La Russie pourrait exercer une sérieuse influence sur le règlement du conflit israélo-palestinien. C'est ce qu'a déclaré dans une interview au journal russe Izvestia, l'ambassadeur de Palestine en Russie. Dans un entretien au quotidien Izvestia, Abdel Hafiz Nofal, ambassadeur palestinien en Russie a commenté la récente visite de Mahmoud Abbas à Moscou: "Il (le dirigeant palestinien) s'est entretenu avec Vladimir Poutine sur les problèmes de longue date de la région. Ils ont évoqué le plan américain pour la Palestine et l'opposition à ce plan. Nous, les Palestiniens, rejetons ce plan depuis le premier jour. Après avoir payé le prix fort, nous sommes prêts à ne pas le valider tant que les droits légitimes des Palestiniens ne seront pas réalisés. C'est l'un des messages du Président Abbas pendant ses pourparlers au sommet". Abdel Hafiz Nofal a souligné que la Palestine est attachée au processus de paix, "mais Israël a commencé à s'attribuer des territoires - l'un des exemples en est le renforcement de l'activité de colonisation. On pourrait également mentionner le blocage, par Israël, des comptes destinés à verser les compensations aux familles des victimes et des détenus", a-t-il fait savoir. La démarche à suivre a également été évoquée avec le Président Poutine: "Nous pensons qu'un nouveau mécanisme international (pour le processus de paix au Proche-Orient) est nécessaire, comme Mahmoud Abbas l'a dit à la tribune de l'Onu, a rajouté l'ambassadeur de Palestine en Russie. Ce plan doit impliquer cinq acteurs: la Russie, les USA, la Chine, l'UE et l'Onu". La Russie joue un grand rôle sur cette question, selon lui: "Nous notons que Moscou entretient de bonnes relations avec Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est rendu dans la capitale russe il y a plusieurs jours et a assisté à la demi-finale du Mondial. 1,5 million de Russes sont des citoyens d'Israël. La Russie a également de bonnes relations avec la Palestine. C'est pourquoi je pense que Moscou possède une connaissance plus profonde de la question et que son rôle doit être plus important". A l'ordre du jour également: les relations russo-palestiniennes bilatérales dans le domaine économique, politique et autres. Comme l'a indiqué Abdel Hafiz Nofal, il a été décidé d'organiser dans deux mois à Ramallah, fin septembre-début octobre, une réunion de la commission intergouvernementale russo-palestinienne portant sur différentes questions de coopération. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré l'an dernier en conférence de presse à Munich que le règlement du conflit israélo-palestinien et du problème syrien créerait un terrain propice pour trouver une solution aux problèmes plus complexes de la région. "Nous pensons que la Russie doit être davantage impliquée dans le règlement des problèmes de la région, considère l'interlocuteur d'Izvestia. Elle possède une grande expérience historique positive. La Russie n'a jamais été une puissance coloniale, elle a des relations proches avec tous les protagonistes et se trouve géographiquement à proximité de la région. Les Palestiniens, tout comme les pays arabes, demandent la participation de la Russie aux affaires de la région. Nous sommes convaincus de son influence positive". Abdel Hafiz Nofal note qu'Israël bloque la bande de Gaza et augmente le nombre de colonies: 700.000 colons vivent actuellement en Cisjordanie. Cela signifie, d'après lui, que bientôt on ne trouvera plus d'objet pour mener les négociations. Israël étudie actuellement une loi sur le caractère national de l'Etat. L'adoption de ce texte serait une décision extrêmement dangereuse, prévient l'ambassadeur palestinien. "Même l'ex-président israélien Reuven Rivlin a critiqué cette loi, qu'il juge antidémocratique. 1,8 million de Palestiniens vivent en Israël: autrement dit, le gouvernement opprime cette minorité importante qui vit dans le pays", conclut le diplomate.