Un rapport sur le sensible dossier de la «surfacturation» établi par les douanes devrait être remis au gouvernement incessamment. Durant cette seule année 2018, selon le directeur d'études en charge du cabinet à la Direction générale des douanes, le niveau atteint par ce crime contre l'économie nationale a été évalué à 6,5 milliards de dinars. Hakim Berdjoudj, le haut cadre des douanes qui s'exprimait sur la Chaîne 3, a annoncé la mise en place effective d'un nouveau programme de modernisation de l'institution. Un programme qui comprend plusieurs axes dont le plus important est la conception d'un nouveau système d'information appelé à prendre le relais de celui en fonction, vieux de plus d'une vingtaine d'années maintenant, donc ne répondant plus aux besoins du commerce international, sa fonctionnalité étant restreinte. Depuis mars dernier, les douanes ont donc opté pour un nouveau système, de conception sud-coréenne, qui a fait ses preuves partout et c'est dans cette perspective que les Douanes algériennes ont convenu de signer un accord avec leurs homologues de Corée du Sud pour sa mise en place. Selon le descriptif de M. Hakim Berdjoudj, c'est un nouveau système qui «reprendra toutes les fonctionnalités dont la douane a besoin. Il permettra la facilitation des échanges commerciaux, la dématérialisation des procédures et diminuera du pouvoir discrétionnaire des agents des douanes, donc il limitera le contact entre les agents des douanes, les opérateurs et les auxiliaires». C'est un système qui en est à sa 4e génération au niveau des Douanes coréennes auquel, donc, les Algériens ont accordé leur préférence au lieu de développer en interne le système fonctionnel depuis 1995. Pour ce qui intéresse les opérateurs économiques, ce système d'information permettra de réduire les délais entre la réception et l'enlèvement de la marchandise et, par ricochet, comme le souligne le directeur d'études, les coûts de logistique liés au dédouanement de la marchandise. Et puis, ce qui n'est pas rien dans la remise en ordre du mouvement de marchandises sur le territoire national, ce système offre toute latitude pour la traçabilité. Par ailleurs, pour ce qui concerne les transferts financiers illégaux ou encore le blanchiment d'argent, l'officier supérieur des Douanes algériennes a fait état de la mise en place d'une stratégie avec comme socle la coopération avec les douanes d'autres pays, une vingtaine, dont les Algériens peuvent accéder aux bases de données comme par exemple dans le cas de la surfacturation. A ce titre, la coopération sera renforcée, a assuré l'officier supérieur, avec trois pays «importants» dans les échanges avec le nôtre ; la Turquie, la Chine et les Emirats arabes unis d'où provient un important pourcentage de la marchandise importée. Et puis au directeur d'études en charge du cabinet aux douanes de répliquer sur le délicat sujet de la corruption au sein de la corporation en invitant à «atténuer la question» pour relativiser le phénomène parce que la mauvaise réputation collée à l'institution chez beaucoup «ne concerne qu'une partie de certains postes que nous jugeons sensibles au niveau des douanes». Le nouveau système d'information qui va permettre de dématérialiser les procédures et de diminuer le contact humain, donc atténuer le pouvoir discrétionnaire des agents des douanes, l'amélioration des conditions de travail et de vie des douaniers pour éviter ou diminuer la tentation, tout cela concourt à lutte contre la corruption «qu'il ne faudrait pas voir comme un phénomène qui gangrène les douanes», a tenu à préciser Hakim Berdjoudj dans son plaidoyer faisant état comme d'une mise à niveau des Douanes algériennes grâce notamment au nouveau système d'information mis en place dont la signature de l'accord pour son acquisition a eu lieu hier avec les Sud-Coréens de KCS. Azedine Maktour