Le Président Tebboune semble être particulièrement agacé par cette multiplication, anormalement accélérée depuis quelques semaines, de problèmes, de défaillances qui empoisonnent la vie du citoyen et, in fine, porte un sacré coup à la crédibilité de l'Etat. Après les problèmes des liquidités, des feux de forêt, des primes spéciales qui n'arrivent jamais à leurs destinataires, voilà, par exemple, que durant plusieurs jours, le réseau internet est venu se joindre à ce cortège de points noirs ! Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tebboune avait eu à dénoncer, personnellement et publiquement, il y a quelques jours, une sorte de vaste entreprise de déstabilisation qui cible le pays, avec des ramifications internes et externes. Hier encore, c'est à travers le communiqué du Conseil des ministres, tenu le jour même, que la colère présidentielle a transparu avec, notamment, des décisions et des instructions fermes à l'endroit de certains ministres. Une instruction, en particulier, illustre le mieux cet état d'esprit et la détermination à en finir, au plus vite, avec ce type de problèmes censé appartenir à un autre temps : « Monsieur le Président de la République a accordé au ministre des Ressources en eau un délai d'une semaine pour trouver une solution définitive aux problèmes de déperditions et de coupures d'eau », lit-on, en effet, dans le communiqué de la présidence. Tebboune interpellera également un autre ministre, celui de la Poste, des Télécommunications, des Technologies de l'information et du Numérique auquel il ordonne de « trouver une solution définitive au problème de la lenteur du flux internet et de déterminer les facteurs d'entrave, même s'il est nécessaire de transmettre le dossier au Conseil des ministres, car le flux internet est une condition essentielle pour la numérisation et les statistiques ». Lequel ministre est également sommé de, selon toujours le communiqué de la présidence, « de mettre fin immédiatement au problème de flux internet et de présenter un rapport détaillé à ce sujet ». Dans le même ordre d'idées, Tebboune interpelle l'ensemble de l'exécutif pour accélérer, sans délai, la numérisation de l'ensemble des secteurs, prioritairement ceux des finances, du commerce, des transports, en vue de mettre fin, ou du moins les circonscrire, aux fléaux de la bureaucratie et de la corruption. Il est, en effet, inconcevable que des secteurs comme les impôts, le commerce extérieur ou encore les douanes ne le soient pas encore ou tout à fait. Dans sa vision économique pour le pays, le locataire d'El-Mouradia veut mettre les statistiques au cœur du dispositif et il l'a répété de façon ferme, hier, en Conseil des ministres. Il est ainsi ordonné au gouvernement « l'utilisation de la digitalisation dans le recensement de la richesse nationale pour connaître nos capacités et nos besoins car les statistiques actuelles ne sont pas toujours précises, en plus la digitalisation et les statistiques sont la base et le centre de l'intérêt du gouvernement pour construire toute stratégie efficace et un outil pour faciliter son travail ». De même que le ministre en charge des Statistiques sera, à l'occasion, chargé de « veiller à la nécessité d'une révolution dans l'établissement des statistiques précises et vraies qui permet d'incarner la nouvelle approche économique et sociale, loin des voies classiques, et de fermer la porte devant toutes les formes d'exploitation politique et d'abus de l'opinion publique ». Sur un tout autre plan, Tebboune annonce, à l'occasion de ce Conseil des ministres, une vraie révolution dans un secteur tout aussi névralgique, celui des transports. Ainsi, il sera question, selon le communiqué de la présidence, d'une « révision du système de transport sous toutes ses formes terrestres, maritimes et aériennes en tenant compte de la rentabilité et de la qualité des services ». Et d'une «réévaluation des dossiers du secteur des transports un par un, terrestre, maritime et aérien au Conseil des ministres, à partir de la prochaine réunion ». Tout sera revu, s'agissant de ce secteur, et le patron d'El-Mouradia annoncera même la création d'une deuxième compagnie aérienne, le renforcement de la flotte maritime nationale, l'accélération du processus de réalisation du méga-port de Hamdania, une autre révolution pour le secteur des transports ferroviaires en particulier, notamment. Et pour mener à bien ce train de réformes économiques d'ensemble, Tebboune a chargé le Premier ministre de suivre, en permanence, l'état d'avancement des recommandations de la Conférence sur la relance économique, avec un premier bilan détaillé à présenter dans un mois en Conseil des ministres. K. A.