Fort du soutien du président de la République, hier, à partir d'Oran, le secrétaire général de l'UGTA a choisi comme préambule à la réunion de la Commission exécutive nationale (CEN) de diffuser sur écran des extraits de discours du Président Bouteflika qui déclarait que seule l'UGTA est reconnue en Algérie comme force syndicale. Contrairement à ce qui était attendu durant cette plénière, Sidi-Saïd n'appellera pas à un 5e mandat. Hier, sa préoccupation principale consistait à faire face et à répondre au mouvement de redressement qui secoue la centrale. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - Visiblement fatigué, d'ailleurs, il dira lui-même qu'il ne peut s'étaler davantage dans son discours en raison de soucis de santé, hier, Sidi-Saïd n'a pas cessé de répéter, parfois à plusieurs reprises, les mêmes idées, les mêmes messages sans les citer mais sans ambiguïté aucune à l'adresse de la fronde interne qui semble prendre de l'ampleur. «Je m'adresse à la direction nationale, ces agitateurs à l'intérieur de l'organisation ne me perturbent pas. Quand il arrive qu'un membre de l'UGTA touche au syndicat...» Soudain, il s'interrompt et s'adresse au ministre du Travail et de l'Emploi qui était présent : «Après ces moments officiels, l'après-midi, les discussions seront houleuses entre nous, mais ça reste à l'intérieur de l'organisation.» Puis, il poursuit son message à l'adresse des redresseurs : «Celui qui veut faire sa révolution à l'extérieur de l'UGTA ne fait que se révolter contre lui-même et celui qui veut nous donner des leçons, qu'il vienne ici nous parler et celui qui veut casser l'Union, je lui dis que l'UGTA est honorable.» Le SG de l'UGTA dit ne pas comprendre qu'on puisse reprocher à l'Union de faire dans l'agitation et qu'au lieu d'être salués pour leur position concernant la paix, ils sont traités de criminels. «Le syndicaliste veille aujourd'hui afin que les travailleurs obtiennent leurs droits à travers la méthode du dialogue et la stabilité sociale, et on nous désigne comme n'étant pas syndicalistes !» A ceux qui veulent rallier davantage de syndicalistes de l'UGTA à la révolte contre Sidi-Saïd, le concerné dira qu'ils sont tombés avec des syndicalistes expérimentés et personne ne vient leur chuchoter à l'oreille pour les pousser au mal. «Les syndicalistes de l'UGTA, personne ne peut les détourner, ni les pousser, ils n'ont peur de personne.» A ceux qui qualifient la centrale syndicale comme étant inactive, le patron de l'UGTA dira que ce «sommeil» n'est pas une fuite en avant, mais de la sagesse, de la solidarité et le respect des institutions de l'Etat. «Ceci n'est pas un sommeil comme ils disent mais une grande responsabilité. Nous n'avons aucun complexe à être les artisans de la paix et de la stabilité sociale parce qu'on connaît le prix que nous avons payé.» Dans une brève parenthèse au sujet du président de la République, Sidi-Saïd dira : «Qui nous a ramené la paix et la stabilité ? Dites-le à voix haute, ne soyez pas gênés, Oui Bouteflika ! Et nous sommes fiers d'aller avec lui et de l'accompagner, de le soutenir.» Et de justifier, une fois de plus, le soutien de l'UGTA au Président : «On ne parle pas au nom du peuple ou bien celui des travailleurs. On leur pose la question sur leur revendication principale, et ils répondent tous, le maintien de la paix.» Une revendication qui ne plaît pas à l'international, dit-il, d'autant plus, ajoute-t-il, que la révolution algérienne est capable de régler ses propres problèmes avec ses propres hommes et femmes. «Nous n'avons pas d'importation de gens qui vont nous donner des leçons pour régler nos problèmes.» Présent à l'ouverture de la réunion de la Commission exécutive nationale (CEN) de l'UGTA, le ministre du Travail et de l'Emploi, tout en saluant le sacrifice des syndicalistes algériens, a rappelé les positions du président de la République concernant la place de l'UGTA qui a contribué à l'édification de l'égalité sociale et des acquis syndicaux. Le ministre a souligné qu'en Algérie, la pluralité et les libertés syndicales sont un fait et se manifestent à travers les 101 organisations syndicales enregistrées officiellement. A l'issue de la cérémonie d'ouverture, le SG de l'UGTA a remis au ministre de l'Emploi, en sa qualité de représentant du gouvernement, la déclaration de la 3e session de la Commission exécutive nationale de l'UGTA. Il y est fait mention que la CEN «assure le président de la République de sa volonté d'appliquer et d'approfondir l'appel de la confortation du dialogue et de la paix». Un soutien franc est affiché à l'adresse de Sidi-Saïd «qui consacre quotidiennement son action à conforter et à consolider la paix et la stabilité». Tout en affirmant que l'UGTA ne s'est jamais écartée des revendications, mais, bien au contraire, elle a abouti à les résoudre par la voie du dialogue, la Commission exécutive nationale appelle les travailleuses et travailleurs et ses cadres syndicalistes à la mobilisation positive et constructive. La réunion s'est poursuivie à huis clos et les tentatives de s'entretenir avec le SG de l'UGTA se sont toutes heurtées à un niet catégorique. «Fatigué et pas disponible», nous dit-on. A. B.