Le conseiller en charge des archives nationales et de la mémoire nationale auprès du président de la République, Abdelmadjid Chikhi, a appelé, hier, la France à restituer à l'Algérie les archives et le patrimoine qui ont été pris pendant les 132 ans de la colonisation. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - «Tout ce qui a été pris à l'Algérie doit être repris», a réclamé M. Chikhi, invité par la Chaîne 3 de la Radio nationale. Abdelmadjid Chikhi est désigné par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, chargé des questions de la mémoire avec la France où le président Macron a chargé l'historien Benjamin Stora de traiter du même dossier. Chikhi affirme que le travail avec Stora n'a pas avancé à cause de la crise sanitaire. Il pense qu'il y a une volonté des autorités officielles françaises pour aller de l'avant tout en dénonçant la résistance de certains milieux. Pour lui, la restitution au pays de tout ce qui lui avait été pris est «un devoir sacré». «Tout ce qui a été pris à l'Algérie doit être repris. Dans cela, il y a un devoir sacré et légal parce que toutes les guerres qui se sont produites sur terre, se sont terminées toujours par la restitution de ce qui a été pris. Ce qui a été pris, non seulement les archives nationales, mais aussi tout le patrimoine qui a été transféré à droite et à gauche et ce patrimoine a été galvaudé à travers le monde et non seulement en France, l'Algérie a été dilapidée pendant 132 ans», a-t-il lancé. L'ancien directeur du Centre national des archives soutient qu'il est maintenant temps que l'Algérie «retrouve son passé, essaye de le comprendre et de l'étudier de la façon la plus objective et dire la vérité au peuple algérien sur tout ce qui s'est passé». Mais il trouve qu'il y a des résistances en France qui font que le dossier traîne. «Nous avons constaté que ça traîne, il y a des difficultés. Je pense que la résistance est de l'autre côté. Elle est viscérale parce qu'il y a tellement de choses à cacher et tellement de choses à vouloir garder. C'est un patrimoine qui est aussi fructifié. Il y a résistance, tout le monde le constate en France et en Algérie. Nous sommes victimes de ces résistances, nous essayons de les relever», a-t-il souligné. Ces résistances semblent ne pas être partagées par les autorités officielles chez lesquelles M. Chikhi décèle «une certaine volonté» qui pourrait, à ses yeux, «peut-être aboutir à des résultats plus heureux». Concernant le travail avec son homologue Benjamin Stora, Abdelmadjid Chikhi a expliqué que les choses n'ont pas avancé en raison de la crise sanitaire provoquée par la Covid-19. «Je pense que Benjamin Stora est dans une disposition d'esprit qui pourrait aider à faciliter le dialogue. Il m'avait promis de reprendre contact dès qu'il aurait déposé son rapport auprès du président français. Ça n'a pas été fait, et j'étais informé que ce rapport a été effectivement déposé auprès du président français (information qui reste à confirmer, a-t-il précisé) et ça devrait commencer incessamment», a-t-il dit. Et de poursuivre qu'il a déjà discuté avec Stora, précisant qu'ils n'ont pas encore abordé le fond de la mission dont ils sont chargés par les deux chefs d'Etat. «Il faut qu'on avance pour établir des relations équilibrées. L'Algérie doit établir des rapports sains avec son entourage immédiat et international. Si nous voulons avancer avec notre partenaire français, nous devons l'affronter. Il nous faut du courage, de la patience et être un peu conciliant. Je ne dis pas que l'histoire doit être bafouée ou truquée, nous avons le devoir de dire la vérité aux Agériens. Nous avons l'obligation de travailler à apaiser (les relations», a-t-il plaidé. Il a appelé les Français à se mettre à la table «de la façon la plus sérieuse, la plus objective et la plus franche». «Nous avons un patrimoine qui est chez eux, nous devons le récupérer. Nous avons des rapports à rétablir et qui doivent être dans l'intérêt des deux peuples», a-t-il dit, ajoutant que «les Algériens attendent qu'il y ait reconnaissance pleine et entière de la France quant à sa responsabilité dans ce qui s'est passé dans le pays pendant la colonisation». «C'est une demande tout à fait légitime», a-t-il soutenu. K. A.