et évoquait l'échange des lycéennes contre des prisonniers islamistes détenus par le pouvoir. Parallèlement, la mobilisation internationale n'a cessé de monter en puissance ces derniers jours, les Etats Unis en tête. Le Nigeria, traditionnellement rétif à toute ingérence étrangère dans ses affaires intérieures, s'est finalement résolu à accepter cette aide. Le commandant des forces armées américaines en Afrique (Africom), le général David Rodriguez, s'est rendu hier à Abuja, la capitale fédérale, pour «discuter de l'aide américaine dans les opérations de recherche ainsi que toute la coopération» entre les forces américaines et nigérianes. Des avions espions américains survolent le nord du Nigeria, et les Etats-Unis partagent des images de satellites avec les Nigérians. Le Royaume-Uni et la France ont également envoyé des équipes d'experts au Nigeria. Enfin, un sommet sur la sécurité au Nigeria doit se tenir samedi prochain à Paris, rassemblant les dirigeants d'au moins cinq pays africains : le Nigeria et quatre de ses voisins, le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Bénin. Pendant ce temps, dans le monde entier, les manifestations se multiplient en faveur de la libération des jeunes filles enlevées, un mouvement rassemblé derrière le slogan lancé sur Twitter «BringBackOurGirls» (Ramenez nos filles). Plusieurs organisations féminines maliennes ont dénoncé, hier soir, un «silence coupable des chefs d'Etat et de gouvernement», appelant «toutes les autorités et personnalités islamiques à condamner» le kidnapping massif des jeunes Nigérianes.