En présidant une journée d'étude technique régionale sur la relance de la filière lait, M. Doubi Bounoua, président de la Chambre nationale d'agriculture a indiqué que les besoins de consommation nationale de lait sont estimés à 4,5 milliards de litres, malgré la hausse de la quantité de production nationale du lait ces dernières années. Pour satisfaire ces besoins, toutes les entraves doivent être relevées dans cette filière et un dispositif doit être mis en place partant de la production jusqu'à la commercialisation, passant par la collecte, a-t-il suggéré. Le président de la Chambre nationale d'agriculture a fait savoir que la production nationale du lait est passée de 1.583.590.000 litres en 2009 à 3.753.766.000 litres en 2015, soit une augmentation moyenne annuelle de 23 pour cent, ajoutant que le nombre de vaches laitières est passé de 1.007.230 têtes en 2001 à 1.107.000 en 2015. S'agissant de la collecte du lait au niveau national, M. Doubi Bounoua a souligné qu'elle a atteint 944.909.000 litres en 2015 contre 158.350.000 l en 2009, soit un taux de croissance annuel moyen de près de 23 pc. Des représentants de la direction des services agricoles (DSA) de Mostaganem ont signalé que la production de lait a augmenté dans la wilaya de plus de 77 millions de litres lors de la campagne 2009-2010 à environ 97 millions lors de la campagne 2015-2016, ajoutant que la collecte du lait est passée de plus de 4 millions de litres à plus de 10 millions durant la même époque. La wilaya de Mostaganem dispose actuellement de 30.000 têtes bovines dont 20.000 têtes de vaches laitières. Par ailleurs, les participants à cette rencontre ont recommandé d'intensifier la culture fourragère, d'élargir le soutien à l'alimentation du bétail, de faciliter l'accès au crédit Rfig, de moderniser le domaine pour augmenter la production et le rendement, de former les éleveurs, les collecteurs et les transformateurs et de les structurer dans des associations et corporations. Cette journée d'étude, initiée par la Chambre d'agriculture de la wilaya de Mostaganem, a regroupé des éleveurs de bovins, des collecteurs de lait et des vétérinaires des wilayas de Mostaganem, d'Oran, de Sidi Bel-Abbès, de Relizane, de Mascara et d'Aïn Témouchent. Gros déficit du nombre de vaches laitières Entre autres, le nombre de vaches laitières au niveau national est largement en deçà du cheptel nécessaire pour répondre aux besoins en lait, a affirmé le président du Comité national interprofessionnel du lait, Mahmoud Benchakour. Ce cheptel est constitué actuellement de 200.000 vaches seulement alors qu'il faudrait environ un million de vaches laitières pour satisfaire la demande exprimée, a indiqué M. Benchakour sur les ondes de la Radio nationale. Selon lui, la stratégie pour augmenter la production laitière locale nécessite le renforcement de la production fourragère et les activités liées à la filière, l'instauration d'un système de contrôle de la production et l'importation de vaches laitières pour combler le déficit. Il est impératif, a-t-il poursuivi, de revoir le système d'élevage et de maintenir une durée de production des vaches laitières à 5 années au lieu de 2 à 3 années comme il se fait actuellement. Les besoins actuels sont de 4,5 à 5 milliards de litres/an alors que la production locale tourne autour de 600 à 800 millions de litres/an, soit un déficit de près de 4 milliards de litres/an qui est comblé par les importations, a-t-il précisé, ajoutant que le taux moyen de consommation par personne est de 115 litres/an en Algérie. Questionné sur les quantités de lait que les éleveurs jettent parfois lorsqu'ils ne trouvent pas preneurs, M. Bouchakour a expliqué que ce cas se produit généralement lorsque les cours mondiaux du lait en poudre sont en baisse et que les transformateurs préfèrent l'acheter puisqu'il leur revient moins cher que le lait cru local. Mais il a observé que c'est justement dans ce genre de situation que l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) doit jouer son rôle de régulateur en diminuant la distribution du lait en poudre aux transformateurs afin de les amener à s'approvisionner en lait cru local. Il a également proposé que pour réduire la facture d'importation de lait en poudre, des licences d'importation doivent être instaurées pour obliger les importateurs à investir localement, et ce, à l'instar de ce qui a été fait pour les concessionnaires des véhicules. Sur ce point, il a soutenu que le comité qu'il dirige a soumis cette proposition au ministère de l'Agriculture.Concernant l'abandon de l'emballage du lait dans les sachets et son remplacement par les briques en carton dès mars prochain, il a fait savoir que cela allait induire automatiquement une augmentation du prix du lait subventionné dans une fourchette oscillant entre 5 et 8 DA, sachant que le lait en sachet subventionné est cédé actuellement à 25 DA.