L'amélioration du modèle de santé algérien est aujourd'hui plus que jamais au cœur des débats. Mais pour y parvenir concrètement, des transformations doivent préalablement s'opérer au niveau local. L'objectif étant de préserver et de généraliser certains acquis précieux des citoyens sur le plan sanitaire à l'image de l'égalité sociale en matière d'accès aux soins. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Invité à s'exprimer sur cette question, le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef du service de cardiologie de l'hôpital Nafissa-Hamoud, à Alger, suggère qu'au lieu de s'attarder à élaborer un programme « long et interminable », il serait plus judicieux de se pencher sur « la réorganisation de la chaîne de soins ». S'exprimant, hier mardi, sur les ondes de la Radio Chaîne 3, il a expliqué que cette restructuration se fera par étapes, c'est-à-dire « réorganiser les hôpitaux et revoir la couverture sanitaire des citoyens ». Le professeur Nibouche plaide pour « une répartition équitable des hôpitaux au niveau régional », à travers la mise en place d'un système de soins par wilaya, « qui englobera toutes les spécialités et qui, par conséquent, facilitera la prise en charge des malades », a-t-il soutenu. D'après lui, ce n'est qu'en appliquant cette méthode que le système de santé algérien parviendra à « éliminer les disparités régionales qui existent aujourd'hui ». Sur quel modèle de soins s'appuyer pour réussir à assurer cette équité, notamment en ce qui concerne la prise en charge des pathologies lourdes ? Djamel Eddine Nibouche répondra qu'il faut, là encore, «remettre de l'ordre dans la chaîne de soins qui est actuellement désorganisée». Il trouve anormal qu'il n'y ait pas de dispositifs ou de structures dispensant des soins de base à proximité de chaque quartier et dans chaque région. «Si une personne a un malaise, elle ne sait pas où se diriger, donc elle va aller aux urgences qui sont déjà submergées», fait-il remarquer. Il suggère, par ailleurs, que le médecin généraliste doit à tout prix être intégré dans cette chaîne afin de fluidifier la prise en charge des malades. C'est à travers des changements de cet ordre qu'un modèle de santé complet sera progressivement élaboré, dit-il. Insistant sur l'aspect du droit à la santé, le professeur rappelle que ce volet fondamental est « un principe contenu dans le projet de nouvelle Constitution sur lequel les électeurs se prononceront le 1er novembre prochain ». Pour étayer son propos, il cite l'article 27 consacré au service public, qui stipule clairement qu'un accès « égal et non discriminatoire est garanti à tous les nationaux ». Dans le même registre, le professeur Nibouche souligne que l'Etat doit veiller à garantir une sécurité sanitaire pour tous les citoyens. Cette aspect est capital, dit-il, car « il assure la protection de la population contre un risque immédiat ou lointain ». Et sa complexité réside dans le fait que ses risques sont multiples, ajoute-t-il. Le praticien conviendra, néanmoins, qu'en matière de prévention, «l'Algérie a accusé un retard assez important ». Il salue, dans ce sens, la création récente de l'Agence de sécurité sanitaire, qui contribuera sans doute « à rattraper cet atermoiement ». Le professeur Djamel Eddine Nibouche tient, cependant, à rappeler que depuis l'indépendance, l'Algérie a réussi à obtenir des résultats encourageants sur le plan sanitaire. Preuve en est : « Nous avons réussi à éradiquer certaines maladies épidémiques », a-t-il signalé, en relevant que l'Algérie a « amélioré progressivement son calendrier vaccinal ». La récente résurgence de certaines infections telles que le paludisme est entraînée par des cas importés, insiste-t-il. Un état de fait qui appelle à la nécessité, aujourd'hui, de se concentrer sur la mise au point d'une veille sanitaire efficiente. M. Z.