Devant la gravité des événements qui secouent le secteur de l'éducation depuis plusieurs années, et suite au récent mouvement de grève qui a paralysé la plupart des établissements, le pouvoir illégitime, fidèle à sa logique du tout sécuritaire, a répondu par l'intimidation et une sauvage répression. Nos enseignantes et nos enseignants, ceux que l'on appelait si fièrement, si tendrement et si respectueusement « Chikh », « Sidi », « Sayidati » ou « Anissati », sont bastonnés, traînés par terre et convoqués dans les commissariats. C'est la réponse du pouvoir aux manifestations pacifiques organisées par la corporation chargée de l'éducation de millions de nos enfants, afin de revendiquer ses droits légitimes pour une vie décente. Les enseignants sont depuis des années la cible privilégiée du pouvoir illégitime, piégés dans la précarité, la misère et l'autoritarisme. Ils n'en peuvent plus de subir et de voir subir les élèves, dans l'Algérie indépendante où on ose parler d'enseignants contractuels payés à 8000 DA ! L'école est devenue le laboratoire de tous les ratages et de tous les dérapages. À coup de décrets et d'injonctions, se côtoient et s'entassent réformes et contre-réformes. De nouveaux programmes ont été imposés sans la moindre concertation, la sixième s'est confondue avec la cinquième année, les filières techniques supprimées du jour au lendemain, les coefficients des matières triturés et pour clore le tout, le week-end à l'envers a débarqué avec ses emplois du temps d'une autre époque. Dans le marasme d'un métier noble qui ne fait plus vivre, seuls ceux qui pratiquent de façon lamentablement mercantile et anti-statutaire (avec le silence complice des responsables et de la tutelle) les fameux cours particuliers, transformés en véritable système d'école parallèle, arrivent à s'en sortir. Mais c'est contre ceux qui veulent continuer à croire et à défendre un métier noble que les pouvoirs publics s'acharnent, s'appuyant évidement d'abord sur la justice, allié inconditionnel de toutes les décisions arbitraires. Ils criminalisent les représentations syndicales autonomes et légitimes des enseignants, continuent à dialoguer avec le syndicat-maison du pouvoir, interdisent les mouvements de grèves, manipulent les associations de parents d'élèves et bien sûr pratiquent le méprisable chantage alimentaire, puisqu'à chaque mouvement, le ministre, avec son dédain et son mépris récurrents, se réjouit de ponctionner des salaires déjà laminés et ridicules. Aux cris des citoyens oubliés par le système, les candidats aux embarcations pour harragas, les damnés de Diar Echems, ceux qui se refusent à l'euphorie ridicule des matchs de foot, le ministre de la police nous avait expliqué qu'il s'agissait surtout et avant tout de voyous et de repris de justice. Mais cette fois-ci, il lui sera un tant soit peu difficile d'étayer cette thèse, à moins que le pouvoir n'ait décidé de criminaliser toute la société. Solidaire du combat que mènent les enseignants pour leur dignité et celle de nos enfants, la Coordination de l'Appel du 19 mars 2009, dénonce énergiquement le mépris avec lequel les revendications légitimes des enseignants sont accueillies, prend à témoin l'opinion nationale et internationale et met en garde contre l'usage systématique de la force et des intimidations face aux grévistes pacifiques. Les dérapages et les conséquences désastreuses qui pourraient en découler incombent aux décideurs. Coordination de l'Appel du 19 mars 2009 [email protected] Alger le 13 novembre 2009 ===============================================================================