Au terme de la réunion de la Commission interministérielle des fetwas, le ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmehdi, a rendu publique dimanche soir une série de mesures de prévention contre la propagation du coronavirus dans les mosquées. Il a appelé principalement les imams à alléger les prières et à les accomplir immédiatement après l'adhan, à fermer immédiatement les portes des lieux de culte, à raccourcir au maximum les prêches du vendredi, et à ne pas autoriser les vieux, les enfants et les femmes à se rendre dans les mosquées. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Hier lundi, au niveau de toutes les mosquées d'Alger, l'ensemble de ces recommandations ont été reprises par les imams avant l'accomplissement des prières. A l'occasion, ils ont insisté sur l'importance de l'application de ces mesures préventives contre la propagation du coronavirus et sur « le comportement responsable » dans les mosquées. Autant dire que les mesures annoncées par le ministre des Affaires religieuses ont été concrétisées à la lettre , à partir d'hier lundi, puisque les prières ont été accomplies juste après l'adhan, et le temps accordé à la lecture des versets a été écourté, les portes des mosquées ont été vite fermées à la fin des prières. S'agissant de la prière du vendredi, les imams ont avisé les fidèles que le temps imparti aux prêches sera réduit, mais ont aussi insisté sur la vulnérabilité des personnes à la propagation du virus, parlant des personnes présentant des symptômes de grippes auxquelles ils se sont adressé clairement, les priant de s'abstenir de fréquenter les mosquées. Le même message concerne les personnes âgées, les enfants et les femmes. L'imam de la mosquée El-Mouminine de Belouizdad a dit, hier dans son appel avant la prière du dhor qu'« il n'est pas recommandé aux vieux, aux enfants et aux femmes de pénétrer la mosquée ». A ce sujet, Ahmed, un septuagénaire, visiblement fatigué, rencontré au sortir de la prière, laquelle, il faut le dire, ne s'apparente d'ailleurs pas à celles des autres jours, se dirigeait vers la porte de sortie sans attendre un moment. Le message est vite passé, tel est le constat qui saute aux yeux. Notre interlocuteur témoigne de son entière adhésion à l'appel de l'imam, tant « qu'il s'agit de ma santé et celle des autres », nous dira-t-il. Autant dire aussi que le message de l'imam d'avant l'entame de la prière a bénéficié de l'adhésion générale. Hadj Amar, un habitué de la mosquée El-Mouminine, résidant non loin, nous avoue que, d'habitude, il arrive à la mosquée bien avant l'appel du muezzin, et n'en sort que bien plus tard après la prière. « Je trouve que les paroles de l'imam sont convaincantes », avoue-t-il. Et de poursuivre : « Le message que nous venons d'écouter arrive à point nommé, puisqu'il nous définit le comportement à adopter face au mal du coronavirus .» Du côté de la mosquée Errahma, à Alger-Centre, les impressions des fidèles au sortir de la prière d'el asr sont identiques. C'est une impression de soulagement qui se dégage après l'écoute de l'appel de l'imam. Mais ce qui mérite d'être signalé, c'est la concrétisation de ces recommandations dès le premier jour. C'est ce que tente de nous expliquer le jeune Farid, la trentaine, qui dit apprécier le comportement des fidèles qui , dès la fin de la prière, se sont dirigés tout droit vers la porte de sortie, contrairement aux jours précédents. « C'est de bon augure », ajoute-t-il, se montrant rassuré de l'adhésion de l'ensemble des personnes aux directives de l'imam. Ce même optimisme est remarqué chez l'imam lui-même, qui se dit ne pas douter de la réaction positive des fidèles, appelés à se comporter d'une façon responsable face au problème de santé publique qui sévit ces jours-ci dans la société. « Je n'ai aucun doute à ce sujet, poursuit-il, puisque toutes les recommandations ne visent que le bien de la population des mosquées ». Non loin, Si Larbi, un sexagénaire, se montre visiblement satisfait. « On nous appelle à contribuer pour le bien de la société et c'est à cela qu'appelle l'Islam », s'exprime-t-il, se montrant fier d'appliquer à la lettre les recommandations de l'imam. Plus explicitement, il dira que « si l'imam interdit aux vieux, aux malades et aux enfants l'accès à la mosquée, c'est pour leur bien ». Pour l'heure, si les premières recommandations à adopter un comportement exemplaire face à la propagation du coronavirus ont été appliquées, les fidèles des mosquées semblent préparés à respecter les consignes relatives à la prière hebdomadaire du vendredi. A. B.