Le lieutenant-colonel Saâdaoui Mehira, chef du groupement de la Gendarmerie nationale de Boumerdès, a animé au siège du groupement un point de presse pour présenter le bilan des activités de ce corps constitué dans toute la wilaya du Rocher-noir durant l'année écoulée. Première remarque ; quand un haut gradé de la gendarmerie se dit outré par l'augmentation de la violence routière et les agressions contre les personnes dans les seuls espaces ruraux, cela veut dire que la situation commence à devenir préoccupante. C'est la conclusion qui ressort de cette rencontre. De plus, les chiffres donnent raison à l'officier. En effet, en 2014 les gendarmes de la wilaya ont enregistré le traitement de 3 181 dossiers dont 3 056 ayant un caractère délictueux et 105 autres dossiers sont de nature criminelle. Dans ces 3161 affaires sont impliqués 1881 individus dont 475 d'entre eux ont été mis en détention provisoire par la justice. Et là où le bât blesse, sur les 3 056 délits enregistrés durant une année, 1 356 cas (44,37%) sont des agressions physiques contre des personnes. Ce taux de 44.37% grimpe jusqu'à 56,20% si l'on calcule ce taux à partir de la criminalité ordinaire. La décennie noire, la crise du logement, le chômage, l'érosion du pouvoir d'achat et maintenant l'immigration venant des pays du Sahel sont des facteurs aggravants de la violence, lit-on dans le rapport annuel. «Mais toutes ces crises n'excusent pas cette violence. Nos parents vivaient dans la précarité insupportable mais ne déversait pas tant de violence. Pour un rien, des voisins ou des automobilistes se chamaillent et en arrivent souvent à des actions délictueuses, voire quelquefois aux crimes», déplore l'officier. Son adjoint, le commandant El Houari Saâdani, responsable de la police judiciaire du Groupement abonde dans le même sens. Il y a, cependant, deux facteurs exogènes qui amplifient quelque peu cette délinquance et cette criminalité : la proximité de la capitale avec ses millions d'habitants et la saison estivale qui draine d'autres millions d'individus dans la région. Par la suite, le lieutenant-colonel passe au second volet de cette violence qui gangrène la société algérienne. «A la fin de l'année 2014, on aurait tant voulu terminer l'année avec un bilan moins macabre sur nos routes. Puis, on m'appelle pour me faire part d'un accident qui a coûté la vie à quatre personnes. Vous vous imaginez. Quatre personnes à la fois», dira l'officier, avouant qu'il appréhende l'appel de ses subalternes craignant l'annonce d'accidents de circulation. Il parle de l'accident qui est survenu le 28 décembre 2014 sur un tronçon très dangereux de l'autoroute Est/Ouest (le Soir d'Algérie du 29 décembre 2014). Il n'a pas manqué de donner le chiffre macabre pour l'année écoulée : 104 morts (93 en 2013) et 1 451 blessés (1 246 en 2013) déplorés dans 766 accidents corporels (662 en 2013). Selon les statistiques élaborées par le commandant Amar Zaïr, chef de service de la sécurité routière, ce sont les tranches d'âge des 18/24 ans et des 25/29 ans qui causent le plus d'accidents. Ces accidents surviennent généralement à la suite d'excès de vitesse ou des dépassements dangereux. Un autre phénomène aggrave cette hécatombe chez les piétons et qui laisse le lieutenant-colonel perplexe. Il s'agit de la traversée à pied des grands axes routiers (rn12, rn5 ou autoroute). «J'ai travaillé dans d'autres wilayas mais le nombre d'accidents qui surviennent dans la wilaya de Boumerdès à la suite de traversées imprudentes des grands axes routiers me laisse complètement étonné», confie l'officier. Les Boumerdassis seraient-ils suicidaires ?