Les manifestations organisées dans presque tous les villes et villages d'Algérie en ces jours du 09 et 11décembre 1960, pour arrêter la colonisation du pays, l'armée et la police française ont commis un nouveau crime contre l'humanité : des Algériens et des Algériennes ont été froidement exécutés, montrant le vrai visage de la barbarie et du colonialisme contre un peuple désarmé. L'armée française comme toutes les armées d'occupation, a été, encore une fois, en décembre 1960, imperméable à l'humain. Ses actes témoignent de ses crimes. Partout dans les villes et les villages, elle a froidement abattu des citoyens algériens inoffensifs, patriotes, parce qu'ils arboraient un drapeau algérien. Bien plus, l'armée d'occupation a transformé les couleurs nationales algériennes en linceul pour ces héros en majorité jeunes ; n'est-ce pas là la meilleure manière de les immortaliser à jamais ? Peut-on à ce point, bafouer et ignorer un peuple qui meurt pour sa liberté ? Ce peuple, hommes et femmes et enfants, en descendant dans la rue aux cris de " Vive le FLN ", " Vive l'ALN ", " Vive le GPRA ", " Vive l'Algérie indépendante " et en brandissant le drapeau national, s'est une fois de plus imposé à l'ennemi français et a proclamé sa détermination de vivre libre et indépendant. Malheureusement cette démonstration a été mise à profit par les stratèges de l'armée et de la police française pour se livrer à de nouveaux massacres et faire cause commune avec les tenants de " l'Algérie française ".La vérité est établie. C'est la présence de cette armée qui est la caution de l'ordre colonial et le premier obstacle à toute solution véritable du problème algérien. Il est vrai que la mémoire dénature les faits. La France depuis les massacres du 8 mai 45 jusqu'en 1962, a fait de son occupation de l'Algérie une entreprise d'extermination du peuple. A l'évidence, ce n'est pas la première fois que les Algériens, occupaient la place publique et exprimaient leur opposition à la politique coloniale de la France. Déjà en 1934, des manifestations avaient amené à des affrontements avec des forces d'occupation à Alger, les militants indépendantistes de l'Etoile Nord-Africaine, prenant alors appui sur les jeunes des quartiers populaires pour lancer le Parti du peuple algérien (PPA), Mai 45 a été une date où le peuple s'est exprimé pour l'indépendance ; Août 1956, le soulèvement du Nord-Constantinois comme Octobre 61 à Paris, etc. ont été autant de moments historiques où le peuple algérien a pris conscience de son rôle comme acteur décisif de son propre destin. Tous ces événements ont traduit par leur ampleur la permanence qui a caractérisé la volonté du peuple algérien à mettre un terme au colonialisme qui était fondé sur la négation de l'entité algérienne et le mépris du droit des gens pour les confiner dans l'ignorance de leur histoire et les soumettre à la tyrannie de l'occupant. C'est ainsi que les manifestations du 11décembre 60 sont venues rappeler à l'ennemi le prolongement de ces luttes à travers toutes les formes de résistance. A travers sa mobilisation, son courage, sa solidarité, le peuple algérien qui stupéfiait et confondait l'ennemi, devant son patriotisme ardent et indomptable qui a soulevé l'admiration de tous les hommes épris de justice et de liberté à travers le monde, tout un chacun ressent, tout l'honneur et la fierté d'appartenir à cette Nation dans son combat contre le colonialisme. Les Algériens opprimés et asservis, torturés et martyrisés, se sont dressés, une fois de plus en 1960 dans un élan irrésistible contre l'occupant et affirmèrent à travers ces grandioses manifestations leur droit à la vie. Ces manifestations ont été une leçon aux apprentis fascistes et aux éléments racistes qui, sûrs de l'appui de l'armée et de la police française, se sont livrés impunément aux lynchages et aux tueries des Algériens et Algériennes, de ceux qu'ils devraient respecter puisqu'ils sont dignes de respect. Enfin, quelle terrible leçon aux attardés de la " pacification, à ceux qui nourrissaient contre l'illusion de séparer le peuple du FLN-ALN et du GPRA. Selon les historiens, des manifestations du 11 décembre 1960, il reste peu de choses dans la mémoire collective d'autant que près de 80 % des Algériens sont nés après l'indépendance. " La narration qu'en font celles et ceux qui y ont participé est purement anecdotique malgré sa charge émotive. C'est toute la problématique du rapport entre mémoire et histoire. Il ne semble pas que ceux qui y participaient avaient conscience de la portée de l'événement qu'ils étaient en train de vivre ou de créer. Ce n'est qu'avec le recul du temps qu'ils ont fini, par interpréter à la lumière des écrit et des commentaires qui ont été faits. C'est politiquement et historiquement que l'événement prend du sens".