Des avocats basés à Londres représentant des victimes de la guerre au Yémen ont réclamé, lundi dernier, l'ouverture d'une enquête à la Cour pénale internationale (CPI) sur des crimes de guerre présumés commis par les forces progouvernementales. La guerre au Yémen oppose depuis sept ans les forces du gouvernement, appuyées par une coalition militaire menée par l'Arabie Saoudite, au mouvement Ansarallah dit Houthis. Depuis le début du conflit, des experts onusiens ont dénoncé des «crimes de guerre» commis par les deux parties. Lundi, des avocats de l'organisation «Guernica 37 International Justice Chambers» ont annoncé dans un communiqué avoir transmis à la CPI, au nom de centaines de personnes — survivants, proches et familles de ceux qui ont été tués —, des preuves appuyant des allégations de «crimes de guerre» et «crimes contre l'humanité» commis par la coalition au cours des six dernières années. Les avocats ont appelé la CPI à enquêter sur trois incidents, dont une frappe de la coalition en 2016 lors d'un enterrement dans la capitale Sanaa, aux mains des Houthis, qui a tué 140 personnes, et une frappe aérienne en 2018 sur un bus scolaire dans le nord du pays ayant tué au moins 40 enfants. «Bavures» de la coalition La coalition avait admis que des «erreurs» avaient été commises, affirmant qu'elle allait juger les militaires soupçonnés d'être à l'origine de l'attaque contre le bus scolaire. «Au moment de l'attaque, la coalition a affirmé qu'elle enquêterait et demanderait des comptes à ses auteurs. Bien entendu, elle n'a rien fait de tel», a déclaré Almudena Bernabeu, cofondatrice de Guernica 37, selon le communiqué. Ni le Yémen ni l'Arabie Saoudite ne sont parties au Statut de Rome, fondateur de la CPI. Parmi les pays impliqués dans la coalition intervenant au Yémen, seule la Jordanie a ratifié le Statut de Rome. La CPI n'est pas tenue d'examiner les plaintes déposées par des individus ou des groupes auprès du procureur. Ce dernier peut décider en toute indépendance des affaires à soumettre aux juges de la Cour. Les juges, eux, décident d'autoriser ou non une enquête préliminaire par le procureur. Une enquête formelle peut ensuite être ouverte, et si cela est justifié, des accusations peuvent être portées. Dans la majorité des cas, ces plaintes ne donnent toutefois pas lieu à des enquêtes, selon la CPI. La guerre au Yémen a fait des dizaines de milliers de morts et a déplacé des millions de personnes. C'est, selon l'ONU, la pire crise humanitaire au monde. R. I./APS