Les événements s'accélèrent. Au lendemain de la nomination du gouvernement, Abdelaziz Bouteflika annonce qu'il démissionnera de son poste de président de la République avant le 28 avril mais qu'il prendra d'importantes décisions, au préalable. C'est ce qui est officiellement annoncé dans un communiqué de la présidence de la République, rendu public hier lundi en fin d'après-midi. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - « La nomination du nouveau gouvernement en date du 31 mars 2019 par son excellence M. Abdelaziz Bouteflika , président de la République, sera suivie par d'importantes décisions qu'il prendra , conformément aux dispositions constitutionnelles à l'effet de permettre d'assurer la continuité du fonctionnement des institutions de l'Etat durant la période de transition qui s'ouvrira à la date à laquelle il décidera sa démission .» C'est ce qu'affirme le communiqué de la présidence qui précisera encore, en guise de conclusion que « ladite démission du président de la République interviendra avant le 28 avril 2019, date de la fin de son mandat électif ». Comme nous l'annoncions donc dans nos précédentes éditions, Bouteflika rend publique, pour la première fois, son intention de quitter le pouvoir, en annonçant, en fait, un préavis de démission. Il est question, dans ce communiqué laconique mais combien lourd, « d'importantes décisions » qui seront prises au préalable. Abdelaziz Bouteflika qui n'a jamais conçu le pouvoir qu'absolu, qui n'a jamais eu l'intention de quitter un jour, n'était cette révolution populaire, générale et exceptionnellement massive, durable et qui n'a montré aucun signe d'essoufflement depuis le 22 février, ne va certainement pas accepter d'être débordé de « l'intérieur » à la fin de sa vie ! Désavoué par la rue, lâché par quasiment tous ses soutiens traditionnels, en somme les soutiens classiques dont dispose tout homme fort du moment en Algérie et très affaibli par la maladie, Abdelaziz Bouteflika demeure tout de même légalement le patron jusqu'au 28 avril. Et assurément, il exploitera ces quelques jours restants de son mandat pour prendre une multitude de décisions, certaines même spectaculaires, pour s'offrir une sortie, sinon honorable, du moins peu humiliante ! Des décisions qui concerneront aussi bien les instruments de la transition qui est annoncée dans le communiqué, à savoir ceux prévus par l'article 102 de la Constitution, que les personnels civil et militaire appelés à en assumer l'exécution. Ce n'est pas par hasard que la lutte des clans au sommet a atteint, ces derniers jours, un point égal ou supérieur au fameux été 1998. Depuis samedi dernier, la guerre des clans est même publique entre les deux grands pôles du pouvoir en Algérie : la présidence et l'état-major. Une guerre qui a repris de plus belle après une très brève accalmie qui a suivi la nomination du gouvernement de Noureddine Bedoui. Par médias interposés,via des dossiers relatifs à la corruption, pour le moment ! Et cela commence toujours de cette manière. Il y a, en effet, des signes qui ne trompent pas quant à une exacerbation des tensions, déjà assez vives, entre les clans au sommet, dont le seul point qui semble faire consensus est l'application de l'article 102 de la Constitution… K. A.