Brouillard. Le lait fait beaucoup parler de lui en ce moment. Dans la même journée de jeudi dernier, il y a eu pas moins de deux interventions publiques de responsables en lien avec le secteur. Le premier, Mahmoud Benchakour, président du Comité national interprofessionnel du lait (Cnil) s'est exprimé à la Radio nationale. Le second, Doubi Bounoua, président de la Chambre nationale de l'agriculture, est intervenu, à Mostaganem, à l'occasion d'une journée d'étude technique régionale de relance de la filière lait. Voilà deux responsables-clés du secteur qui ont, chacun, leur propre «partition». Pour le premier notre «cheptel est constitué actuellement de 200.000 vaches seulement alors qu'il faudrait environ un (1) million de vaches laitières pour satisfaire la demande exprimée». Pour le second et s'agissant toujours du même cheptel «le nombre de vaches laitières est passé de 1007.230 têtes en 2001 à 1107.000 en 2015». Qui croire? Un sacré écart entre les deux chiffres. Pas seulement puisque les chiffres du second atteignent le nombre estimé par le premier pour «satisfaire la demande exprimée». Curieusement, ils donnent le même chiffre (4,5 milliards de litres/an) pour nos besoins en lait. Malheureusement et juste après c'est le grand écart au sujet de la production nationale. Pour Benchakour elle «tourne autour de 600 à 800 millions de litres/ an, soit un déficit de près de 4 milliards de litres/an qui est comblé par les importations». Pour Bounoua, cette production «est passée de 1583.590.000 en 2009 à 3753.766.000 litres en 2015, soit une augmentation moyenne annuelle de 23 pour cent». Il faut certainement comprendre que l'un parle uniquement de lait cru alors que l'autre y ajoute la poudre de lait. Il y a une autre foire aux chiffres. Le groupe Giplait (secteur public) affirme couvrir 50% de la demande nationale. De son côté, le groupe Danone (étranger), installé chez nous depuis 2001, déclare détenir 40% des besoins de l'Algérie. Ce qui revient à dire que les 190 autres laiteries, que compte le pays, se partagent les 10% restants. Difficile à croire. Bref, il y a comme une dispersion qui n'aide pas au développement de cette filière. En effet, les importations de lait en poudre ne baissent pratiquement pas. Les chiffres publiés par le Cnis (Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes) indiquent qu'en 2016, nous avons importé 358.943 tonnes de produits liés au lait (poudre, crème de lait et matières grasses laitière). Une baisse de 3,54% par rapport à l'année 2015. Autrement dit, le développement de notre production de lait cru n'a pas atteint les 4%, en une année. Les chiffres du Cnis sont incontestables. Résultat des courses: le lait fait du surplace chez nous. Une anomalie bien masquée par le désordre ambiant. Un désordre tel que, la ferme est volontairement confondue avec l'usine. Agriculture, industrie ou commerce? De qui dépend le lait?