Le Premier ministre français, Edouard Philippe était attendu mercredi et jeudi à Rabat, son deuxième déplacement hors de l'UE après Tunis début octobre, pour rencontrer son homologue marocain et notamment évoquer la jeunesse, la coopération décentralisée ou l'Afrique. Dix à vingt accords, portant sur la sécurité civile, la coopération administrative pour la réforme de l'Etat, l'amélioration des services publics ou le numérique, devaient être signés entre les deux Etats à l'issue de rencontres bilatérales entre ministres français et marocains et d'une réunion plénière intergouvernementale. Dix ministres et secrétaires d'Etat accompagnent Edouard Philippe, de Nicole Belloubet (Justice) à Elisabeth Borne (Transports) en passant par Jean-Michel Blanquer (Education), Françoise Nyssen (Culture) et Laura Flessel (Sports). Les deux gouvernements doivent faire des déclarations dans les domaines culturel, sportif et éducatif, l'un des principaux axes du déplacement. L'un des accords concerne une aide au développement de l'enseignement bilingue, en augmentant les sections internationales françaises dans le secondaire, quatre décennies après le lancement de la politique d'arabisation lancée par le roi Hassan II dans les années 70. Il doit également soutenir le développement des voies professionnelles et l'équité entre garçons et filles en milieu rural. Edouard Philippe doit en outre visiter le campus de l'Essec à Rabat, ouvert en 2017, dans un contexte de développement soutenu des liens universitaires entre les deux pays: depuis quelques années, les grandes écoles françaises sont de plus en plus nombreuses à s'implanter au Maroc, dont l'Ecole Centrale, l'EM Lyon Business School, l'Ecole des Mines, ou l'INSA. Le Maroc demeure par ailleurs toujours le premier pays d'origine des étudiants étrangers en France. La France a développé au Maroc le plus important de ses réseaux scolaires publics au monde, fort de 38 écoles françaises et 37.000 élèves inscrits à la rentrée 2017, de la maternelle aux classes préparatoires.
'Entreprises bien placées' Après un déplacement début octobre en Tunisie où il avait appelé à préférer "l'utile" à "l'éclat" pour contribuer au développement économique de l'Afrique, le Premier ministre doit également annoncer à Rabat une augmentation de la capacité d'intervention de l'Agence française de développement dans le pays. Il s'agit notamment de mettre en œuvre des prêts et des co-financements dans les domaines de l'énergie renouvelable, les transports portuaires et "le développement inclusif pour les territoires", a précisé son entourage. Le Premier ministre, accompagné d'une délégation d'une quarantaine d'entreprises, devait également participer jeudi au Forum économique franco-marocain, où seront présentes près de 150 entreprises des deux pays. Aujourd'hui, 800 filiales d'entreprises françaises, dont 33 du CAC40, sont implantées au Maroc et les investissements étrangers sont pour un tiers hexagonaux, mais la France n'est plus le premier partenaire commercial du royaume, supplantée par l'Espagne. "L'enjeu est d'aller ensemble vers les nouveaux besoins du Maroc, qui veut se développer dans de nouveaux secteurs, comme les énergies propres, les transports rapides, domaines dans lesquels les entreprises françaises sont bien placées", explique l'entourage du Premier ministre, qui observe "un marché marocain de plus en plus compétitif". Des discussions sont également prévues entre Edouard Philippe et son homologue marocain, Saad-Eddine El Othmani, sur l'intensification de l'entraide judiciaire en matière civile et pénale et la coopération de la lutte contre le terrorisme. La visite permettra de maintenir "une relation historique excellente entre les deux pays", selon une source à Matignon. Emmanuel Macron, qui y avait fait une visite privée en juin, peu après son élection, doit à nouveau s'y rendre, cette fois pour une visite d'Etat, au premier semestre 2018. Après la Tunisie et le Maroc, Edouard Philippe est attendu pour sa part "prochainement" en Algérie pour un séminaire gouvernemental, a indiqué son entourage.