Le comité des fêtes de cette ville, censé regrouper tous les responsables d'association, fut interpellé par Monsieur le chef de daïra de Cherchell, un autre inconditionnel amoureux de la culture, de la musique et du patrimoine local qui avait permis vraisemblablement de faire ressaisir cette organisation en vue d'améliorer ses prestations. Ainsi, c'est sous la houlette de M. Bouabdellah, de M. Dahel, dit «Grobois», et de Mme Tafida, tous membres du Comité des fêtes de la ville de Cherchell, qu'ont été organisées récemment plusieurs soirées festives, et les mélomanes de Cherchell se sont délectés de voluptueuses soirées de chansons d'andalou, de haouzi et de qacidate chaâbi. Ce fut le maître et maestro du violon, Khaled Talbi, qui donna le la à ces soirées ainsi que l'excellent violoniste Hassen Bouabdellah suivi des virtuoses du piano Salim Ameur et Hafid Amokrane, qui se sont évertués à assurer l'harmonie musicale des troupes en se relayant pour exécuter plusieurs répertoires du chaâbi, du haouzi et surtout de l'andalou. Ce fut à ce titre que la majestueuse soliste cantatrice, Manal Hadli, encadrée de son inimitable orchestre, s'est évertuée à emballer le public noctambule, en majorité féminin, sur le rythme de Sidi Maâmar, où fusèrent des youyous stridents, sous la direction et l'organisation de Mme Tafida. La soliste cantatrice, Manal Hadli, une spécialiste du hawzi, aroubi et sanaa, a fait ses premières armes dans la prestigieuse formation de musique andalouse Al Rachidia, et reste connue chez les fans du hawzi et de l'andalou, et elle s'est produite à Blida, Alger, Tlemcen et Constantine à côté de l'inimitable Daliah Chih, deux expertes de la troupe Al Rachidia. Cependant, la cantatrice Manal a su subjuguer de sa voix roucoulante langoureuse et voluptueuse les exigeantes dames mélomanes cherchelloises, qui ont veillé avec cette soprano au-delà de 2 heures du matin. La seconde soirée fut animée par cheikh Hamadi, un chantre du chaâbi, dont le répertoire a glané des centaines d'amoureux du chaâbi, qui a fait veiller les Cherchellois. Ce fut plutôt la chaude complainte et la sensuelle voix de cheikh Hamadi, qui entonna plusieurs nesrafs, des medhs et enfin des khlass, qui subjugua et fit vibrer l'assistance, notamment grâce à l'orchestre composé de Berouane, Talbi, Hafid Amokrane, Othmane et Hamza, qui entonna avec cheikh Hamadi le couplet Hadhi Yemmak,qui a ému l'assistance. Mais plusieurs mélomanes cherchellois se sont étonnés de l'absence de cheikh Aïssou, un monument du chaâbi cherchellois, un confident des défunts Mohammed Cherchali et Maghraoui, de M'hamed el Annabi, de cheikh Smaïl Hakem, de Abdeldjalil Ghobrini, une véritable armée de ténors de l'andalou, du haouzi et du chaâbi, ainsi que de Nassim Sabah, El Kaissaria, Al Rachidia, de la fanfare et de la chorale des scouts, des graines d'artistes qu'on a tendance à oublier. Pour certains d'entre eux, rien n'est trop tard, car la saison estivale est là, mais selon ces derniers, «gare à ceux qui ramèneront des artistes extra-muros, à coup de centaines de millions, comme cela s'est fait de par le passé. Les artistes locaux n'exigent rien ! Même pas un cachet de cinq millions de centimes par association», clame un de ces artistes.