Les Pays-Bas de Frank de Boer, le sélectionneur qui avait opté contre vents et marées pour un système de jeu sans ailier, sont tombés de haut dimanche face à la République tchèque (2-0). L'échec est cuisant au pays du 4-3-3. Depuis le début de l'Euro, que les «Oranje» avaient entamé avec de légitimes ambitions, le débat sur le système de jeu a pourri le parcours du capitaine Georginio Wijnaldum et de ses équipiers. «C'était un jour sans. Nous avons oublié de nous créer des occasions», a réagi le futur parisien dès la fin de la rencontre. «Or, se créer des occasions, en foot, c'est la base». Des propos confirmés par le magazine spécialisé Voetbal International qui n'a accordé la moyenne de 5/10 à aucun joueur, infligeant même un 3 à De Boer. Les lendemains risquent d'être compliqués pour l'ancien coach à succès de l'Ajax (quatre titres de champion en Eredivisie entre 2011 et 2014) mais aussi de l'Inter Milan, de Crystal Palace et d'Atlanta (MLS), où il n'a jamais convaincu. Car malgré une phase de poules convaincante, les Oranje disposés en 5-3-2 plutôt qu'en 4-3-3 n'ont jamais échappé à la critique. Même le frère jumeau de Frank de Boer, Ronald, avait ciblé le frangin en estimant que «Johan Cruyff doit se retourner dans sa tombe». Un chroniqueur influent aux Pays-Bas allant jusqu'à estimer que la tactique prônée par De Boer était «un viol du football néerlandais». «La préparation a été difficile car nous avons été beaucoup critiqués à propos de notre système de jeu», a expliqué Wijnaldum. «Puis le groupe a grandi durant la phase des poules avec ce carton plein de neuf points (victoires face à l'Ukraine, l'Autriche et la Macédoine du Nord, ndlr). La tendance est devenue positive», a-t-il rappelé. De Boer vers la sortie ? Mais ces rencontres face à des nations dites modestes ont peut-être été «l'arbre qui a caché la forêt», selon l'analyste et ex-international néerlandais Wim van Hanegem. Symbole de cette déroute: Memphis Depay. Brillant en phase de poules (deux buts et une influence majeure sur le jeu), le nouveau joueur du FC Barcelone est passé à côté de son match face aux Tchèques. Vingt-cinq ballons perdus en 90 minutes, alors que les Pays-Bas n'ont pas cadré un seul tir durant ce huitième de finale : le (bientôt) Barcelonais est passé à côté de son match. Et quid du sélectionneur Frank de Boer ? Dans un éditorial, Voetbal International écrivait dès la fin du match «De Boer ne sait même pas analyser ce qui n'a pas fonctionné». Le sélectionneur est clairement sous pression. Sa nomination, comme successeur de Ronald Koeman en septembre 2020, avait fait couler beaucoup d'encre. Tout n'est pourtant pas à jeter aux Pays-Bas. De nombreux joueurs évoluent à des postes clés dans les meilleurs clubs du monde. De Ligt (Juventus), De Vrij (Inter), De Jong et Depay (Barcelone), Wijnaldum (PSG) constitueront l'épine dorsale des Pays-Bas au Mondial-2022. Avec ou sans De Boer, sous contrat jusqu'en 2022? Pour le quotidien Algemeen Dagblad, «il y a de quoi hésiter...» De Boer lui-même s'interroge, en s'estimant «responsable» de l'élimination précoce. Même s'il reste offensif : «Ce groupe est très fort et peut réussir de grandes choses. Je vais d'abord avaler cette pilule amère et on verra ensuite ce qu'il se passera.»