Le nouveau chef de l'exécutif de la wilaya de Boumerdès, Yahia Yahyaten, a pris, jeudi, possession de ses fonctions. Lors de la cérémonie de passation des clés du pouvoir entre Yahyaten et son prédécesseur, Mohamed Salamani, l'absence d'un représentant du gouvernement était remarquée. Le rituel décidé par le pouvoir central impose, en effet, la présence d'un ministre pour donner la bénédiction, devant le peuple, au nouvel intronisé. Ce ne fut pas le cas pour le nouveau wali. Or, les ministres intérimaires n'ont pratiquement rien à faire. Cette absence s'explique. Il est certain que l'on craignait, en haut lieu, la réaction virulente de la population qui rejette la présence des ministres sur le terrain. Pour rappel, le partant, Salamani, n'a présidé aux destinées de la wilaya de Boumerdès que 6 mois. Il avait remplacé Abderrahmane Madani Fouatih, lequel, dit-on, a été écarté, sans avoir mis fin à sa fonction dans le décret le concernant, pour n'avoir pas répondu favorablement à des demandes pressantes de la part de gens, amis du frère de l'ex-président de la République. Deux explications circulent au sujet de l'éviction de Salamani du poste de wali. Ce dernier avait, on se souvient, géré les affaires de la wilaya de Annaba, fief d'un certain Tliba et consorts, un puissant clan qui faisait la pluie et le beau temps dans cette ville et dont les frasques et les abus ont causé le décès, par arrêt cardiaque, du wali Mohamed Mounib Sendid. Salamani, qui a succédé à Sendid, a tenté de résister à ce clan. Il a été éjecté. Après sa mutation, Tliba a osé dire publiquement « Je l'ai exilé à Boumerdès .» On peut supputer pour dire que les démons de Annaba l'ont poursuivi à Boumerdès. Seconde explication que nous a fournie une source crédible. Bedoui lui a proposé de faire partie de l'équipe des intérimaires. Il a décliné l'offre. « On lui a fait payer ce refus», précise notre source. En clair, le système opaque qui fait et défait, souvent sans ménagement, les hommes d'exécution sévit toujours. Yahyaten, 50 ans, qui n'a pas de liens de parenté avec la star de la chanson kabyle Akli Yahyaten, entre dans le cercle fermé des walis. Avant sa venue à Boumerdès, il était wali délégué à Touggourt. Il arrive dans un contexte peu ordinaire et à la veille d'évènements qui nécessitent une grande disponibilité (Ramadhan et saison estivale). « Je considère que ce qui se passe actuellement est une caractéristique d'une bonne santé du pays car on est en pleine mutation. Sans doute que cette mutation sera bénéfique. Notre pays a traversé beaucoup de zones de turbulences. Il traversera celle-ci comme il a traversé toutes les autres avec succès. Je compte travailler avec le citoyen lui-même parce qu'en définitive, nous travaillons pour le citoyen. » Ce sont les premiers mots qu'il nous a confiés à l'issue de la cérémonie. Abachi L.