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La zaou�a, le parti et le cheikh
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 10 - 2010


Par Ahmed Cheniki
Les structures politiques de type europ�en dont la constitution est relativement r�cente proc�dent souvent de la m�me mani�re qu�une zaou�a ou une tribu. Cette mani�re n�est pas r�cente. D�j�, l�Etoile nord-africaine, premi�re organisation politique, n�e dans le sillage de l�adoption des formes de repr�sentation europ�enne, au contact de la France et apr�s la loi Jules Ferry qui a permis � certains autochtones de fr�quenter l��cole primaire et les syndicats europ�ens, recourait � des pratiques tir�es de la structure confr�rique.
Ce fut donc le cas de Hadj Ali Abdelkader et de Messali Hadj qui furent � l�origine de la mise en place de cette structure, constitu�e au d�part d��l�ments g�n�ralement recrut�s dans l�ouest du pays. Certes, le parti qui allait prendre la m�me hi�rarchisation que la SFIO (Parti socialiste, section fran�aise de l�Internationale ouvri�re) semble correspondre aux m�mes sch�mas que le parti fran�ais, mais �tait plut�t prisonnier des r�alit�s alg�riennes en porte-�-faux avec le syst�me partisan europ�en. Ainsi, le parti va emprunter, certes, l�enveloppe externe, mais souvent de mani�re inconsciente, le fonctionnement va reproduire la structure groupale �traditionnelle� qui s�impose essentiellement au niveau d�cisionnel et hi�rarchique. Tout le monde sait que le d�but du si�cle fut en quelque sorte l�espace de la d�couverte consciente de l�alt�rit� et de l�id�e de nation, trop peu interrog�e dans nos soci�t�s. L�ouverture de l�Etoile nord-africaine va permettre la mise en branle de groupes et de strates qui vont souvent se rassembler selon des ramifications locales, tribales et r�gionales. Ce n�est d�ailleurs pas pour rien que ce qu�on avait appel� la crise de 1949 avait pour origine une contestation essentiellement ethnique. D�ailleurs, durant cette �poque, va se cr�er un �parti du peuple kabyle � (PPK), certes entretenu par quelques milieux, mais qui avait profit� d�une certaine fissure au niveau du PPA. Ainsi, le PPA, comme le MTLD ou les autres partis, � l�exception peut-�tre du PCA qui avait une importante composante europ�enne ob�issant donc � un autre type de fonctionnement, �taient constitu�s de groupes marqu�s r�gionalement. Mais tout reposait sur le chef de la tribu qui arbitrait les conflits et qui n�avait pas les attributs d�un responsable de parti, mais d�un chef de zaou�a ; ses d�cisions sont sans appel, incontestables. Ce n�est pas pour rien que toute tentative de briser cette structure est vou�e � l��chec d�autant plus que cette composition syncr�tique marque la soci�t� enti�re. La campagne est moins perm�able � toute nouveaut� et � toute ouverture. Ainsi, la structure partisane fait avant tout partie de l�espace urbain. Dans ce type de structure, la �tradition� orale occupe une place importante. Ainsi, le fameux CNRA de Tripoli (juin 1962) a montr� les limites de la structure partisane en Alg�rie. D�ailleurs, le FLN, n� d�une c�sure provoqu�e par des luttes tribales et groupales au sein du MTLD et qui n�avaient rien � voir avec des joutes id�ologiques (les invectives alternaient avec les insultes, lors de cette session), va encore reproduire ce sch�ma. D�ailleurs, les wilayas fonctionnaient, souvent sans grande coordination, comme des entit�s autonomes. Ainsi, le programme de Tripoli dont le texte est r�dig� par Benyahia, Harbi, Lacheraf, Malek et Temmam allait tout simplement servir comme document sans grande port�e, parce que dans ce type de rencontres, ce n�est pas l��crit qui est porteur, mais la parole et le groupe le plus fort. Ainsi, Boumediene, m�me si dans ses discours il parlait de cette n�cessaire �cimentation nationale�, reproduisait tout simplement ce sch�ma � l�int�rieur de ses structures en d�signant souvent les responsables en fonction de crit�res r�gionaux et du niveau d�all�geance. Le parti ou le hizb n�est jamais arriv� � s�imposer comme entit� politique et id�ologique. D�ailleurs, lors des travaux du CNRA de juin 1962, jamais cl�tur�, et ceux du congr�s du FLN de 1964, les v�ritables enjeux �taient ailleurs, m�me si on avait confectionn� une charte d�Alger que trop peu de congressistes ont pris la peine de feuilleter. Tout le v�ritable d�bat se faisait ailleurs, parce que l�enjeu, c��tait la direction. Ce n�est d�ailleurs pas pour rien que les �grands� de la R�volution se d�testent tendrement parce que l�un ne peut accepter que l�autre soit le chef de la djema� ou de la tribu. Jamais, par exemple, les acteurs n�ont apport� des explications convaincantes sur la scission au sein du MTLD ou au CNRA de 1962, comme d�ailleurs, les inimiti�s que se partageaient Ben Bella, A�t Ahmed et Boudiaf. Chacun �tait soutenu par une tribu particuli�re. Ainsi, quand les choses deviennent difficiles, on a recours � la r�sistance arm�e comme A�t Ahmed qui ouvre le feu sur son ancien compagnon de prison, ou d�anciens militants du FLN pour s�attaquer, � partir du FIS, � leur ancien parti. Mais g�n�ralement, une scission est provoqu�e � la suite de divergences sur des probl�mes d�all�geance ou de degr� de contr�le. C�est le cas de toutes les nombreuses scissions connues par les partis. Le parti, m�me s�il comprend une composante multir�gionale, fonctionne comme une tribu qui consid�re le chef comme le maillon essentiel et fondamental de la cha�ne et l�all�geance, un espace central, souvent ind�boulonnable, vivant selon un syst�me autoritaire, loin des jeux d�mocratiques. Dans certains cas comme le FLN ou le RND par exemple, le vrai �patron� est ailleurs. La �tradition � orale constitue l�espace favori de communication. Les questions id�ologiques ne sont que trop rarement �voqu�es. Quand elles le sont, elles ne le sont que pour appuyer la position du chef. Ce n�est d�ailleurs pas pour rien qu�on dit souvent que tous les partis ont le m�me programme. On n�arr�te pas de s��tonner de telle ou telle d�cision politique d�un parti �d�mocratique �, consid�r�e � contre-courant. A contre-courant par rapport � quoi ? Toute r�flexion sur le fonctionnement partisan, en prenant comme instruments d�analyse, les outils conventionnels restent, selon nous, non op�ratoires et ne permet nullement de mettre au jour les m�canismes de fonctionnement de la structure de l�Etat et du parti. C�est pourquoi de trop nombreux chercheurs europ�ens ou am�ricains et m�me alg�riens, trop marqu�s par la reproduction du discours du directeur de th�se ou des modes europ�ennes, n�ont pas pu cerner les r�alit�s alg�riennes. Une lecture d�un certain nombre d�articles de presse et d�ouvrages ou un mensuel comme le Monde Diplomatique ou m�me des journaux alg�riens qui, souvent, plaquent des termes ou des expressions sur des r�alit�s diff�rentes mouvantes, occultent dangereusement les contingences culturelles et sociologiques. L�espace syncr�tique paradoxal (diss�min�) mettant en situation deux instances culturelles, l�une acquise (la forme de repr�sentation occidentale) et l�autre, originelle (�populaire�) engendre ce type de comportements et met en branle une sorte de �viol� des attitudes dites �modernes�. D�ailleurs, l�id�e d�opposition, chez nous, se caract�rise par l��limination du vis�- vis, sans aucune concession. �Si tu n�es pas avec moi, tu es contre moi�, est la phrase de base de la structure confr�rique et des partis et des hommes politiques alg�riens. Ainsi, d�s qu�un parti commence � se rapprocher du pouvoir en place, la presse, souvent peu instruite, malgr� le bombardement m�diatique europ�en, du fonctionnement des syst�mes politiques occidentaux, et quelques chefs de tribu � parler de �compromission�, de �trahison� comme si s�opposer voulait dire, comme dans la grammaire sociologique �traditionnelle�, d�truire l�autre sans aucune possibilit� d��coute. Ce manque d��coute du chef qui se substitue souvent au parti est caract�ristique des chefs de zaou�a ou de tribu usurpant ind�finiment le poste de premier responsable, sans aucune possibilit� d�alternance d�mocratique, n�admettant aucune contestation. Le parti, c�est la propri�t� exclusive du chef. D�s qu�il y a contestation du chef ou consid�r� comme tel, le groupe est mis � l�index. L�histoire de Fekhar du FFS qui a os� inviter le �patron�, A�t Ahmed, � rentrer au pays a subi les foudres du premier secr�taire, consid�rant les propos du responsable f�d�ral de Gharda�a comme une �fa�on de l�insulter�. Tous les partis ont connu ce type de situations. Quand lors d�un congr�s du FFS par exemple, une des commissions n�avait pas pu r�gler un probl�me, A�t Ahmed intervient d�autorit� pour imposer son point de vue, la salle applaudit. Les changements au sein du RND et du FLN ob�issent aussi � cette logique qui fabrique les minorit�s et les majorit�s. Quand la presse priv�e emploie ce que certains de ses journalistes appellent le �coup d�Etat scientifique � (expression qui ne veut absolument rien dire) � propos de la mise � l��cart de Mehri et de son remplacement par Benhamouda ou de Benba�b�che par Ouyahia, elle ignore carr�ment les m�canismes de fonctionnement des structures partisanes et de pouvoir dans des pays comme l�Alg�rie et de la fabrication des �majorit�s�. Les partis ont toujours fonctionn� en usant de coups d�Etat permanents avec des majorit�s r�glementairement constitu�es. On peut passer facilement d�un groupe � un autre ou d�un parti � un autre sans grand probl�me, parce que les partis manquent d�une assise th�orique et id�ologique. Ce n�est donc pas sans surprise que le RND s�est retrouv�, normalement ou non, comme premier parti alg�rien en l�espace de deux ou trois mois en puisant souvent dans la �client�le� d�autres partis qui y adh�raient souvent, non pour des raisons id�ologiques, mais pour une question d�int�r�t. Donc, parler de �parti-�prouvette�, c�est m�conna�tre sa composante qui passe d�un parti � un autre. Ses militants sont souvent des transfuges d�autres structures partisanes qui conjuguent leur militantisme � une sorte d�itin�rance singuli�re. C�est pourquoi, quand Z�roual est parti, d�autres forces et des militants du RND avaient tout fait pour constituer un parti sur mesure pour Bouteflika ou son fr�re, sans s�embarrasser de questions id�ologiques. La chose est facile. La tribu ne fait donc que se reconstituer. Ces partis ont toujours repris en quelque sorte la m�me architecture que celle du PPA-MTLD qui, une fois l�autorit� du chef contest�e, le parti a �clat� en morceaux. Le FFS, le PRS et les autres partis ont reproduit le m�me sch�ma. Comme d�ailleurs le FLN, condamn� pendant une longue p�riode � n��tre qu�un simple appareil, une annexe des services de
s�curit�, qui a connu des hommes (Ch�rif Belkacem, Ka�d Ahmed, Mohamed Salah Yahiaoui, Mohamed Ch�rif Messa�dia, Mehri, Benflis, Belkhadem) qui �taient, certes � la t�te, mais qui ne tiraient pas du tout leur force du FLN, mais des rapports qu�ils entretenaient, � titre personnel, avec la hi�rarchie militaire et le Pr�sident. Ni Boumediene, ni Chadli, ni Bouteflika, ni les autres dirigeants n�avaient accord� de l�importance � cette structure partisane qui avait l�illusion de diriger, alors que tout se d�cidait ailleurs. M�me du temps du parti unique, certes, sur le papier, c��tait le mouhafedh qui dirigeait, mais dans la pratique, c��tait le wali. Il y avait � l��poque un conflit permanent entre les responsables des structures partisanes et des instances administratives incarn�es par le wali qui effa�ait carr�ment le mouhafedh, sp�cialiste des comm�morations et des anniversaires. Donc, m�me cette id�e de parti-Etat est � revoir. Certes, le parti unique existait, mais ne fonctionnait pas du tout de la m�me mani�re que dans l�ex- URSS ou dans les pays de l�Est. Le parti, c�est une zaou�a qui n�existe que gr�ce au chef qui fait et d�fait les choses. Ce n�est pas l�espace id�ologique qui d�termine la constitution d�une structure partisane. D�ailleurs, les scissions, � l�int�rieur de ces partis apportent �norm�ment d�enseignements sur des structures o� la chamaillerie devient l��l�ment central du d�bat. Il faut suivre les �lections pour comprendre le poids de la �tribu � sur la logique �lectorale. Ainsi, une commune de T�bessa, travers�e par deux tendances tribales, fut �l�galement� dirig�e pendant une certaine p�riode par deux maires repr�sentant les deux groupes en pr�sence. C�est dire l�empreinte du terrain rural et des pratiques �traditionnelles � dans le fonctionnement partisan qui ne semble pas encore s�rieusement ancr� dans la soci�t� alg�rienne.


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