La Tunisie va geler les recrutements dans la fonction publique durant les 4 ou 5 prochaines années, à cause d'une profonde crise économique et budgétaire, a indiqué, mardi 4 octobre, le ministre tunisien de l'Emploi et de la formation professionnelle, Imed Hammami. Les recrutements dans la fonction publique "ne sont plus possibles" et "ne pourraient reprendre que dans 4 ou 5 ans", a assuré le ministre sur les ondes de la radio privée Shems FM. M. Hammami a précisé que l'Etat va désormais encourager l'initiative privée, faisant part de la prochaine mise en place de 5 caisses destinées au financement des porteurs de projets. L'annonce de cette mesure intervient quelques jours seulement après une sortie médiatique du chef de gouvernement Youssef Chahed pour préparer l'opinion publique à des réformes "douloureuses" face à la grave détérioration de l'ensemble des indicateurs des finances publiques. "Le budget de l'Etat souffre d'un grand déficit", avait averti le président de la République Béji Caid Essebsi, qui tirait également la sonnette d'alarme sur l'aggravation de l'endettement extérieur qui reste "dangereux parce qu'il ne va pas à l'investissement mais à la consommation". Avoisinant les 14% du PIB, la masse salariale représente "l'un des taux les plus élevés au monde, ce qui explique le recours constant de l'Etat à l'endettement extérieur", avait déploré le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Chedly Ayari. Elle a augmenté de plus de 91% au cours des cinq dernières années, à cause des recrutements massifs dans la fonction publique dans le sillage de la révolution de 2011. Possibilité de sortir de la crise dans 2 où 3 années D'autre part, et lors de la Conférence ministérielle MENA-OCDE 2016 pour la Gouvernance et la Compétitivité, le ministre tunisien de Développement, de l'investissement et de la coopération internationale, Mohamed Fadhel Abdelkefi, ,a indiqué mardi, que son pays peut sortir de la crise économique actuelle dans les 2 où 3 années à venir, à condition de pouvoir maintenir la stabilité politique et sécuritaire, de réhabiliter la valeur travail et de prendre conscience de l'impératif de réduire les déficits publics. L'économie tunisienne souffre d'une situation de déséquilibre macro-économique, en raison de l'aggravation des déficits publics, a ajouté Abdelkefi notant que le pays s'est engagée, à arrêter cette spirale de déficits, à redresser la manière de faire, à investir dans la simplification des procédures administrative, invitant ses partenaires et ses voisins à la soutenir en renforçant leurs investissements ". S'agissant de la croissance inclusive, le ministre tunisien a indiqué que les études de l'OCDE ont fait ressortir que la région maghrébine est la moins intégrée de tout le monde, ce qui entraine un moins value, au niveau de la croissance pour l'ensemble des pays de la région variant entre 1,5 et 2%. " Pour la Tunisie, 1% de croissance équivaut la création de près de 17000 nouveaux postes d'emploi, dans un pays qui compte près de 650 mille chômeurs ", a-t-il rappelé. Dans le même contexte, M. John Descorcher, Secrétaire d'Etat adjoint pour l'Egypte et le Maghreb au Département d'Etat (Etats-Unis) a fait savoir que chaque pays doit développer activement, ses relations économiques au sein de sa propre région, avant de s'orienter vers le reste des pays du monde. A cet égard, les 2/3 des échanges des USA sont menés avec ses voisins (Canada, Mexique…), a-t-il noté que Pour le ministre mauritanien de l'Economie et des Finances El Moctar Ould Jay, l'ensemble des pays font face au même destin. Il est donc impossible de parler d'une croissance inclusive dans une seule région alors que d'autres régions souffrent du terrorisme, de la corruption… "Il est indispensable, de coordonner et d'harmoniser les programmes de croissance, de se soutenir et de tirer le meilleur parti des expériences des autres, pour garantir une croissance inclusive"a-t-il dit. Pour sa part Andreas Schaal, directeur à l'OCDE, a appelé à garantir une meilleure intégration régionale, grâce à l'ouverture des marchés, à la réduction des barrières commerciales et d'investissement tout en en veillant à ce que toutes les régions contribuent et bénéficient de la croissance.