Par Hassane Zerrouky La trêve de 72 heures, acceptée pourtant par Israël, entrée en vigueur hier matin, n'a pas duré longtemps : 40 Palestiniens ont été tués dans la matinée de vendredi près de Rafah sous prétexte d'avoir violé le cessez-le-feu, 3 soldats israéliens auraient été tués. Bien évidemment, Israël en impute la responsabilité au Hamas. Il faut préciser que le texte de Ban Ki-moon et John Kerry instituant ce cessez-le-feu dit «humanitaire» laisse place à toutes les interprétations : il précise, par exemple, que les «forces sur le terrain resteront en place» pendant les trois jours de trêve, ce qui signifie que l'armée israélienne ne se retirera pas et pourra continuer ses opérations contre les tunnels. De ce fait, on ne voit pas les combattants palestiniens observer sans réagir les artificiers israéliens poursuivre tranquillement la destruction des tunnels. D'autant que tout à sa logique d'anéantissement physique de la résistance palestinienne, Benyamin Netanyahu n'a accepté ce cessez-le-feu, qu'il compte par ailleurs ne pas respecter, qu'en raison de la pression internationale. Au 25e jour de cette guerre totale livrée par Israël aux Palestiniens, 1 450 Palestiniens, en grande majorité civils dont près de 300 enfants, ont été tués contre 61 militaires israéliens. Dans l'intervalle, des délégations israélienne et palestinienne nommées par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, — cette dernière comprenant des représentants du Hamas, du Fatah, du Djihad islamique et de plusieurs autres groupes — sont depuis hier au Caire pour des négociations séparées en vue d'un arrêt plus durable des hostilités. Négociations séparées parce que ni les Etats-Unis ni son supplétif israélien ne s'assiéront en face du Hamas, considéré comme «terroriste», à la table des discussions. Dans ces conditions, il sera difficile de trouver un compromis acceptable entre des Palestiniens toutes tendances confondues exigeant un retrait des forces israéliennes et la levée du blocus sur Ghaza alors que les Israéliens n'ont qu'une idée en tête, celle de réduire à néant la résistance palestinienne. Car l'objectif de cette guerre totale, appelée à durer selon Netanyahu, n'est rien moins que d'empêcher l'unité des rangs de la résistance palestinienne avec en toile de fond la poursuite à marche forcée de la colonisation de sorte à empêcher la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Et ce, on ne le répètera pas assez, avec la double complicité de Washington et de ses alliés européens et celle des pays arabes, Qatar et Arabie Saoudite en tête. Voyez, par exemple, avec quelle rapidité l'Union européenne et les Etats-Unis ont pris des mesures de sanction contre la Russie accusée de soutenir les insurgés ukrainiens contre le gouvernement «légal» de Kiev ! Pourtant, la Russie n'a ni bombardé des villes, ni tué des enfants. Ces sanctions n'ont d'égale que la coupable indulgence manifestée par Washington et ses alliés européens à l'égard d'Israël, un Etat qui massacre des civils et qui occupe un territoire ne lui appartenant pas et, pis, qui a rejeté toutes les résolutions de l'ONU lui demandant de se retirer des territoires qu'il occupe. La paix des cimetières est-elle l'objectif visé en toute impunité par Israël ? Sans aucun doute. Et que dire des pays arabes mais aussi de la Turquie. Qu'on se rappelle la hargne dont ils faisaient montre pour convaincre les Etats-Unis d'intervenir militairement contre le régime de Bachar al-Assad, et ce, après avoir appelé et soutenu l'intervention de l'Otan en Libye ! Le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Turquie, qu'on a vu si véhément contre le régime de Damas, sont bien silencieux aujourd'hui quand ils n'opinent pas du chef (en fait du keffieh) à toutes les propositions du maître américain. Netanyahu, le boucher de Ghaza, profite également d'un contexte régional arabe et maghrébin troublé : guerre civile en Syrie, en Irak et en Libye (ces derniers au bord de l'implosion), de la dégradation des situations égyptienne et tunisienne et, partant, des menaces que fait peser sur les pays de la région la gravité de la situation au Sahel. Collées, bout à bout, ces situations nous montrent un ensemble régional dégradé rendant difficile les nécessaires mobilisations en faveur des Palestiniens.