Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni a affirmé, jeudi à Alger, que "l'affaire d'importation de matériel fabriqué en Israël" destiné à la centrale électrique de Boutlelis (Oran) est devant la justice, précisant que le matériel a été importé par une société mixte franco-américaine Cegelec/General Electric, et que la société algérienne d'engineering CEEG (filiale de Sonelgaz) a traité l'affaire "avec sérieux et professionnalisme". "L'Algérie compte parmi les rares pays dans le monde qui n'ont pas de relations avec Israël et elle a de tout temps soutenu la Palestine", a précisé le ministre qui répondait à la question d'un membre de l'Assemblée populaire nationale (APN) sur l'affaire "d'importation par le groupe Sonelgaz de matériel fabriqué en Israël", lors d'une séance plénière consacrée aux questions orales, présidée par M. Saïd Bouhadja en présence du ministre des Relations avec le Parlement, Tahar Khaoua. L'affaire a été traitée à temps conformément aux lois en vigueur, a indiqué le ministre qui a ajouté que le groupe Sonelgaz par le biais de sa filiale CEEG, chargée du suivi de la réalisation du projet de la station électrique de Boutlelis, a pris toutes les mesures légales en saisissant la justice."Laissons la justice suivre son cours", a-t-il poursuivi. Evoquant les détails de l'affaire, M. Guitouni a fait savoir que le matériel en question consistait en une quantité de vannes de déluge destinées à être montées dans la station électrique de Boutlelis d'une capacité de 450 MW. La société mixte franco-américaine en charge de la fourniture et du montage avait acquis le matériel auprès d'une société européenne, dont le dépôt de distribution en Europe se trouve en Hollande, a-t-il indiqué. M. Guitouni a expliqué que la société mixte a approvisionné une société française chargée du montage du matériel en question consistant en 14 vannes de déluge "made in Israël", importées à la place de vannes de déluge fabriquées en Espagne qui sont utilisées dans la station de Boutlelis. Le matériel a été livré à l'Algérie en octobre 2015 par voie maritime avant d'être acheminé vers Boutlelis (Oran) en avril 2017, a fait savoir M. Guitouni. Lors des formalités de vérifications de ce matériel, la Compagnie de l'engineering, de électricité et du gaz (CEEG) a relevé qu'un seul matériel (vannes de déluge) était fabriqué en Israël, a précisé le ministre, indiquant que la question a été traitée "avec sérieux et professionnalisme" pour préserver les intérêts du pays. Les services des douanes ont été saisis le 14 avril 2017 concernant ces vannes de déluge "made in Israël". Un constat a été dressé en date du 19 avril de la même année et une plainte a été déposée auprès de la Cour de justice de la wilaya d'Oran pour "fausses déclaration, compte tenu que le document stipule que le matériel doit être d'origine européenne", a-t-il ajouté. Le groupe Sonelgaz a demandé des explications au consortium franco-américain qui a reconnu officiellement sa responsabilité de l'introduction de ce matériel en Algérie "par mégarde". La société mixte a, par la suite, remplacé ces vannes par d'autres équipements d'origine européenne, a précisé M. Guitouni, ajoutant que le cahier des charges prévoit dans ce genre de transactions le remplacement de la marchandise contrefaite par une autre. Par ailleurs, le ministre a évoqué la difficulté de la réalisation d'une centrale électrique, qui nécessite pas moins de 6 ans outre le matériel qu'exige ce genre de projets. A la proposition du député de créer une commission d'enquête parlementaire sur cette affaire, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Saïd Bouhadja qui a expliqué qu'une affaire déjà en justice ne pouvait faire l'objet d'une commission d'enquête parlementaire. Se référant à l'article 180 de la Constitution et à l'article 80 du règlement intérieur qui empêchent la création de commission d'enquête sur des faits faisant l'objet d'une information judiciaire, M. Bouhadja a affirmé que les affaires judicaires se traitent au niveau des tribunaux. D'autre part, le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni a indiqué en réponse à une autre question relative à l'alimentation de certaines communes de la wilaya de Mila en électricité et gaz naturel, que cette wilaya a bénéficié des différents programmes tracés par l'Etat, ajoutant que "le taux de raccordement au réseau électrique est passé ainsi de 90% en 1999 à 99% fin de 2017, alors que le raccordement au gaz a augmenté de 33,5% en 1999 à 64,7% fin 2017. "26 communes ont été raccordées avec une densité urbaine de 125.000 logements" a-t-il souligné, précisant que 6 communes sur 32 seront raccordées ultérieurement. M. Guitouni a fait savoir, à ce propos, que le plan quinquennal actuel visait la réalisation d'un réseau de transport de gaz de 60 km au niveau de la wilaya de Mila, ce qui permettra, a-t-il indiqué, d'alimenter en gaz 38 villages relevant de 6 communes au profit de 4.000 foyers outre la réalisation de 3 nouveaux transformateurs dont les assiettes ont été choisies. Rappelant avoir donné des instructions fermes, lors de sa visite le 4 décembre dernier dans la wilaya, pour accélérer la réalisation des projets de transport de gaz pour l'alimentation des communes restantes et de 5 autres wilaya à l'est du pays ainsi que le Complexe sidérurgique de Bellara (Jijel), le ministre a affirmé que l'objectif est la réalisation d'un gazoduc au niveau de la localité Hamlat Djemila. Concernant la réalisation d'un réseau de distribution de gaz à Mila dont les travaux n'ont pas encore débuté, le premier responsable du secteur a révélé avoir recommandé que le financement se fasse à travers la contribution des collectivités locales, des citoyens et de SONELGAZ, affirmant que son secteur œuvre à l'amélioration des prestations offertes aux citoyens.