C'est un rapport sans concession, plus tranchant encore que la multitude d'analyses menées par des institutions et organisations internationales qui, elles déjà, relèguent l'Algérie, quand il s'agit de l'évaluation du climat des affaires, à des rangs pas très en adéquation avec les potentialités ou les ambitions des opérateurs économiques algériens. Auteur auparavant d'études et de contributions touchant à beaucoup d'axes de la vie économique du pays, le think tank algérien le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) vient de publier, donc, son rapport sur le climat des affaires en Algérie, rapport qui vient ainsi comme la première œuvre de son Observatoire du climat des affaires (OCA) mis en place en juillet de l'année dernière. Pour les besoins de ce rapport sur le climat des affaires, l'OCA s'est adressé à 250 chefs d'entreprises dont 58% ont daigné répondre à un questionnaire qui s'articule autour de cinq axes : gouvernance et actions de l'Etat, la compétitivité des entreprises, le financement, la fiscalité et la parafiscalité, et enfin le capital humain. Selon les conclusions du rapport, il se trouve que les actions du gouvernement et leur impact sur les entreprises sont jugés très insuffisants par les chefs d'entreprises sondés. En fait, avec la médiocre note de 5,5/20, il est apparu que de l'ensemble des indicateurs fixés, celui relatif à l'action des pouvoirs publics enregistre le plus bas score. «La gouvernance et les actions de l'Etat sont perçues comme faibles. Les décisions discrétionnaires qui ont trait à la gestion économique du pays sont prises sans concertation et par voie de décret, ce qui alimente ce ressentiment de la communauté algérienne des affaires», commentent les rédacteurs du rapport qui, ainsi, rejoignent les constats établis par d'autres études émanant, celles-ci, de plusieurs organismes internationaux depuis quelques années. Sur un autre plan, qui explique d'ailleurs dans une bonne mesure les performances de l'économie nationale, l'indice «fiscalité et parafiscalité» enregistre une note à peine meilleure que le critère «gouvernance et actions de l'Etat». Les experts de l'Observatoire nous apprennent que les chefs d'entreprises interrogés considèrent que la pression fiscale et parafiscale est importante, ce qui explique la note de 6,8/20. Ce ne sont pas les dernières mesures fiscales contenues dans le projet de loi de finances complémentaire, renvoyée par la présidence de la République, qui ont dû redonner le sourire aux chefs d'entreprises. Des cinq critères retenus pour le questionnaire, la compétitivité des entreprises enregistre la meilleure note, et quelle note ! Un 8,5/20 qui traduit «le sentiment d'une compétitivité relative selon les chefs d'entreprises. Cela pourrait aussi être induit par des efforts d'amélioration de la qualité des produits et des services nationaux confrontés à une forte compétition de produits importés depuis plus d'une décennie», est-il noté dans le rapport du Care qui ne note pas mieux le système bancaire et financier auquel sont confrontés les chefs d'entreprises qui estiment, selon la conclusion du rapport, que «l'offre de financement demeure en dessous des attentes (...) traduisant un frein à la croissance et au développement des entreprises». Puis aux experts de conclure, sur cet axe du sondage relatif au financement, que «l'absence de compétitivité dans le secteur financier, avec une dominance des banques publiques et le retard de modernisation du secteur bancaire», expliquent en partie la médiocre note de 7,57/20. Et puis, de l'axe «capital humain», auquel les chefs d'entreprises attribuent un petit 7/20, le rapport révèle que «les compétences et talents recherchés sont très en dessous des attentes des chefs d'entreprises, en qualité et en nombre» avant de remettre en question la capacité des instituts de formation à fournir les ressources humaines qualifiées. C'est donc un sombre tableau que dresse l'Observatoire du climat des affaires institué par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise, rejoignant ainsi les appréciations, entre autres, du rapport annuel Doing Business ou encore de constats émis «localement» comme cela a été le cas en mars dernier à l'ISGP de Bordj-el-Kiffan, lors de «la rencontre des notaires impliqués dans la mise à l'essai du portail électronique de création d'entreprises». Az. Maktour