Le vaccin pour nourrisson Pentavalent a été retiré du marché en juillet dernier après le décès de deux nourrissons. Une enquête a, depuis, été ouverte pour déterminer les raisons des décès. Rahmat Rabi (RHB), le soi-disant complément alimentaire destiné aux patients diabétiques, a été, quant à lui, retiré du marché début décembre et une enquête a été lancée pour analyse. Deux scandales et deux enquêtes au même sort, dont les résultats de l'expertise ne sont toujours pas révélés publiquement. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Quels sont les résultats des enquêtes ouvertes sur le vaccin Pentavalent et le produit RHB ? On ne le saura pas. Du moins pas encore. L'opinion publique qui cherche à savoir ce qui a réellement causé le décès des nourrissons suite à un acte vaccinal et de quoi est finalement fait le produit Rahmat Rabi est restée sur sa faim. En octobre dernier, le directeur de la prévention au ministère de la Santé qui lançait la campagne nationale de vaccination contre la grippe a expliqué que l'enquête sur le Pentavalent a pris du temps, car la procédure d'analyse est compliquée. Pourtant, ce retard a mis le département de Boudiaf dans l'embarras, l'obligeant à revenir à l'ancien calendrier de vaccination. Le ministère de la Santé rassure, cependant, que le vaccin est homologué par l'OMS et son retrait est provisoire en attendant les résultats de l'enquête. Cinq mois après, les résultats ne sont toujours pas révélés. La vaccination des nourrissons âgés de deux mois concernés par le vaccin est bloquée. Puisque en dépit des assurances du ministère de la Santé sur la bonne qualité du vaccin, ce dernier a été pointé du doigt et ni le personnel médical ni les parents ne voulaient prendre de risque. Les bébés nés durant cette période ne seront pas vaccinés à temps. Début décembre, le délai admis pour le rattrapage est arrivé à expiration. Le Pentavalent est définitivement retiré du marché en attendant les résultats de l'expertise qui ne viennent pas. Début décembre, une autre enquête a été ouverte sur le RHB. Après l'arnaque confirmée, le produit a été retiré du marché. Le ministère du Commerce ouvre aussi une enquête pour vérifier sa conformité et sa composante. Au même titre que le vaccin, les résultats de l'expertise de ce produit ne seront pas révélés. Une expertise demande-t-elle autant de temps ? Est-il si difficile d'identifier la composante de ce produit ? Le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) juge les délais «trop longs». Lyès Merabet estime qu'une expertise peut prendre jusqu'à un mois mais pas plus, d'autant que, souligne-t-il, «nous avons des chercheurs et des compétences pour ce travail». Selon lui, le Syndicat national des praticiens de santé publique a déjà lancé un appel aux autorités publiques pour demander le droit des parents et des professionnels de la santé de connaître la vérité sur les résultats de ces enquêtes ouvertes. «Il est de notre droit de savoir ce qui justifie la mise en quarantaine du Pentavalent, car si le ministère de la Santé rassure sur la conformité du vaccin, il y a bien défaillance quelque part puisqu'il y a eu des décès. Idem pour le RHB, c'est notre droit de connaître les résultats de l'expertise», a déclaré le président du SNPSP qui estime qu'à travers ce silence, les autorités banalisent ces drames. D'ailleurs, selon lui, cette situation n'est pas inédite. L'enquête ouverte dans les années 2000 sur le décès d'un nourrisson à l'hôpital de Blida après avoir été vacciné n'a jamais rendu publics ses résultats. De quoi est réellement composé le produit RHB ? L'abandon du Pentavalent signifie-t-il qu'il y a défaillance dans le vaccin? Des questions qui restent sans réponses officielles.