Les cin�philes de la r�gion s�en mordront les doigts d�avoir rat�, samedi, la projection en avant-premi�re du film La Chine est encore loin de Malek Bensma�l � la cin�math�que de Tizi-Ouzou, ville sur laquelle le r�alisateur et le producteur ont jet� leur d�volu pour, entre autres, des consid�rations identitaires, le film parlant en chaoui, tr�s proche du kabyle, mais aussi pour le suppos� rapport qu'a cette ville avec le 7e art. Regroupant certaines caract�ristiques de la fiction et du reportage, le documentaire du r�alisateur Malek Bensma�l est parti de la maxime du proph�te invitant le croyant � �rechercher le savoir jusqu'en Chine s'il le faut� pour dire toute la distanciation d'avec la r�alit� et donner � l�analyse la situation dans laquelle se d�bat l��cole alg�rienne devenue jeu et enjeu politique. Les �l�ves de l��cole Ghassira, un petit village perdu dans les Aur�s o� un couple d�instituteurs et un ca�d ont �t� les premi�res victimes de la guerre de Lib�ration nationale, sont les premiers acteurs de ce long m�trage documentaire du r�alisateur Malek Bensma�l revenu cinquante ans apr�s l�ind�pendance pour y filmer l��cole et le quotidien des habitants. Berceau de la r�volution, Ghassira devient berceau de la d�sillusion, car l�espoir d�un avenir meilleur pour les enfants est compromis par les dogmes p�dagogiques, les interf�rences du nationalisme outrancier et l�int�grisme. L�univers parall�le des enfants pouss�s � la porte de l��cole par un syst�me �ducatif surann� qui leur interdit toute intelligence offre � voir une r�alit� pas bonne � montrer pour tous. Montr�s cr�ment, les sc�nes et les dialogues non scolaires, les t�moignages apport�s par les ex-�l�ves de l�instituteur fran�ais, les divergences du FLN sur la question du sort r�serv� aux civils fran�ais dont les instituteurs, r�pondent en partie aux questionnements du r�alisateur et du producteur sur la non-s�lection de ce film, un chef-d��uvre coproduit avec France T�l�vision, au Festival du film amazigh qui consacre des films inaboutis sur plusieurs plans. Le FLN faisait la distinction entre les instituteurs fran�ais enseignant en uniformes mitraillette � l��paule des programmes d�assujettissement du peuple alg�rien et ceux qui dispensaient le savoir universel en tenue civile � des enfants qu�ils pr�paraient � la rel�ve. Et sur ce point, le colonel Mohand Oulhadj, chef de la Wilaya III historique, rejoint le chahid Ben Boula�d dans son approche humaniste sur cette question. L�instituteur Guy Beaujard, qui enseignait � Tifrit, en Kabylie, au pied de l�Akfadou, a racont� dans son livre Les Couleurs du temps comment Mohand Oulhadj l�a rencontr� dans le maquis et l�a remerci� et encourag� pour son travail, l�assurant de la protection du FLN et l�exhortant � revenir enseigner en Alg�rie apr�s l�ind�pendance � travers un courrier officiel dont nous d�tenons une copie. Le rapport � la religion est pr�sent durant tout le film comme un rappel incessant � une r�alit� loin d��tre surfaite. Les nombreuses sc�nes de pri�re dans le couloir de l��cole et sur l��cole coranique, contrepoids � l��cole ordinaire, qui d�voile une p�dagogie ahurissante o� sont regroup�s 60 niveaux d�enseignement et o� un �l�ve fait �galement office de ma�tre, surfent sur cette corde sensible d�Alg�riens souffrant de conformisme Seule femme � travailler � Ghassira, Rachida, l�agent d�entretien de l��cole et unique femme � braver l�interdit enfonce le clou en s�interrogeant comment des Berb�res dont le nom Amazigh symbolise la libert� en sont arriv�s � jeter le discr�dit sur la femme qui ose s��manciper par le travail dans une r�gion o� elle jouait autrefois un r�le social d�terminant. Ce film est une invitation � un voyage entre pr�sent et m�moire avec dans les bagages une histoire de l�Alg�rie �mouvante et d�complex�e face aux probl�mes sensibles qui l�agitent.