Bien que lors de sa sortie publique, sur la chaîne BeIN Sport France, il a refusé de dévoiler l'esquisse de ce que sera la liste des 23 joueurs pour Egypte-219, Djamel Belmadi semble avoir bouclé sa «réflexion» sur le noyau dur qui formera le groupe qui défendra les chances de l'Algérie de la 32e édition de la CAN. Six semaines nous séparent du démarrage de la première Coupe d'Afrique des nations à 24 nations. Un rendez-vous exceptionnel auquel l'Algérie prendra part avec l'ambition de faire mieux que lors des précédentes éditions. Même s'il ne le dit pas ouvertement, le sélectionneur algérien avoue que son objectif ne diffère pas de celui de ses responsables et, certainement, des fans des Verts. Le titre continental qui fuit le football national depuis 1990 devrait être ce challenge que Djamel Belmadi compte réussir. Et quand ce dernier lâche ses mots, on ne peut que suivre son raisonnement. «On n'a jamais gagné de Coupe d'Afrique en dehors de notre pays, à la dernière CAN, nous sommes sortis au premier tour, notre ambition maintenant c'est de la gagner», a-t-il dit sur les plateaux de la chaîne sportive du Qatar. Sans trop murmurer les moyens qu'il emploiera pour y parvenir, Belmadi citera quelques joueurs qui composeront son équipe de base. D'abord, M'bolhi l'inoxydable portier de la sélection qui pourrait améliorer son record de participation d'un gardien algérien à une phase finale de la CAN (3) et de Coupe du monde (2). L'actuel gardien d'Al-Ettifaq Essaoudi, âgé de 33 ans, revient d'une méchante blessure à la main. Il devrait effectuer son come-back avec son club saoudien lors des deux journées du championnat respectivement face à Al-Hilal (11 mai) et Al-Ahli (16 mai). Suffisant pour retrouver ses sensations perdues depuis voilà deux mois. En tout cas, Belmadi est confiant pour son gardien numéro 1. «M'bolhi est en train de faire le nécessaire pour être prêt pour la CAN», a-t-il précisé. Durant son intervention chez BeIN Sport France, il bottera en touche les «renforts médiatiques» de Houssam Aouar (le milieu de terrain de l'O Lyon) et Andy Delort (le buteur de Montpellier) qui pourront, s'ils le désirent, s'engager avec l'EN algérienne après la CAN-2019. Pas pendant. Pour le reste, Belmadi a évoqué les seuls noms de Youcef Atal et Riyad Mahrez. Certainement en raison de leur situation actuelle en club. Le Niçois est en train de flamber alors que le milieu droit des Citizens continue de faire les frais des choix de Pep Guardiola. Mahrez qui a été à nouveau «zappé» par le technicien espagnol lors de la victoire de City, lundi soir, contre son ancien club de Leicester (1-0), n'a plus joué depuis le match de quart de finale «aller» LDC face à Tottenham (1-0), joué le 9 avril à Londres. Une longue absence qui n'effraie pas pour autant Belmadi qui, dans l'entretien accordé à nos confrères de BeIN, a tenté de positiver le cas de son capitaine d'équipe. «Mahrez est un joueur très important, presque indispensable parfois. Il a démontré toutes les qualités qu'il pouvait avoir et il peut surmonter ce qu'il vit depuis cinq matchs (6 après le match non-joué contre Leicester, ndlr). Il a joué une quarantaine de matchs. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour moi, il va arriver pas trop éreinté. Il est tranquille, il a un long contrat, Pep Guardiola compte sur lui, donc pas de souci», note Belmadi qui, de facto, met fin à toutes les supputations quant à l'éventuelle mise à l'écart de l'enfant de Sarcelles. Pour Atal, aussi, Belmadi a été flatteur. Et même «gêné» par la polyvalence du joueur de l'OGC Nice. «Youcef Atal, c'est presque une valeur sûre à 22 ans. Il s'est vite imposé dans le championnat de France. Ce qui est bluffant c'est sa polyvalence. Arriver à être performant à des postes complètement différents. Il a joué à 4 ou 5 postes, ce qui me pose un petit peu problème...», affirme le sélectionneur des Verts qui pense intimement que l'ancien joueur du Paradou AC et de Courtrai a déjà son ticket en poche pour l'Egypte. Slimani sacrifié, Belfodil repêché ? Hormis ses trois joueurs (M'bolhi, Atal et Mahrez), Belmadi a gardé le silence sur l'ossature qui formera son onze lors du prochain tournoi africain. «Pour dévoiler la liste des 23, il faut que je la connaisse moi-même. Plus sérieusement j'ai une grande idée mais on va attendre jusqu'au bout, parce que je nourris la réflexion sur quelques postes pour être très honnête», a-t-il laissé entendre. Ce qui nous ramène à rappeler ses «réflexions» faites au lendemain de la qualification à cette compétition. Juste après le match réplique face à la Tunisie (1-0) et celui officiel contre la Gambie (1-1), il s'était exprimé sur cette fameuse liste. «Ces deux matchs-là vont me permettre de trancher sur les joueurs qui iront à la CAN-2019. Il y aura bien éventuellement des imprévus, dont il faudrait faire avec. Je vais attendre l'évolution des certains éléments», a-t-il fait savoir. Il citera, pêle-mêle, la situation de deux joueurs-cadres de la sélection. En l'occurrence Islam Slimani et Nabil Bentaleb qui n'avaient plus grâce aux yeux de leurs coaches respectifs à Fenerbahçe et Schalke. A propos du meilleur buteur de la sélection (26 buts en 59 capés), l'ancien driver d'Al-Duhaïl avouera ses regrets, voire sa désolation. «Slimani n'est plus à présenter, je ne peux pas dire qu'il est écarté de la liste pour la CAN-2019. Il risque de ne plus jouer avec son équipe. C'est un gros problème. C'est très important d'avoir une doublure à Bounedjah. J'espère que sa situation va changer, je suis peiné pour lui». Depuis, l'impératif fixé par l'entraîneur national (que Slimani rejoue) est tombé à l'eau et la participation de l'ancien goleador du CR Belouizdad et du Sporting Lisbonne est tout simplement improbable, sinon impossible. D'autant plus que depuis, des solutions de rechange se sont présentées à Belmadi pour accompagner Bounedjah sur le front de l'attaque déjà orpheline d'une autre «ogive», Soudani Hilal, blessé de longue date et dont la convalescence s'achèvera avec la fin de cette saison. En effet, l'attaquant de Hoffenheim, Ishak Belfodil est en train de réaliser une seconde moitié de saison très performante. 3e buteur de la Bundesliga avec 15 réalisations, Belfodil, absent des listes de Belmadi depuis le match perdu par les Verts à Cotonou face au Bénin (3-1) offre une solution supplémentaire au coach national. Ce dernier va devoir trancher rapidement entre Belfodil et Zakariya Naïdji, le buteur de la Ligue 1 Mobilis (19 réalisations en 26 matchs joués), qui a été supervisé sommairement lors du match amical face à la Tunisie, en mars dernier. Qu'en a pensé Belmadi à la suite de cette première de l'avant-centre du Paradou AC ? Bentaleb «pardonné», Ghoulam abandonné ? Il faudrait peut-être attendre la fin des championnats et d'éventuels coups durs pour le savoir. Sinon que le choix de Belmadi a été déjà fait suivant d'autres critères liés à ses choix tactiques auxquels ni Belfodil ni Naïdji ne pourraient répondre. Pour Bentaleb, en conflit avec ses entraîneurs à Schalke, le problème est différent. Absent des effectifs choisis par Belmadi depuis le match contre le Togo, lui qui avait disputé les trois premiers matchs depuis l'entame de l'aventure sous les ordres de Belmadi, devrait bénéficier de certains facteurs «favorables». Ceux liés notamment aux blessures de Mehdi Abeid et de Victor Lakhal mais également l'inexpérience d'autres jeunes et talentueux footballeurs comme Hicham Boudaoui. Si la présence à la CAN-2019 ne devrait pas faire l'ombre d'un doute, celle de Fawzi Ghoulam est assujettie à de nombreuses équations. Absents des terrains depuis novembre 2017, suite à une grave blessure en LDC face à Manchester City, le latéral gauche de Naples a repris difficilement le chemin des terrains. Certes, il enchaîne les titularisations ses dernières semaines en livrant des parties honnêtes et délivrant de nombreuses passes décisives, Ghoulam a d'autres obstacles que sa forme actuelle et son temps de jeu. La concurrence qui a éclaté dans le couloir gauche, avec l'émergence de Mohamed Farès, la confirmation de Ramy Bensebaïni et la polyvalence de Youcef Atal, ainsi que les réaménagements apportés par Belmadi sur la manière de défendre des Verts, pourraient constituer un sérieux frein pour que Ghoulam honore une quatrième CAN de cordée (en 2013, il a suivi le tournoi sud-africain depuis le banc de touche, Halilhodzic ne l'ayant aligné à aucune rencontre du premier tour). Triste destinée pour celui qui voulait rattraper sa bourde qui a coûté la défaite de l'Algérie face à la Tunisie lors de la CAN du Gabon en 2017. Pour le reste, tout indique que Belmadi suit son instinct en conservant le groupe de base qu'il a utilisé lors des 5 matchs (dont 1 avec l'EN A' contre le Qatar) qu'il a passés à la barre technique des Verts. Avec bien entendu des «surprises» quant à certains noms qui devront être portés sur la liste élargie attendue avant le stage qui commencera le 27 mai prochain. M. B.