Argent et politique ne font pas bon ménage et pourtant très souvent, la frontière qui les sépare est allégrement traversée. L'intrusion des affaires dans la sphère politique est depuis quelques années dénoncée par les acteurs politiques. Louisa Hanoune en fait son cheval de bataille, le RCD lui emboîte le pas. Nawal Imès - Alger (Le Soir) De tradition, les échéances électorales donnent souvent lieu à des joutes verbales pendant lesquelles les acteurs politiques pointent du doigt l'intrusion de l'argent sale. Depuis quelques années, ces dénonciations se font en dehors de toute échéance électorale. Les acteurs politiques dénoncent la proximité peu saine des milieux des affaires et de celui de la politique. Louisa Hanoune en a même fait son cheval de bataille. La secrétaire générale du Parti des travailleurs ne rate plus aucune sortie pour évoquer l'argent sale. Elle affirme que si les frontières entre les deux sphères ont toujours été minces, rarement elles auront été autant violées que ces dernières années. Pour Hanoune, il s'agit là d'une gangrène qui menace tout un système. Le pouvoir de l'argent est, dit-elle, en passe de prendre le dessus. Des patrons et des «nouveaux riches » affirme-t-elle, tentent régulièrement de dicter leur loi à l'exécutif. Des tentatives qui se soldent parfois par la promulgation de textes qui servent des intérêts purement particuliers. Des concessions sont ainsi faites à des barons qui usent de leur influence pour peser sur la décision économique du pays. Le Parti des travailleurs n'est plus seul sur ce front. Dans un communiqué sanctionnant les travaux de son secrétariat national, le Rassemblement pour la culture et la démocratie estimait, pour sa part, que «le revenu national est pompé par une minorité antinationale rentière préoccupée par la rapine, ses intérêts étroits et sa reproduction au détriment du devenir national». Les élections législatives de 2012 avaient donné lieu à un déballage médiatique rarement égalé au sujet du pouvoir de l'argent. Les partis politiques s'étaient, à cette occasion, mutuellement accusés de monnayer les listes électorales. Les places sur une liste électorale n'étaient plus fixées en fonction du mérite, affirmaient les acteurs politiques. Pour être tête de liste dans certaines régions, il fallait faire preuve de «générosité». Louisa Hanoune évoquait, alors, un Parlement élu grâce au pouvoir de la «chkara». Moussa Touati, président du Front national algérien, avait lui-même introduit une drôle de pratique en politique. Il avait alors demandé à tout militant désireux d'être retenu sur une liste électorale de s'acquitter d'une somme d'argent. Les places sur les listes électorales s'étaient échangées entre 100 et 500 millions de centimes. En fonction de la position mais également de «l'importance» de la wilaya, le parti de Moussa Touati a publiquement assumé ce marchandage, l'expliquant par la nécessité des futurs élus de «s'engager» et de participer aux frais engendrés par la campagne électorale. Et il ne s'agit là que d'une pratique assumée. Celles qui ne le sont pas sont certainement plus nombreuses, faisant dire à Hanoune que le pouvoir de l'argent est tout simplement devenu une menace pour le pays.