Il s'agit d'une réédition, mais largement réactualisée d'un livre précédemment paru en 1984. C'est que depuis presque un quart de siècle, les progrès des sciences humaines, notamment de l'anthropologie et de la sociologie, notre connaissance de l'économie et de la religion grecques, rendaient nécessaires une mise à jour. La voici, sous la plume d'une spécialiste reconnue de l'Antiquité grecque et romaine, qui vient, tout récemment encore, de nous donner un Saint Paul. Notre regard sur la place de l'étranger en Grèce s'est modifié. Longtemps ce fut avant tout dans le cadre juridique de la cité, et notamment de celle des Solon, Clisthène ou Périclès, que le problème fut seulement envisagé : nous autres marseillais gardons particulièrement le souvenir de la thèse de Michel Clerc sur les métèques athéniens. On n'en est plus là. Même si la cité reste bien - tout le livre l'atteste - ce cadre de vie si résistant, même à l'époque des vastes royaumes hellénistiques, elle est désormais vue davantage comme "une réalité sociologique" : par delà l'arsenal des réglementations et des lois, par delà les statuts mouvants, différents d'une ville à l'autre, et d'une époque à une autre, c'est désormais au vécu du citoyen et de "l'Autre", au demeurant fort divers (barbare, ennemi, brigand, banni, errant, mercenaire, voyageur, pèlerin, mais aussi souvent étranger domicilié, métèque, souvent indispensable dans la vie de tous les jours, au travail comme à la guerre, etc) que Marie-Françoise Baslez s'est attachée. Et ce, au sein de ces trois grandes périodes "classiques" : l'archaïsme, essentiellement les temps homériques, puis l'âge de la cité, et notamment d'Athènes bien sûr, enfin le monde hellénistique désormais dilaté de la Bactriane à l'Italie et à l'Espagne : divisions que tous les historiens connaissent bien et utilisent toujours. Parcourons rapidement ces trois parties. La première nous conduit "d'Homère à Eschyle" : quand il s'affale, exténué et presque nu, sur la plage où, non sans quelque trouble, va le découvrir Nausicaa (Odyssée, VI), Ulysse est bien le premier de cette longue, très longue lignée ; d'étrangers qui ne vont plus cesser de susciter attirance et inquiétude, méfiance et séduction. À l'aide de textes superbes, tous plus beaux les uns que les autres, que nous fréquentons depuis nos premiers pas en grec (Les Suppliantes, les Perses, Hérodote, Hésiode et Pindare, et quelques-unes des Vies de Plutarque), Marie-Françoise Baslez nous redit ce qu'était l'hospitalité, les voyages et les voyageurs (cf p.51 la carte retraçant les voyages des sculpteurs de Naxos, d'Egine ou de Mégare), et pourtant la rareté des mariages mixtes, plus encore des "naturalisations". Il s'agit d'une réédition, mais largement réactualisée d'un livre précédemment paru en 1984. C'est que depuis presque un quart de siècle, les progrès des sciences humaines, notamment de l'anthropologie et de la sociologie, notre connaissance de l'économie et de la religion grecques, rendaient nécessaires une mise à jour. La voici, sous la plume d'une spécialiste reconnue de l'Antiquité grecque et romaine, qui vient, tout récemment encore, de nous donner un Saint Paul. Notre regard sur la place de l'étranger en Grèce s'est modifié. Longtemps ce fut avant tout dans le cadre juridique de la cité, et notamment de celle des Solon, Clisthène ou Périclès, que le problème fut seulement envisagé : nous autres marseillais gardons particulièrement le souvenir de la thèse de Michel Clerc sur les métèques athéniens. On n'en est plus là. Même si la cité reste bien - tout le livre l'atteste - ce cadre de vie si résistant, même à l'époque des vastes royaumes hellénistiques, elle est désormais vue davantage comme "une réalité sociologique" : par delà l'arsenal des réglementations et des lois, par delà les statuts mouvants, différents d'une ville à l'autre, et d'une époque à une autre, c'est désormais au vécu du citoyen et de "l'Autre", au demeurant fort divers (barbare, ennemi, brigand, banni, errant, mercenaire, voyageur, pèlerin, mais aussi souvent étranger domicilié, métèque, souvent indispensable dans la vie de tous les jours, au travail comme à la guerre, etc) que Marie-Françoise Baslez s'est attachée. Et ce, au sein de ces trois grandes périodes "classiques" : l'archaïsme, essentiellement les temps homériques, puis l'âge de la cité, et notamment d'Athènes bien sûr, enfin le monde hellénistique désormais dilaté de la Bactriane à l'Italie et à l'Espagne : divisions que tous les historiens connaissent bien et utilisent toujours. Parcourons rapidement ces trois parties. La première nous conduit "d'Homère à Eschyle" : quand il s'affale, exténué et presque nu, sur la plage où, non sans quelque trouble, va le découvrir Nausicaa (Odyssée, VI), Ulysse est bien le premier de cette longue, très longue lignée ; d'étrangers qui ne vont plus cesser de susciter attirance et inquiétude, méfiance et séduction. À l'aide de textes superbes, tous plus beaux les uns que les autres, que nous fréquentons depuis nos premiers pas en grec (Les Suppliantes, les Perses, Hérodote, Hésiode et Pindare, et quelques-unes des Vies de Plutarque), Marie-Françoise Baslez nous redit ce qu'était l'hospitalité, les voyages et les voyageurs (cf p.51 la carte retraçant les voyages des sculpteurs de Naxos, d'Egine ou de Mégare), et pourtant la rareté des mariages mixtes, plus encore des "naturalisations".