La célébration de la fête de l'Aïd-el-Fitr avait été particulière, celle de l'Aïd-el-Adha risque de l'être davantage. La situation épidémiologique caractérisée par une flambée des contaminations au Covid-19 va imposer la prise de décisions inédites. Si aucune n'a pour le moment été annoncée, la réflexion est bel et bien ouverte. Plusieurs pistes sont à l'étude, mais une certitude : le rituel du sacrifice ne pourra certainement pas être pratiqué comme de tradition dans les quartiers. Nawal Imés- Alger (Le Soir)- A moins d'un mois de la célébration de l'Aïd-el-Adha , les incertitudes autour de sa possible célébration se transforment en quasi certitudes. La situation épidémiologique prévalant depuis quelques semaines a fini par emporter les espoirs de ceux qui se voyaient déjà égorgeant le mouton comme le veut la tradition. Depuis quelques jours déjà, la question préoccupe autant les autorités sanitaires que ceux devant émettre un avis religieux sur la pratique du sacrifice du mouton. Pour plusieurs membres du comité scientifique chargé du suivi du Covid-19, le débat est tranché : la cérémonie du sacrifice du mouton telle que pratiquée chaque année est de l'ordre de l'impossible, même si la décision finale ne revient pas au dit comité. Les raisons ? Elle donne lieu à d'inévitables regroupements au cours desquels le respect de la distanciation physique est quasi impossible. Difficile en effet de s'entraider sans qu'il y ait de contacts entre voisins. Pour l'Aïd el-Fitr, les autorités sanitaires avaient préconisé un confinement total, deux jours durant pour éviter les déplacements et les visites familiales. Pour l'Aïd-el-Adha , ces mesures s'avéreront insuffisantes puisqu'il s'agira de limiter les contacts au sein d'un même quartier ou de cités. Pour le Dr Bekkat Berkani, membre du comité scientifique ,la question qui se pose est «est ce que les préparatifs peuvent se faire dans le respect de la distanciation physique ? Est-ce que les gens vont pouvoir acheter leurs moutons de manière ordonnée ? La réponse est non». Partant de ce principe, il estime que sur un plan purement épidémiologique, il n'est pas possible dans cette situation d'organiser la vente du mouton, considérant que «les marchés aux bestiaux sont de véritables foyers de transmission du virus». Il tient néanmoins à préciser que le comité scientifique a pour vocation d'émettre des avis sur la situation sanitaire, à charge aux autorités religieuses de se prononcer. Que comptent faire ces dernières ? Pour le moment, le comité chargé d'émettre des fetwas n'a encore émis aucune recommandation. Une source du ministère des Affaires religieuses assure que la réflexion est en cours pour arrêter une position. Le sujet est jugé «délicat». L'association des Oulémas musulmans semble moins frileuse à ce sujet. Elle aura à se positionner publiquement sur le sujet, mais on sait d'ores et déjà qu'elle n'hésitera pas à appuyer les décisions des pouvoirs publics au regard du danger réel que constitueraient les regroupements au cours de l'Aïd-el-Adha. Plusieurs scénarios sont envisageables à ce stade. Deux tendances s'affrontent pour le moment. La première consistant à tout simplement interdire le sacrifice du mouton. Une autre, plus conciliante et qui préconiserait plutôt d'imposer pour le sacrifice de l'Aïd des mesures visant à obliger les personnes ayant fait le choix de sacrifier le mouton, soit de le faire à l'intérieur des domiciles soit au niveau des abattoirs, où des mesures seront mises en place. L'évolution de la situation épidémiologique dans les deux semaines à venir sera décisive pour la prise de décision. N. I.