Posted on 18 novembre 2011 Que pensez-vous qu'aurait fait un journaliste algérien devant un général… Il bûcha, il bûcha toute sa vie. Depuis qu'il mit ses pieds à l'école, sa vie a été une suite interminable de travail laborieux et de sacrifices pour atteindre un but ultime et pour donner un sens à sa future vie d'adulte. Comme tous les enfants de l'Algérie, il voulait réussir dans la vie et si possible trouver le bonheur si rare en Algérie. Chemin faisant, il découvrit une vocation et s'éprit de la langue de Molière. Il était captivé par son esprit cartésien, sa modernité et sa compatibilité avec la science et la raison. Rien de comparable avec la lourdeur des styles et les reliques moyenâgeuses qui affaiblissent la langue de Khawarizmi comme on les trouve dans les journaux d'Echourouk et d'Ennahar. Le français était son choix et sa marotte par ce qu'il répondait à son besoin d'émancipation et de liberté et pour son goût immodéré pour le rationnel. Il était heureux et suivit son instinct. C'est sûr, un jour il serait un grand journaliste ou un écrivain de renom espérait-il secrètement. Alors, il redoubla d'efforts, bûcha de plus belle et raffermit sa plume et renforça sa culture française. Et s'il s'imprégna quelques fois des sources arabes, histoire de ne pas se sentir déconnecté de sa société. Bref, un beau jour, miracle des miracles, il devint journaliste à part entière. Et cerise sur le gâteau, il atterrit chez… le Soir d'Algérie (il faut faire avec les moyens du bord). Mais suprême extase, il obtint l'entretien de sa vie qui va le porter au pinacle de la célébrité. Il eut le privilège d'entretenir un général-major nommé Khaled Nezzar, l'incarnation de la république algérienne qui a su sauvegarder la République (et failli de protéger son président). Pour cette exeptionnnelle occasion, monsieur Mostaghanemi mit tout son talent et fit appel à tout son génie. Le résultat de cette vie palpitante et de cette émancipation est présenté en annexe. Ils ne sont pas nombreux, comme lui à faire, à faire ce parcours élogieux. Rares encore sont les journalistes algériens qui ont la magie de sa plume, qui réussissent un vrai tour de passe-passe : transformer le noir en blanc et le blanc en noir. En lisant l'entretien qu'a accordé l'ex-ministre de la Défense à Hani Mostaghanemi, je n'ai pas pu m'empêcher de béer d'admiration devant la présentation de Khaled Nezzar mise en introduction. L'hommage stupéfiant est en lui-même, une réponse suffisante aux détracteurs du général-major et suffirait à faire taire toutes les mauvaises langues et montrer que toute poursuite judiciaire contre lui est un complot ourdi par les forces du mal. Tout ce qu'a dit Khaled Nezzar par la suite est devenu, comment dire, secondaire… si ce n'est l'actualité qui fait brûler les lèvres de l'ex-homme fort de l'Algérie qui a incarné la république et l'armée… algérienne. Un grand cœur poursuivi en justice… Quelle injustice ! Un journaliste qui dit que Khaled Nezzar est « un hussard au grand cœur » alors que ce dernier a ouvert à deux reprises la boîte de Pandore et en même temps les portes de l'enfer sur l'algérie et des camps de concentration pour compléter sa panoplie de répression, ne peut que nous subjuguer. Car, qui dit grand coeur dit tendresse. Grace à Mostaghanemi, la douceur de Khaled nezzar n'est plus un secret. Mostaghanemi a du talent à revendre; un tel lifting médiatique n'est pas à la portée du premier venu. Si les victimes de la decennie rouge et d'octobre 88 – qui se chiffrent par centaines de milliers – savaient ce que le journaliste sait au sujet de la magnanimité du général, ils auraient volontiers oublié leurs souffrances et leurs plaintes et se seraient résignés à leur triste sort. La brosse de Hani Mostghanmi est le résultat passionnant de toute une vie d'abnégation et de sacrifice. Elle est l'émanation d'un esprit incisive et libre. C'est pour cette raison que le génie de Mostaghanemi n'est pas fréquent dans la presse francophone… Chez sa concubine arabophone, il l'est moins, car conmme il a été signalé au début, la langue arabe n'arrive pas à s'émanciper de la culture d'allégeance à la noblesse, aux marabouts et surtout surtout à tout ce qui représente le sultant, sa bourse et son glaive. Mais ceci est une autre histoire. Enfin, pour le plaisir des lecteurs, l'extraordinaire panégyrique, l'hymne de la vérité et de la justice et révélateur de tendresse de nos généraux, que monsieur Mostaghanemi a créée pour nous, est reproduit ici. Lisez-le si vous ne voulez pas rater la joie de votre vie : « Le Soir d'Algérie 16 novembre 2011 Entretien réalisé par Hani Mostaghanemi Jamais officier algérien à la retraite n'a autant parlé que Khaled Nezzar. Il a si souvent payé de sa personne et pris tant de risques, qu'il ne compte plus les bleus qui marquent son épiderme. C'est un personnage qui passionne et dérange en même temps, qu'on aime ou qu'on déteste sans nuance et qu'on insulte parfois. Au-delà des réactions tranchées que déclenche le simple énoncé de son nom, il reste pour toute une génération, un grand décideur qui a eu le courage de passer à l'acte quand il le fallait. Un décideur qui a été immense par les services qu'il a rendus à l'institution militaire et à la patrie. Son désintérêt pour le pouvoir donne à ses paroles un incontestable accent de sincérité. Parvenu à ces sommets où généralement «les sauveurs du peuple» s'incrustent et sévissent, il a été conséquent avec ses engagements en se retirant de la politique. Il est vrai que la proclamation du 14 Janvier 1992 instituant un Haut Comité d'Etat l'y obligeait par son article 4, «cette mission ne saurait excéder la fin du mandat présidentiel issu des élections de décembre 1988». Mais combien de généraux, de par notre pauvre monde, ont quitté volontairement le pouvoir, une fois qu'ils l'ont conquis ? Même à la retraite, Nezzar demeure décideur de ses actes et de ses paroles, cassant les tabous les mieux assis de l'institution et fournissant des clefs d'accès à ses codes cryptés. Dans un environnement impitoyable qui interprète chaque variation de ton comme une volte-face et chaque propos nuancé comme un reniement passible d'anathèmes, il assume ses amitiés, ses professions de foi et ses «corrections de tirs» avec des accents simples et des toniques qui portent au loin. Polémique, prolixe, se battant au corps à corps, au moment où certains pensent que ses querelles sont indignes de sa stature et dommageables pour son image de marque (affaire Souaïdia), il révèle soudain derrière ces leurres, ces marionnettes, des tireurs de ficelles qui expliquent et justifient sa colère. C'est cela Nezzar, un hussard au grand cœur venu à la politique par défaut quand, au moment de la grande épreuve, ceux qui s'en prévalaient «légitimement » avaient, tous, déclaré forfait.» (sic) Lectures: