Economie, diplomatie, coopération militaire, les liens entre Moscou et Pékin ne cessent de se renforcer. À l'occasion du dernier sommet sino-russe, Poutine et Xi ont ouvert un nouveau chantier, celui de la coopération médiatique. Car promouvoir la multipolarité passe aussi par la lutte contre les fake news diffusés par les médias mainstream. visite du Président chinois en Russie était attendue. Il est vrai que Xi Jinping et Vladimir Poutine se sont rencontrés 22 fois depuis l'accession du premier à la tête de l'Etat chinois, mais c'est à chaque fois un événement important pour les deux nations: il suffit pour cela d'observer le nombre de sujets d'intérêt réciproque traités à chaque fois. Cette énième rencontre Poutine-Jinping devrait confirmer les observations recueillies lors des précédentes rencontres: ils ne viennent pas inaugurer les chrysanthèmes et des résultats concrets, aussi bien au niveau des interactions économiques que de la coordination géopolitique, devraient sortir de ces échanges. Avant même d'arriver pour sa visite officielle de deux jours en Russie, Xi avait déjà annoncé la couleur en parlant de la crise syrienne: "La partie russe joue un rôle important et positif dans le règlement syrien, nous l'apprécions". Connaissant généralement la modération -sur n'importe quel sujet d'ailleurs- de l'élite chinoise, cette déclaration éclaire la position de Pékin vis-à-vis de la crise en Syrie, et notamment les nombreux vétos chinois au Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, en soutien de la position russe face aux résolutions du trio occidental USA-Grande-Bretagne-France. Convergence d'approche également sur un autre dossier d'actualité internationale, celui de la Corée du Nord. Tout en appelant Pyongyang à la retenue, "les deux parties se prononcent contre la présence militaire de forces extérieures en Asie du Nord-Est et contre son renforcement sous prétexte de la nécessité de contrer les programmes balistiques et nucléaires nord-coréens". Un message clairement adressé au pays qui s'invite de lui-même dans la région, dans une pure logique néocoloniale et unipolaire, à savoir les Etats-Unis. À ce propos, rappelons qu'il y a quelques jours, des chasseurs et navires chinois ont été obligés d'avertir le destroyer étasunien USS Stethem, qui avait croisé en mer de Chine méridionale, dans les eaux des îles Paracels, que la Chine considère comme siennes. En outre de la réaction militaire, la diplomatie chinoise a qualifié le passage dudit destroyer de provocation militaire et de violation du droit international et de sa souveraineté. En outre, n'oublions pas la mise en garde chinoise à l'adresse des USA quant au désir de ce dernier de livrer des armes à Taiwan, que Pékin considère comme une province rebelle de la Chine unifiée. Lors de cette nouvelle rencontre au sommet russo-chinoise, le volet économique ne fut évidemment pas en reste non plus. De nombreux accords ont été signés (une quarantaine au total) pour une valeur avoisinant l'équivalent de 10 milliards de dollars. Rappelons que le volume des échanges bilatéraux en 2016 a augmenté de 4% pour dépasser 66 milliards de dollars, tandis que pour les seuls quatre premiers mois de 2017, on observe une augmentation de 37% (24,5 milliards de dollars). Par ailleurs, le gouvernement russe a confirmé une fois de plus son plein soutien à l'initiative chinoise de la Nouvelle route de la soie. Ce grand projet logistique, "Une Ceinture, une Route", a été initié par Xi Jinping et prévoit de connecter les pays de l'Eurasie via une liaison ferroviaire et maritime de grande envergure. Aussi, le Fonds russe d'investissements directs et la Banque de développement de Chine ont-ils convenu de mettre en place un fonds commun de placement à hauteur de 65 milliards de yuans (l'équivalent de près de 10 milliards de dollars). Les deux pays se sont également mis d'accord sur la poursuite de l'élargissement de l'utilisation des monnaies nationales dans leurs projets et échanges bilatéraux. Moscou et Pékin prévoient également de développer leurs liens au travers d'organisations telles que les BRICS et l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS). Mais un "nouveau" domaine est venu s'inviter dans les discussions, et très d'actualité, celui de la coopération au niveau médiatique. Les deux pays faisant constamment face aux attaques informationnelles émanant principalement des médias mainstream occidentaux, le temps est donc venu d'une plus large interaction dans cette sphère. Ainsi, Margarita Simonyan, rédactrice en chef de Sputnik et RT a-t-elle appelé "à lutter ensemble contre le terrorisme médiatique et les fake news du mainstream". La Russie et la Chine ont donc signé l'" Accord sur l'interaction dans la sphère médiatique", confirmant ainsi une fois plus la vision multipolaire qui caractérise les deux puissances. Une chaîne TV russe (Katioucha) verra sous peu le jour en Chine. Et ce ne sera probablement que le début d'un large partenariat dans ce domaine.Last but not least, le président chinois a reçu de Poutine la plus haute récompense de l'Etat russe, l'Ordre de Saint-André, pour son infaillible soutien au développement des relations sino-russes. Xi Jinping, clairement ému, déclarera: "En mars 2013, juste après mon élection au poste de Président de la République populaire de Chine, la Russie a été le premier pays étranger que j'ai visité (…). Depuis lors, nous nous sommes rencontrés 22 fois, selon mes calculs. Ainsi, la Russie est-elle devenue le pays que j'ai visité le plus souvent. Et parmi les dirigeants étrangers, c'est avec vous, M. Poutine, que je maintiens les contacts et les relations les plus étroits". Que les jaloux et les "sceptiques" de cette alliance russo-chinoise en prennent note. La Russie et la Chine renforcent leur alliance stratégique. Mais ce n'est que le début. Le meilleur est à venir. N'en doutez pas!