Cinq ans en tant que joueur, huit comme entraîneur et une avalanche de trophées : aucun club n'a plus compté que l'AC Milan dans la carrière de Carlo Ancelotti. Mais c'est en tant que coach de Naples que «Carletto» va retrouver «son» Milan aujourd'hui lors de la deuxième journée de Serie A. Depuis son retour en Italie, Ancelotti parle autant d'émotion que de tactique. Chaque visage retrouvé, comme lors de la première journée celui d'Andreï Shevchenko, désormais consultant TV, est «une émotion». La plus forte reste sans doute à vivre, en janvier, quand il reviendra affronter le Milan à San Siro. Mais aujourd'hui déjà, au stade San Paolo, quand il dirigera Naples face aux Rossoneri, le moment sera spécial. Ancelotti l'entraîneur a quitté Milan en 2009, le soir du dernier match de Paolo Maldini, 902 rencontres sous le maillot rayé noir et rouge, et qui a intégré cette saison l'équipe dirigeante aux côtés du nouveau directeur sportif Leonardo. Pendant neuf ans, Ancelotti a fait le tour d'Europe — Chelsea, Paris SG, Real Madrid, Bayern Munich — et il a gagné partout, sans jamais affronter Milan en match officiel. En Lombardie, Ancelotti gagnait déjà. Comme joueur, il y a remporté deux titres de champion d'Italie et deux Coupes des Champions. Puis, sur le banc, il a ajouté un autre scudetto et deux nouvelles C1. Frais avec Leo Et ce soir, il retrouvera des hommes qu'il connaît parfaitement. Maldini, donc, qu'il présente selon la Gazzetta dello Sport comme «le seul joueur» qu'il n'aurait «jamais pu sortir de l'équipe». Mais aussi Gennaro Gattuso, qui viendra s'asseoir sur le banc d'à côté et qui a été l'un des piliers de son milieu de terrain de 2001 à 2009. «Du point de vue du caractère, +Rino+ est toujours le même», a déclaré Ancelotti cette semaine à Dazn, nouveau diffuseur de la Serie A. «On le voit bien en regardant jouer son équipe. Attentive, bien organisée, compacte, agressive comme le joueur Gattuso», a-t-il ajouté. De son côté, Gattuso a révélé hier qu'il avait discuté la veille avec son ancien entraîneur. «On se parle souvent. Tout le monde sait que nous avons de bonnes relations et qu'il a toujours été plus qu'un coach pour moi», a-t-il expliqué en conférence de presse. Entre Ancelotti et Leonardo, qui en 2009 lui a succédé comme entraîneur du Milan, les rapports sont plus distants, fruits d'une cohabitation qui a mal fini au PSG. Mais leur retour conjoint en Italie illustre aussi le regain de santé de la Serie A, qui a su attirer deux «gagneurs» reconnus. Le choix d'Ancelotti, pourtant, a surpris. Justement parce qu'il est un homme qui gagne et que Naples est un club aux ambitions difficiles à déchiffrer, qui dans son histoire a connu bien moins de succès que son entraîneur en 20 ans de carrière. Sourcil haussé «Venir à Naples, c'est d'abord lié à ma volonté de revenir en Italie et de parler italien. Et le projet du club m'a convaincu. L'équipe a énormément de qualité. Elle n'a pas atteint la plus haute marche mais elle en a été très proche. J'espère avec mes qualités réussir à l'amener sur cette plus haute marche», a assuré Ancelotti à Dazn, fixant ainsi un objectif clair : le titre, malgré la Juventus et Ronaldo. Dès la première journée, avec une victoire 2-1 à Rome contre la Lazio, le Naples d'Ancelotti a confirmé qu'il n'était «pas là pour coiffer les poupées», selon l'expression de son entraîneur. Après Maurizio Sarri, ses 91 points (record du club) et son jeu de rêve, Ancelotti amène autre chose, une expertise indiscutable, l'expérience des très grands clubs mais aussi ce flegme absolu qui lui permet de se contenter de son fameux haussement de sourcil quand les journalistes locaux l'interrogent sur un calendrier supposé pro-Juve ou des rumeurs de transferts fantaisistes (Benzema, Cavani...). «Je suis content de cette équipe. J'avais juste demandé à De Laurentiis (le président du club, ndlr) de ne pas vendre les meilleurs et ils sont toujours là», a-t-il récemment déclaré. Ce n'est même pas tout à fait vrai, puisque Jorginho a suivi Sarri à Chelsea et que le gardien Reina est parti... au Milan.