Dans le monde, sept femmes sur dix sont victimes, chaque jour, d'actes de violence et de pratiques abusives, selon la commission onusienne de la condition de la femme... Dans le monde, sept femmes sur dix sont victimes, chaque jour, d'actes de violence et de pratiques abusives, selon la commission onusienne de la condition de la femme... La violence des hommes envers les femmes a toujours existé. Elle est là. Elle fait partie du quotidien de beaucoup d'entre nous. Mais nous ne la voyons pas. Ou plutôt, nous ne voulons pas la voir, et encore moins l'entendre. Pire encore, beaucoup de personnes considèrent le comportement violent masculin comme « traditionnel », « possessif », ou encore « normal ». Le plus désolant c'est que même des femmes, et elles sont nombreuses, femmes cautionnent ou nient cette violence des hommes. Des associations, qui militent pour les droits des femmes, ont plaidé ce dimanche à Alger pour la promulgation d'une loi cadre sanctionnant les violences faites aux femmes. Le 25 janvier passé, le bureau de l'APN avait déjà approuvé une proposition de loi cadre formulée par 40 députés pénalisant sévèrement toute agression ciblant les femmes. La proposition de cette loi cadre a pour objet de consacrer les dispositions fondamentales en matière de lutte contre les violences : physiques ou morales, faites aux femmes et de prévenir leurs répercussions sur les enfants. En 2011, selon les statistiques de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), 8.000 femmes ont été victimes de violences multiples dont 5.047 cas recensés ayant subi des violences corporelles. Durant la même période, 1.570 femmes ont été victimes de mauvais traitements de la part de leurs ascendants, 273 victimes d'abus sexuels, 24 femmes victimes d'homicides volontaires et 4 cas d'inceste, selon toujours la même source. Histoires d'une violence banalisée Fella, une femme parmi d'autres, a souffert de la violence conjugale. Elle nous raconte son calvaire : « Je suis restée mariée pendant 15 longues années. Au début, tout allait bien. Nous avions une relation très passionnelle. Très fusionnelle. Nous nous sommes mariés très jeunes tous les deux. Nous avons fait nos études ensemble. Mais rapidement, nous avons eu une relation conflictuelle. Mon mari est devenu jaloux, possessif, exclusif. J'ai mis ça sur le compte de cette relation passionnelle. J'avais l'impression d'être plus désirable pour lui. Je m'efforçais d'être toujours d'accord avec lui, pour qu'il soit bien avec moi. Pour qu'il m'aime. Et puis ça s'est aggravé. Un soir, il a commencé à me frapper. Au début, c'était des giffles... que je prenais, encore, pour des marques d'amour. J'étais triste, mais je me disais qu'il me frappait par amour. Et, au fond, ça me rassurait. Nous avons deux garçons. Nous avions des scènes, sans arrêt. Quand les enfants étaient petits, je me disais qu'ils ne se rendaient pas compte. Mais un jour, j'ai vu le visage de mon fils aîné. Terrifié ! Mon mari venait de me frapper. Mon fils l'avait vu. C'est dans le regard de mon enfant que j'ai compris que ce n'était plus possible. Je ne pouvais plus lui imposer le spectacle de cette violence. Ce n'était pas pour moi, mais pour lui. Nous parlions de tout cela avec mon mari. Quand il me frappait, après, il était triste, autant que moi. Il me demandait pardon. Il disait que c'était parce qu'il m'aimait trop. Qu'il ne pouvait pas supporter l'idée que je le quitte. À chaque fois, il me promettait de ne pas recommencer. Et chaque fois, je le croyais. Mais ça recommençait. Evidemment. Il m'a fallu beaucoup de temps pour réussir à partir. J'avais l'impression que jamais je ne pourrais m'en sortir toute seule. Pourtant, j'avais mon travail. Mais j'avais l'impression d'être sur une falaise, et que partir, c'était sauter dans le vide... » Nadjet, elle aussi victime de violence, a eu le courage de quitter son bourreau et de suivre une thérapie, pour pouvoir aller de l'avant. Voici sommairement son histoire, telle que narrée par elle-même : « Pendant des années, il m'a battue. Il a proféré à mon encontre des menaces épouvantables. Le divorce a été terrible. J'avais peur tout le temps. Il a cessé de travailler, Il s'est même mis à boire. C'est devenu une épave. Vraiment. Nous ne nous voyons plus jamais. Pendant longtemps, il n'a même pas revu sa fille. Cela fait peu de temps qu'il la prend chez lui. Mais, il continue à dire des choses horribles sur moi, à sa propre fille. J'ai entamé une thérapie chez un psychologue conseillé par une association. C'est là que j'ai commencé à comprendre ce qui n'allait pas, chez moi aussi, pourquoi j'étais aussi soumise pendant outes ces années. En fait, j'ai compris que je souffrais d'un terrible complexe d'infériorité. Une mauvaise estime de moi. J'ai compris que cela avait un rapport avec mes parents. C'est vrai que mes parents avaient une relation conflictuelle. Ce conflit, je crois qu'ils m'en rendaient responsable. À leurs yeux, je n'étais bonne à rien. J'avais l'impression d'être laide, d'être nulle. De n'être digne ni d'amour ni de respect. Grâce à cette thérapie, je me donne un peu de consistance. Je me remplis. J'arrive à me regarder et à me dire que je suis bonne à quelque chose. Je travaille et je réussis bien dans mon travail. J'élève mes enfants toute seule. J'y arrive, tant bien que mal. Elhamdoulillah. » Recouvrer une dignité, un combat de longue haleine Des associations regroupées au sein du collectif « Stop à la violence, les droits aux femmes maintenant », ont insisté, lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de la célébration de la Journée internationale dédiée à la lutte contre la violence faite aux femmes, sur la nécessité de relancer la proposition de cette loi, en vue de « réduire la tolérance sociale de ce fléau ». Soumia Salhi, membre collectif et présidente de l'Association pour l'émancipation de la femme (AEF), a estimé que « les violences particulières à l'encontre des femmes n'ont pas fait l'objet d'une identification particulière, en dépit des réformes de 2006, qui n'ont pas envisagé la prise en charge des violences faites aux femmes au sein de la famille et dans le couple. Et même si les sanctions contre la violence existent dans le code pénal algérien, elles demeurent dispersées et ne sont pas spécifiques aux femmes à l'exception des viols des mineurs. Ce sont des lacunes que se propose de combler la proposition de cette loi qui se fixe comme impératif la poursuite de la consolidation du système législatif par des textes portant sur la pénalisation de la violence fondée sur le genre » ajoute-t-elle. La commission onusienne de la condition de la femme, en outre, consacrera sa 57e session prévue en mars prochain à l'élimination et la prévention de toutes les formes de violence à l'égard des femmes et jeunes filles. Pierre Perret a «chanté» les femmes battues disant : « Oui c'est à toutes les femmes battues Qui jusqu'a présent se sont tues Frappées à mort par un sale c..., Que je dédie cette chanson. ». On terminera en disant que la femme ne peut être sauvée que par elle-même et non par des lois, même si celles-ci peuvent servir, un tant soit peu de frein à cette violence du «mâle». La violence des hommes envers les femmes a toujours existé. Elle est là. Elle fait partie du quotidien de beaucoup d'entre nous. Mais nous ne la voyons pas. Ou plutôt, nous ne voulons pas la voir, et encore moins l'entendre. Pire encore, beaucoup de personnes considèrent le comportement violent masculin comme « traditionnel », « possessif », ou encore « normal ». Le plus désolant c'est que même des femmes, et elles sont nombreuses, femmes cautionnent ou nient cette violence des hommes. Des associations, qui militent pour les droits des femmes, ont plaidé ce dimanche à Alger pour la promulgation d'une loi cadre sanctionnant les violences faites aux femmes. Le 25 janvier passé, le bureau de l'APN avait déjà approuvé une proposition de loi cadre formulée par 40 députés pénalisant sévèrement toute agression ciblant les femmes. La proposition de cette loi cadre a pour objet de consacrer les dispositions fondamentales en matière de lutte contre les violences : physiques ou morales, faites aux femmes et de prévenir leurs répercussions sur les enfants. En 2011, selon les statistiques de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), 8.000 femmes ont été victimes de violences multiples dont 5.047 cas recensés ayant subi des violences corporelles. Durant la même période, 1.570 femmes ont été victimes de mauvais traitements de la part de leurs ascendants, 273 victimes d'abus sexuels, 24 femmes victimes d'homicides volontaires et 4 cas d'inceste, selon toujours la même source. Histoires d'une violence banalisée Fella, une femme parmi d'autres, a souffert de la violence conjugale. Elle nous raconte son calvaire : « Je suis restée mariée pendant 15 longues années. Au début, tout allait bien. Nous avions une relation très passionnelle. Très fusionnelle. Nous nous sommes mariés très jeunes tous les deux. Nous avons fait nos études ensemble. Mais rapidement, nous avons eu une relation conflictuelle. Mon mari est devenu jaloux, possessif, exclusif. J'ai mis ça sur le compte de cette relation passionnelle. J'avais l'impression d'être plus désirable pour lui. Je m'efforçais d'être toujours d'accord avec lui, pour qu'il soit bien avec moi. Pour qu'il m'aime. Et puis ça s'est aggravé. Un soir, il a commencé à me frapper. Au début, c'était des giffles... que je prenais, encore, pour des marques d'amour. J'étais triste, mais je me disais qu'il me frappait par amour. Et, au fond, ça me rassurait. Nous avons deux garçons. Nous avions des scènes, sans arrêt. Quand les enfants étaient petits, je me disais qu'ils ne se rendaient pas compte. Mais un jour, j'ai vu le visage de mon fils aîné. Terrifié ! Mon mari venait de me frapper. Mon fils l'avait vu. C'est dans le regard de mon enfant que j'ai compris que ce n'était plus possible. Je ne pouvais plus lui imposer le spectacle de cette violence. Ce n'était pas pour moi, mais pour lui. Nous parlions de tout cela avec mon mari. Quand il me frappait, après, il était triste, autant que moi. Il me demandait pardon. Il disait que c'était parce qu'il m'aimait trop. Qu'il ne pouvait pas supporter l'idée que je le quitte. À chaque fois, il me promettait de ne pas recommencer. Et chaque fois, je le croyais. Mais ça recommençait. Evidemment. Il m'a fallu beaucoup de temps pour réussir à partir. J'avais l'impression que jamais je ne pourrais m'en sortir toute seule. Pourtant, j'avais mon travail. Mais j'avais l'impression d'être sur une falaise, et que partir, c'était sauter dans le vide... » Nadjet, elle aussi victime de violence, a eu le courage de quitter son bourreau et de suivre une thérapie, pour pouvoir aller de l'avant. Voici sommairement son histoire, telle que narrée par elle-même : « Pendant des années, il m'a battue. Il a proféré à mon encontre des menaces épouvantables. Le divorce a été terrible. J'avais peur tout le temps. Il a cessé de travailler, Il s'est même mis à boire. C'est devenu une épave. Vraiment. Nous ne nous voyons plus jamais. Pendant longtemps, il n'a même pas revu sa fille. Cela fait peu de temps qu'il la prend chez lui. Mais, il continue à dire des choses horribles sur moi, à sa propre fille. J'ai entamé une thérapie chez un psychologue conseillé par une association. C'est là que j'ai commencé à comprendre ce qui n'allait pas, chez moi aussi, pourquoi j'étais aussi soumise pendant outes ces années. En fait, j'ai compris que je souffrais d'un terrible complexe d'infériorité. Une mauvaise estime de moi. J'ai compris que cela avait un rapport avec mes parents. C'est vrai que mes parents avaient une relation conflictuelle. Ce conflit, je crois qu'ils m'en rendaient responsable. À leurs yeux, je n'étais bonne à rien. J'avais l'impression d'être laide, d'être nulle. De n'être digne ni d'amour ni de respect. Grâce à cette thérapie, je me donne un peu de consistance. Je me remplis. J'arrive à me regarder et à me dire que je suis bonne à quelque chose. Je travaille et je réussis bien dans mon travail. J'élève mes enfants toute seule. J'y arrive, tant bien que mal. Elhamdoulillah. » Recouvrer une dignité, un combat de longue haleine Des associations regroupées au sein du collectif « Stop à la violence, les droits aux femmes maintenant », ont insisté, lors d'une conférence de presse animée à l'occasion de la célébration de la Journée internationale dédiée à la lutte contre la violence faite aux femmes, sur la nécessité de relancer la proposition de cette loi, en vue de « réduire la tolérance sociale de ce fléau ». Soumia Salhi, membre collectif et présidente de l'Association pour l'émancipation de la femme (AEF), a estimé que « les violences particulières à l'encontre des femmes n'ont pas fait l'objet d'une identification particulière, en dépit des réformes de 2006, qui n'ont pas envisagé la prise en charge des violences faites aux femmes au sein de la famille et dans le couple. Et même si les sanctions contre la violence existent dans le code pénal algérien, elles demeurent dispersées et ne sont pas spécifiques aux femmes à l'exception des viols des mineurs. Ce sont des lacunes que se propose de combler la proposition de cette loi qui se fixe comme impératif la poursuite de la consolidation du système législatif par des textes portant sur la pénalisation de la violence fondée sur le genre » ajoute-t-elle. La commission onusienne de la condition de la femme, en outre, consacrera sa 57e session prévue en mars prochain à l'élimination et la prévention de toutes les formes de violence à l'égard des femmes et jeunes filles. Pierre Perret a «chanté» les femmes battues disant : « Oui c'est à toutes les femmes battues Qui jusqu'a présent se sont tues Frappées à mort par un sale c..., Que je dédie cette chanson. ». On terminera en disant que la femme ne peut être sauvée que par elle-même et non par des lois, même si celles-ci peuvent servir, un tant soit peu de frein à cette violence du «mâle».