Chevron a jeté l'éponge jeudi dans la bataille pour le rachat d'Anadarko face à l'offre concurrente d'Occidental Petroleum, qui, à 38 milliards de dollars (34 milliards d'euros), est plus élevée et comporte trois fois plus de numéraire sur la table. Le deuxième producteur de pétrole des Etats-Unis s'en est tenu à sa proposition à 33 milliards de dollars après la décision d'Occidental d'augmenter la partie en numéraire de la sienne. Son abandon fait d'Occidental l'acquéreur probable d'Anadarko, spécialisé dans le pétrole de schiste, qui avait d'ailleurs dit lundi qu'il préférait la proposition améliorée d'Oxy. Chevron et Anadarko avaient cependant conclu en avril un accord de fusion et la major pétrolière recevra une indemnité de rupture d'un milliard de dollars. "Gagner dans n'importe quel environnement ne signifie pas gagner à tout prix", a déclaré son P-DG Michael Wirth. "La discipline en matière de coûts et de capital est toujours importante et nous ne diluerons pas nos rendements ni ne réduirons la valeur pour nos actionnaires dans le but de conclure un accord." A Wall Street, l'action Chevron s'adjugeait plus de 2% en matinée après ces annonces, dans un marché en recul de 1,4%. Anadarko perdait 3% et Occidental chutait de 6%. Occidental s'est dit impatient de signer un accord avec Anadarko. Le projet de fusion doit cependant être soumis aux examens antitrust réglementaires. Occidental a dit son intention de vendre la plupart des actifs d'Anadarko qui ne concernent pas le pétrole de schiste dans le cadre d'un accord qui consoliderait sa position dans le bassin permien, principal gisement de schiste américain situé dans l'ouest du Texas et au Nouveau-Mexique. Total avait annoncé dimanche un accord avec Occidental en vue du rachat pour un montant de 8,8 milliards de dollars d'actifs africains d'Anadarko au cas où l'offre d'Occidental serait couronnée de succès. A la Bourse de Paris, le titre Total cédait 0,5% dans l'après-midi, à comparer à une perte de 1,7% pour l'indice CAC 40. Occidental avait en outre annoncé fin avril que Berkshire Hathaway, la holding de Warren Buffett, investirait 10 milliards de dollars pour l'aider à financer un rachat d'Anadarko. Les analystes ne s'attendent pas à une contre-offre sur Anadarko après le retrait de Chevron. "Le secteur essaie de montrer aux investisseurs plus de discipline en matière de fonds propres et si un autre prétendant survenait, cela irait à l'encontre des stratégies de la plupart des entreprises", écrivent les analystes de RBC Capital Markets dans une note de recherche. Les investisseurs se sont détournés des actions des sociétés pétrolières qui ont augmenté leurs dépenses d'exploration au lieu de consacrer leurs liquidités à améliorer les rendements de leurs actionnaires. Ils ont appelé à une discipline financière correspondant à une augmentation de la production de 4% par an et au maintien d'un dividende de 4%.
Plusieurs actifs en Afrique Anadarko devrait verser un milliard de dollars à la major américaine au titre des frais d'annulation de l'accord de rachat. Anadarko qui détient d'importants actifs en Algérie et Chevron étaient parvenus le 12 avril dernier à un accord définitif pour le rachat de toutes les actions en circulation du groupe Anadarko pour 33 milliards de dollars, soit 65 dollars par action. La valeur totale de la transaction proposée par Chevron s'élève à 50 milliards de dollars, en incluant également la prise en charge de la dette nette et la valeur comptable des intérêts minoritaires. De son côté, Occidental Petroleum a proposé une offre de 57 milliards de dollars qui a ouvert la porte à une guerre d'enchères entre les deux groupes américains pendant plusieurs jours. Occidental Petroleum a également signé un accord de 8,8 milliards de dollars avec le français Total pour lui céder les actifs d'Anadrko en Algérie, Ghana, Mozambique et Afrique du Sud dans l'éventualité d'un succès de l'offre en cours. Avec le retrait de Chevron, Total devrait reprendre tous les actifs d'Anadarko en Afrique. Selon de nombreux analystes américains, le groupe Chevron demeure malgré son offre inférieure le mieux disposé pour reprendre Anadarko. Les activités du deuxième plus grand groupe pétrolier américain après ExxonMobil correspondent mieux au portefeuille d'Anadarko La major américaine peut facilement absorber une telle acquisition, s'accordent à dire les mêmes analystes. Présent au Mozambique où il opère un méga projet de GNL, Anadarko détient également d'importants actifs en Algérie où il figure comme le plus grand producteur de brut parmi les partenaires de Sonatrach. Anadarko avait annoncé en mars qu'il souhaitait reconduire ses contrats de production en Algérie et y renforcer son activité. Le groupe qui produit près de 260.000 barils/jour avait demandé l'extension de tous ses contrats d'exploitation d'hydrocarbures en Algérie. Le premier contrat portant sur le champ Hassi Berkine (HBNS) où le groupe exploite les blocs 404 et 208 arrive à échéance en 2023. Le groupe exploite également en partenariat avec Sonatrach le gisement El Merk à Illizi qui représente l'une des plus grandes découvertes de brut réalisées en Algérie ces dernières années avec des réserves estimées à 1,2 milliard de barils de pétrole et de condensat.