Ni candidat du pouvoir ni d'une quelconque partie. Du revers de la main, Abdelmadjid Tebboune balaye tous les reproches qui lui sont faits. Sans complexe, il assume son parcours de commis de l'Etat. Candidat à la candidature pour la magistrature suprême, il nie toute proximité avec le régime, affirmant n'être lié qu'aux structures de l'Etat et non aux personnes. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Discours décomplexé et passé assumé, Abdelmadjid Tebboune se place comme le candidat de «tous» qui n'a reçu la bénédiction d'aucune frange du pouvoir. Il a décidé d'être candidat alors que la rue ne jure que par le changement. Sa recette ? Il dit tout assumer et ne rien regretter. Face à un parterre de journalistes, il a retracé son parcours, hier mardi, au siège de sa permanence électorale à Alger, affirmant avoir été au service de l'Etat algérien 50 ans durant, sans être, d'une manière ou d'une autre, lié à une personne en particulier. «L'Etat est une structure», assure Tebboune qui ajoute avoir toujours «servi le petit peuple» et n'avoir aucun regret. Sa proximité avec Bouteflika ? «Aucune !», répond-il sauf celle liée aux obligations imposées par les fonctions qu'il a eu à assumer. Pour apporter la preuve qu'il n'avait pas été un proche parmi les proches, il raconte qu'au palais du Gouvernement, sont accrochées les photos de tous les chefs de gouvernement qui se sont succédé sauf la sienne. Il ajoute que son nom avait été définitivement rayé de la liste des personnalités devant assister aux festivités du 1er Novembre et du 5 Juillet. Mieux encore, il confie que 48 heures après sa nomination, des cercles avaient déjà commencé à travailler pour son départ, alors que, pour d'autres, il n'était qu'une « erreur de casting». Revenant sur son limogeage, il évoque l'épisode de sa visite en France pendant la période de son congé en août 2017. Il ne s'agissait, dit-il, ni d'une visite clandestine, ni d'une affaire privée mais bel et bien d'une rencontre avec son homologue français, dans un cadre informel. La présidence avait, dit-il, non seulement donné son aval pour cette rencontre mais également reçu un compte-rendu détaillé du contenu des discussions. L'épisode Haddad ? Rien de personnel, dit-il, avec le patron du FCE, mais une volonté réelle de séparer la politique de l'argent. Après avoir demandé que Haddad quitte la salle de réunions où il se trouvait, dit-il, de hauts responsables dont des syndicalistes, se sont réunis à Marseille pour orchestrer une campagne visant à le déstabiliser et à le pousser vers la porte. Pourquoi se porte-t-il candidat ? «Pour répondre à de nombreuses sollicitations», dit-il, et avec la promesse de bâtir une «nouvelle République » réformée. Tebboune se dit confiant en ce qui concerne le déroulement des élections, affirmant que l'installation de l'instance indépendante est en soi «une révolution de l'Algérie indépendante» et ajoutant que la rue réclamait, depuis des mois, que la parole soit resituée au peuple et que la meilleure manière de le faire reste les urnes. L'incarcération de dizaines de jeunes, ayant commis pour seul crime que de manifester leur ras-le-bol ne constitue-t-elle pas une entrave à l'instauration d'un climat propice ? Pas de commentaires, assure Tebboune lorsqu'il s'agit de la justice. Que pense-t-il du Hirak ? «Une bénédiction», dit-il, qui a permis aux Algériens de retrouver leur fierté et d'apporter de nouveau du crédit au pays. Un pays pour lequel il promet un départ «sur de nouvelles bases «et dont la colonne vertébrale sera la compétence» et «non pas l'allégeance» et avec des contre-pouvoirs, sans oublier le volet économique qui nécessitera, dit-il, des changements radicaux. Avant de mettre à exécution son programme, il faudra à Tebboune convaincre. N. I.