Battre par deux fois le record national d'une épreuve aussi difficile que le triple saut et dans un concours aussi relevé, relève de la haute voltige...Sans complexe aucun et devant des adversaires beaucoup mieux préparés, notre jeune sauteur Triki Mohamed Yasser a frôlé l'exploit en ratant de seulement 4 cm la médaille de bronze du concours du triple saut des Jeux olympiques de Tokyo 2020. Il aurait rejoint pour la prospérité, ses compatriotes de la famille des sauts Athmane Belfaa médaillé de bronze des Championnats du monde en salle de Bercy-Paris (France) en 1985 et notre «homme volant» comme titré à l'époque, Abderrahmane Hammad aussi médaillé de bronze des Jeux olympiques de Sidney en 2000. Si ces derniers ont excellé dans la spécialité du saut en hauteur, l'enfant de la commune de Ibn'Ziad dans la wilaya de Constantine a rayonné depuis fort longtemps dans les sauts horizontaux, puisqu'il domine de la tête et des épaules le triple saut et le saut en longueur, spécialités qu'il affectionne depuis ses tous débuts dans la pratique de l'athlétisme. Son parcours est digne d'intérêt et les objectifs fixés tout au long de sa courte carrière, il âgé de 24 ans, par son encadreur Azzedine Talhi ne souffrent d'aucune imperfection. En voilà les teneurs depuis quelques saisons sportives : En se classant 5e du concours du triple saut des JO et à seulement 4 cm du podium, la troisième place (médaille de bronze) étant revenue au Burkinabé Zango Huges Fabrice (17.47 m) qui offre ainsi la première médaille olympique de l'histoire à son pays, l'athlète algérien confirme la haute teneur technique de son concours en réalisant 17.43 m et en améliorant par deux fois son propre record d'Algérie qui était de 17.33 m. Aller plus loin et améliorer sa performance étaient dans les cordes de Triki si ce n'est les différents ratages de sa planche d'appel, évalués à -31, -19, -16.2, -13.5 et 12.5 ; pour apprécier la lourdeur du handicap de Triki dans cet important rendez-vous, cela constitue d'ailleurs le plus gros casse-tête des athlètes concourant dans le saut en longueur ou le triple saut. Triki et son coach ont d'ailleurs cruellement souffert du manque de compétitions de haut niveau tels que les meetings mondiaux, ainsi que de moyens de préparation. D'ailleurs cette situation l'a poussé à envisager de jeter l'éponge, et il aura fallu l'intervention de notre ex vice-ministre chargée du Sport d'élite pour éviter le pire. Certaines revendications de certains athlètes sont légitimes ; on ne doit guère les assimiler à de la malveillance, mais on doit autant que possible se questionner sur la stratégie à penser à l'avenir quant à la prise en charge de la pratique de haut niveau et surtout sa mise en forme par les fédérations concernées. Notre pays a connu des situations où, malgré les difficultés économiques dues à la chute des prix du pétrole et aux plans structurels dictés par le FMI d'une part, ainsi qu'une situation sécuritaire rythmée par les assassinats terroristes, la prise en charge de nos sportifs de haut niveau a connu ses phases de réussite d'où les performances enregistrées dans la discipline en question, l'athlétisme, avec des athlètes comme Boulmerka, Morceli, Azzedine Brahmi et d'autres sans oublier les dizaines d'autres qui se trouvaient dans l'anti-chambre de haut niveau. Aujourd'hui, esseulé dans sa performance sportive au niveau local puisque classé 6e au plan mondial, alors que le deuxième algérien lui, se trouve aux antipodes dans la hiérarchie des triple sauteurs mondiaux avec la peu reluisante 154e place ; alors ne devrait-on pas songer à une réelle prise en charge du groupe restreint d'athlètes prometteurs que nous possédons. Ils ne sont pas légion si on cesse de faire dans le «social sportif», et si la tutelle (MJS) présente un projet et une stratégie qui seraient la feuille de route de toutes les fédérations qu'on aura désignées comme labelles. Cami B.