La réduction de la dépense publique sera une des priorités de Ali Benflis s'il accède à la magistrature suprême. Explosion de la corruption, privation de libertés et absence d'indépendance de la justice… le candidat a déclaré, hier à partir de Mecheria, avoir prévu le pire des scénarios pour l'Algérie lors de la campagne présidentielle de 2004. Le candidat Benflis s'est engagé à rationaliser la gestion des deniers publics. Un engagement pris, hier, lors d'un meeting animé à Mecheria, dans la wilaya de Naâma. «Nous devons réduire la dépense publique, c'est une nécessité. L'argent du peuple est sacré et les responsables doivent protéger ces ressources financières», a indiqué l'ancien chef de gouvernement dans son discours. Il citera l'exemple d'une «résidence de la wilaya située à Mascara, fermée depuis 20 ans, mais pour laquelle l'Etat attribue un budget pour son entretien». «Pourquoi ne pas la transformer en locaux administratifs ?», s'est-il interrogé. Au passage, Benflis a dénoncé le comportement de certains «responsables qui usent des moyens de l'Etat pour entretenir les apparences». Ali Benflis est également revenu sur son premier engagement lors de la présidentielle de 2004. «Celui qui fait le bon choix doit être plus patient que les autres. Contrairement aux rumeurs qui ont été propagées, je n'ai jamais quitté le pays. En 2004, j'avais dit des réalités. Elles se sont produites. J'avais prédit l'explosion de la corruption, l'absence d'indépendance de la justice et les pressions sur la presse publique et privée. Tout est arrivé.» Pour lui, l'heure des bilans est arrivée. «Il faut dresser un bilan de tout ce qu'ils ont fait.» Il reviendra à ce titre sur le programme d'un million de logements lancé par Abdelaziz Bouteflika. «Il y a les chiffres et la lecture que l'on fait des chiffres. Ils se targuent d'avoir construit un million de logements, mais c'est une grande supercherie. Ils ont comptabilisé les logements attribués, ceux réalisés, ceux en cours de réalisation et les programmes à l'étude. Un cadre m'a même confirmé que dans sa wilaya, seulement un-dixième de ce programme avait été finalisé. Cet homme est persuadé d'avoir participé, malgré lui, à une opération de falsification.» De la même façon, le candidat a dressé un constat négatif de l'état des secteurs de la santé, de la justice et de l'éducation nationale. «Sincèrement, je ne comprends pas l'utilité d'un quatrième mandat», lancera-t-il. Et de revenir sur «le viol constitutionnel de 2004». «Pour les constitutionnalistes, l'absence de limitation de mandats consacre la présidence à vie», a affirmé Ali Benflis en appelant à mettre un terme définitif à «l'ère des pharaons». Dans la matinée, Ali Benflis avait animé un meeting similaire à la salle du centre culturel de Aïn Sefra. Avant d'entamer son programme portant «projet du renouveau national», le candidat aux présidentielles ouvrira son discours, par : «J'ai une longue histoire avec Aïn-Séfra, la capitale des monts des ksour, cette ville qui a donné 800 chahids, alors que sa population n'était que de 8 000 habitants, soit les 10% de ses chers fils, bled cheikh Bouamama, bled el-moudjahidine, la ville qui gouvernait de Mecheria à Adrar, la ville trahie par les dirigeants d'alors…». «Au moment où j'ai rendu visite à cette ville (en tant que chef de gouvernement, ndlr), les autorités de l'époque m'ont signifié qu'il faut éviter la population séfraouie, car, dira-t-il, elle revendique ce que tu ne peux pas leur donner.» «J'ai répondu, qu'il n'est pas question que je vienne à Naâma et Mechria sans rencontrer la population d'Aïn-Séfra…alors j'ai été surpris de cette chère population qui m'a offert une vingtaine de livres édités par ses valeureux fils intellectuels — les livres ont été offerts par l'association du 6-Mai-1984, qui revendique toujours le statut de wilaya —, avec lesquels j'ai enrichi ma bibliothèque, et que j' ai lus durant ces dix ans de quarantaine. Donc, les revendications de Aïn-Séfra sont connues et je m'engage à un découpage administratif dont Aïn-Séfra serait wilaya.» Dans une salle archi-comble, scandant de temps à autre, «Benflis président, Benflis président», Ali Benflis a ensuite donné un long aperçu de son programme de renouveau, portant une vision sur l'économie, la modernisation et l'amélioration de l'administration, notamment, dans les différents secteurs de la santé, l'éducation, la justice, la jeunesse, l'agriculture, la culture, le tourisme, la communauté nationale à l'étranger, voire même la presse, la liberté d'expression, les libertés syndicales et des associations, etc. développant ainsi chapitre par chapitre le projet de réforme de l'Etat et des institutions, la statégie nationale de développement, ainsi que son projet de développement humain et social. Le candidat aux présidentielles clôtura son intervention par appeler les électeurs à aller voter massivement, et appeler à la neutralité de l'administration afin d'éviter la fraude, et celui qui sera élu par les voix du peuple, «mabrouk allih».