Grande tension entre le ministre de la Santé et celui de l'Industrie pharmaceutique. La gestion du dossier de la disponibilité du médicament a fini par laisser éclater au grand jour le différend qui oppose Benbouzid à Benbahmed. Après avoir été désigné comme le seul responsable du manque de certains médicaments, le ministère de l'Industrie pharmaceutique réplique. Il pointe du doigt des années de « pénuries récurrentes et de régulation improbable », reprochant à son homologue de la Santé de ne pas communiquer au sujet de stocks de médicaments hospitaliers. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Entre le ministre de la Santé et celui de l'Industrie pharmaceutique, le courant ne semble plus passer. En l'espace de quelques jours seulement, le ministre de la Santé a pris pour cible son homologue de l'Industrie pharmaceutique, en le désignant comme le seul interlocuteur à interroger sur la question de la pénurie du médicament. Mieux encore, Benbouzid assurait que son propre département souffrait de cette situation. Dimanche, et alors qu'il assistait à une journée de sensibilisation sur le diabète, le ministre de la Santé récidivait. Dans la soirée, le ministère de l'Industrie pharmaceutique sortait de son silence. Prétextant rassurer les patients diabétiques au sujet de la disponibilité de l'insuline rapide mais également pour leur annoncer une baisse de 20% sur le prix de l'insuline importée, le département de Benbahmed en a profité pour répondre. Le ministère de l'Industrie pharmaceutique assure en effet qu'« après des années de pénuries récurrentes et de régulation improbable faisant la part belle à l'importation au détriment de la production nationale, le ministère de l'Industrie pharmaceutique, conformément à ses attributions, a mis en place une plateforme numérique recueillant l'ensemble des programmes de production et d'importation, ainsi que les stocks des établissements pharmaceutiques, permettant ainsi une meilleure anticipation d'éventuelles problématiques d'approvisionnement de matières premières et de produits finis notamment liées aux perturbations du marché international induites par la pandémie de Covid-19». Il regrette que ladite plateforme ne soit pas totalement opérationnelle pour les produits hospitaliers, désignant à son tour le ministère de la Santé, qu'il ne nomme pas mais qu'il qualifie de «partie concernée», qui ne s'est toujours pas «conformée à l'obligation réglementaire de communiquer ses stocks, afin d'anticiper d'éventuelles ruptures de médicaments essentiels, notamment d'oncologie». Le département de Benbahmed en a profité pour rappeler qu'« après la mise en place des réformes structurelles désormais opposables par la législation et la réglementation en vigueur, le ministère de l'Industrie pharmaceutique poursuit avec abnégation, dans le cadre strict de ses attributions, son plan d'action, dans la sérénité et la concertation, avec l'ensemble des parties soucieuses de la protection de la santé publique, du respect des institutions et de l'intérêt national». Et d'ajouter qu'il se réunissait régulièrement avec «l'ensemble des partenaires prescripteurs, experts cliniciens, opérateurs, distributeurs pharmaciens, ordres et syndicats ainsi que les associations de patients à leur demande, au sein de l'observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, pour dégager des solutions idoines et pérennes, à même d'assurer une disponibilité continue et garantir ainsi l'accès des soins aux patients». Dans le même communiqué, le département de Lotfi Benbahmed, profitant de la célébration de la Journée mondiale du diabétique, a tenu à rassurer «l'ensemble des patients diabétiques de la disponibilité continue des produits pharmaceutiques et des dispositifs médicaux nécessaires à la prise en charge de cette pathologie». S'il reconnaît une tension sur les insulines rapides, le même département affirme qu'une quantité de plus de 200 000 unités a déjà été réceptionnée le 9 novembre dernier, ajoutant que 100 000 ont été distribuées et 100 000 autres sont en cours de libération. Cela vient s'ajouter à une quantité de 250 000 boîtes qui sera réceptionnée dans les prochaines semaines. Autre précision : l'ensemble des programmes d'importation pour l'exercice 2022 sera signé avant le 18 novembre. S'adressant aux patients diabétiques, le ministère de l'Industrie pharmaceutique leur annonce une réduction de l'ordre de 20% sur le prix des insulines importées suite à, «une série de réunions et d'entretiens avec les laboratoires fournisseurs d'insuline visant une meilleure coordination et négociation». Une mesure qui «permettra de réduire considérablement la facture d'importation des médicaments, ainsi que le montant des dépenses des caisses de la Sécurité sociale pour la prise en charge du diabète», conclut le département de Benbahmed. N. I.