Par Hassane Zerrouky A l��vidence, le pr�sident �gyptien, Mohamed Morsi, est un homme press�. Press� d�imposer l�agenda politique du Parti de la libert� et de la justice (PLJ issu de la mouvance des Fr�res musulmans) et, partant, de recadrer le champ politique au mieux des int�r�ts de sa formation politique. D�s l�annonce des r�sultats du r�f�rendum constitutionnel, il a ratifi� dans la nuit du 25 au 26 d�cembre la nouvelle Constitution. Et sur la lanc�e, il s�est fix� sur la prochaine �tape, les �lections l�gislatives pr�vues dans deux mois. C�est ce qu�on appelle �battre le fer tant qu�il est chaud� ! Deux choses importaient au chef de l�Etat �gyptien. Faire oublier un scrutin boycott� par deux Egyptiens sur trois. Les 17,1 millions d��lecteurs (32,9%) qui ont vot� sur les 52 millions d��lecteurs inscrits, repr�sentent un peu plus d�un tiers de l��lectorat �gyptien. Et les 11,6 millions d��lecteurs sur les 17 millions de votants qui se sont prononc�s pour cette Constitution d�inspiration islamiste ne repr�sentent que 22% des 52 millions d��lecteurs inscrits ! Et faire oublier que le courant islamiste est �lectoralement minoritaire car outre la confr�rie des Fr�res musulmans, les salafistes du parti Nour s��taient �galement mobilis�s et avaient battu le pav� pour le �oui� au projet de Constitution. Situation in�dite donc, le texte adopt� qui va r�gir et r�glementer la vie politique et institutionnelle de l��gypte dans les ann�es � venir a �t� adopt� par moins d�un quart des �gyptiens, � savoir par une minorit�, et ce, dans un contexte de violences extr�mes entre pro et anti-Morsi, sur fond d�irr�gularit�s constat�es. Pas de quoi pavoiser. Raison pour laquelle, les r�sultats de ce vote n�ont donn� lieu � aucune �liesse populaire� ! Electoralement minoritaire, le courant islamiste �gyptien n�incarne donc pas les aspirations des grandes masses populaires comme le pr�tendaient certains analystes sp�cialistes autoproclam�s du fait islamiste. Au premier tour de l��lection pr�sidentielle �gyptienne de mai dernier, Mohamed Morsi (24,78%) ne devan�ait Ahmed Chafiq (23,66%) que d�un point. Mieux, si on additionne le total des suffrages obtenus par les candidats modernistes et de gauche (13,2 millions de voix) lors de ce premier tour et celui obtenu par tous les candidats islamistes r�unis dont Mohamed Morsi et Abdel Moneim Aboul Foutouh (10,1 millions de voix), le rapport des forces �lectorales est nettement en faveur des forces de gauche et la�ques ! Au regard de ces chiffres, c�est donc la division et l��parpillement des forces progressistes et de gauche qui ont profit� au courant islamiste. Mohamed Morsi, qui pense d�j� aux �lections l�gislatives, croit se tirer d�affaire en actionnant la justice contre les trois figures du FSN � Hamdine Sabbahi, le prix Nobel de la paix Mohamed El-Baradei et Amr Moussa � pour incitation au renversement du chef de l�Etat �gyptien ! Mais ce type d�action ne peut pas mener loin. Pass� le r�f�rendum constitutionnel, le pouvoir �gyptien est rattrap� par la gravit� de la situation �conomique et sociale. Les Fr�res musulmans au pouvoir, qui brandissaient durant la campagne �lectorale le slogan �l�islam est la solution�, instrumentalisant jusqu�� l�absurde la religion � des fins politiques, sont contraints aujourd�hui d�en appeler au FMI pour un pr�t de 4,8 milliards de dollars. L�institution mon�taire a accept� mais � la condition que le pouvoir �gyptien ram�ne le d�ficit budg�taire �gyptien de 11% � 8% du PIB, qu�il augmente la TVA, r�duise le train de vie de l�Etat, les d�penses sociales, notamment les subventions aux denr�es de base et � certains secteurs �conomiques. C�est que tous les clignotants sont au rouge. La Banque centrale �gyptienne a annonc� que les r�serves en devises ont chut� de 36 milliards de dollars � 15 milliards en deux ans. Le ralentissement �conomique a provoqu� une hausse du ch�mage. Le tourisme, l�un des principaux secteurs de rentr�e en devises, en berne, est contraint de proc�der � des licenciements et des r�ductions de salaires. La pauvret� s�est �tendue. Les investissements directs �trangers (IDE) se sont totalement effondr�s. Qui plus est, la crainte d�une nouvelle d�valuation de la livre, la monnaie �gyptienne, a provoqu� une panique telle � afflux de dizaines de milliers de personnes devant les guichets de banque � que le pouvoir de Mohamed Morsi a �t� contraint de limiter les retraits en dollars pour les entreprises et les particuliers. De fait, les islamistes, qui ont fait beaucoup de promesses, sont dans l�incapacit� de faire face � la situation : pour apaiser le m�contentement social, il faut cr�er un million d�emplois par an !