Une liste des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes à risque avéré d'abus, de pharmacodépendance et d'usage détourné, a été fixée par un arrêté interministériel publié au Journal officiel (JO) n°61. Elle vise à protéger les citoyens et le personnel de la santé contre l'utilisation illégale de ces substances à travers un meilleur contrôle de ces substances sans toucher à leur disponibilité, et le pharmacien pourra exercer en toute sécurité. Il est à préciser que ce décret a été reporté à deux reprises déjà faute de textes d'application pour absence des mécanismes réglementaires prévus, notamment la non-actualisation et publication de la liste des produits psychotropes, l'absence de mise en place de mesures ou procédures au niveau des structures hospitalières et la non-implication des prescripteurs dans la mise en place des outils imposés (ordonnances, registres...). Désormais, le cadre réglementaire est finalisé et cette fameuse liste de 24 substances et médicaments : la Buprénorphine (solution injectable 0,3 mg/ml), le Tramadol chlorhydrate exprimé en Tramadol (gélules 50 mg, suppos 100 mg, Cp pell LP 100 mg, solutions injectables intraveineuses/perfusions intraveineuses 50 mg/ml), le Paracétamol/Tramadol chlorhydrate (Comp pell/comp sec/gélules 325 mg/37,5mg), le Tramadol hydrochloride (comp pell LP 300 mg), le Clonazépam (comp/comp quadri sec 2 mg et solution buvable/gouttes 2.5 mg/ml), la Prégabaline (gélules 50 mg, 75 mg, 100 mg, 150 mg, 300 mg), Trihexyphenidyle (gélules LP 2 mg et 5 mg), le Trihexyphenidyle chlorhydrate (comp/comp sec 2 mg et 5 mg), le Clorazépate Dipotassique (lyophilisat injectable 20 mg / 2ml et 50 mg / 2,5ml) et Midazolam (solution injectables et rectales du 5 mg / ml, 1mg / ml ou 5 mg / 5ml) et le Zolpidem (comp pell sec 10 mg). Cette liste sera complétée ou modifiée, à chaque fois que nécessaire, dans les mêmes formes, souligne le même arrêté, signé conjointement par le ministre de la Santé et son homologue de l'Industrie pharmaceutique le 11 août dernier. Suite à cette publication, il a été procédé à l'installation lundi dernier au siège du ministère de l'Industrie pharmaceutique, de la commission nationale des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes qui se chargera essentiellement d'évaluer les rapports relatifs au contrôle en matière d'importation et d'exportation des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes ainsi que les rapports des opérations d'inspection périodiques et inopinées des établissements pharmaceutiques. Cette même commission proposera les mesures nécessaires, administratives, techniques et de sécurité, et évaluera les écarts constatés lors de l'inventaire des stocks physiques de l'établissement pharmaceutique. La commission est composée d'éléments représentant la défense nationale, la santé, la Gendarmerie nationale (GN), la Sûreté nationale, les Douanes et l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP), en sus de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (OFDT). Il est prévu aussi la création de commissions nationales et de wilaya des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes auprès du ministère de l'Industrie pharmaceutique permettant la traçabilité de ces produits depuis la fabrication jusqu'à leur délivrance par le pharmacien, qui pourra désormais exercer en toute sécurité. Cependant, et de l'avis des professionnels de la santé, cette commission doit tenir impérativement compte du risque que peuvent provoquer certains médicaments utilisés hors autorisation de mise sur le marché (AMM). L'exemple n'est pas si loin, celui du LYRICA, médicament initialement classé comme antiépileptique, puis prescrit en diabétologie, en orthopédie et autres pour soulager la douleur. En effet, l'usage abusif et non orienté a conduit à des paliers de pharmacodépendance et à la toxicomanie. «Il est essentiel pour le clinicien de se défaire de la dichotomie médicaments/drogues», indique-t-on. Ilhem Tir