L'Egypte affronte aujourd�hui sur son sol le S�n�gal en demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations de football, attendue par tout un peuple, tandis que la C�te d'Ivoire, apr�s avoir sorti le Cameroun grandissime favori, en quarts, va tenter de confirmer face au Nigeria. Mido, avant le d�but de cette CAN, s'�tait amus� � pronostiquer une finale C�te d'Ivoire - Egypte. Il n'est plus tr�s loin de voir son souhait exauc�... M�me priv�s de leur star (bless�e aux adducteurs) depuis deux matches, dont on ne sait toujours pas si elle sera capable de jouer face au S�n�gal, les Pharaons sont en effet sur une pente ascendante, � une victoire d'une finale sur leurs terres. Partis timidement dans cette comp�tition, laissant des arri�re-go�ts d'inachev� lors de leurs deux premiers matches (victoire face � la Libye, nul devant le Maroc), il semble que le d�clic se soit produit. Car depuis, les Pharaons, de plus en plus port�s par un public bien lent au d�marrage, n'ont cess� de progresser. L'absence de Mido a permis � certains joueurs de la s�lection, peu connus jusqu'alors, de prendre un poids important dans l'�quipe, comme Ahmed Hassan, auteur d'un doubl� face � la RD Congo en quarts de finale (4-1). "Sinc�rement, je ne crois pas que l'Egypte puisse aller au bout", avait estim� Claude Le Roy, le s�lectionneur des Simbas apr�s leur d�faite face � l'Egypte. Il devait certainement parler sous le coup de la d�ception, car si les Egyptiens ne sont effectivement pas � tomber par terre, ils poss�dent n�anmoins les armes pour esp�rer poursuivre leur r�ve. Son adversaire aussi. Mais le S�n�gal a tellement altern� le chaud et le froid depuis le d�but, qu'on ne sait plus quoi attendre de cette �quipe. Miracul�s du premier tour, qualifi�s pour les quarts malgr� deux d�faites, les Lions de la T�ranga se sont enfin r�veill�s face � la Guin�e (3-2). "Nous ne craignons personne", a affirm� le s�lectionneur du S�n�gal, Abdoulaye Sarr. Juste peut-�tre les inconstances de leur gardien Tony Sylva, qui fut coupable de fautes grossi�res sur au moins deux des cinq buts encaiss�s depuis le d�but, ou leurs sautes de concentration. Des "d�tails" que les S�n�galais devront absolument avoir r�gl�s d'ici mardi. Face au Nigeria, la C�te d'Ivoire va se sentir bien plus l�g�re qu'elle ne l'�tait depuis le d�but. Sa victoire face au Cameroun, son ennemi farouche qui l'avait battue deux fois lors des �liminatoires, apr�s un match ferm�, et une s�ance de tirs au but incroyable, �galant le nombre de tirs au buts tir�s lors d'une CAN (24, en 1992 lors de C�te d'Ivoire - Ghana), lui a enlev� un poids qui commen�ait � peser tr�s lourd. Attendus, peut-�tre trop, les Ivoiriens n'ont encore jamais vraiment r�ussi � se lib�rer compl�tement, cherchant � justifier leur place de mondialiste. "Avec ce match, on a remis les pendules � l'heure", a affirm� le s�lectionneur fran�ais des Ivoiriens, Henri Michel. Les El�phants ont r�ussi � �touffer l'�quipe que l'on voyait, apr�s son �clatante domination lors des matches du premier tour, au moins en finale. Les co�quipiers de Drogba ne sont pas les plus flamboyants, pas les plus impressionnants, mais ils ont r�ussi cela. Rien que pour avoir sorti les Lions indomptables, les voil� encore plus drap�s de cette peau de favori qu'ils commencent � peine � accepter. Le plus dur apr�s ce genre de match, est de confirmer. Face au Nigeria, la t�che risque d'�tre compliqu�e. Les Super Eagles se sont en effet pay�s le tenant du titre en quarts de finale, la Tunisie de Roger Lemerre, qui, comme le Cameroun, �tait promis � un avenir plus radieux qu'un d�part apr�s les quarts. Le Nigeria, malgr� ces trois victoires au premier tour, s'�tait fait discret, et a frapp� au bon moment. "Je ne l'ai pas beaucoup vu jouer depuis le d�but, mais bon, on la conna�t. C'est un peu le m�me style que le Cameroun, tr�s physique, tr�s solide. Peut-�tre qu'on aura un petit avantage au niveau de la fra�cheur", a estim� Henri Michel. ABDOULAYE SARR (ENTRA�NEUR DU SENEGAL) "Nous ne craignons personne" Le s�lectionneur du S�n�gal, Abdoulaye Sarr, a affirm� dimanche que son �quipe, qui doit affronter ce soir l'Egypte, pays organisateur, en demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations de football, ne craignait "personne". "Nous sommes arriv�s cahin-caha � ce stade de la comp�tition, nous ne sommes d'avance pas favoris, mais nous ne craignons personne", a-t-il assur�. Le S�n�gal s'�tait qualifi� dans la douleur pour les quarts de finale malgr� deux d�faites au premier tour (face au Ghana et au Nigeria). Il avait ensuite �cart� la Guin�e en quarts (3-2) vendredi. "Les Lions de la T�ranga jouent contre l'Egypte, le pays organisateur, de surcro�t dans son jardin f�tiche. Nous n'avons aucune pression, nous jouerons tout en sachant que c'est un match de coupe, c'est-�-dire que si on ne gagne pas, on perd tout", a-t-il dit. "L'Egypte est en tr�s nette progression et en bonne confiance, soutenue par 80.000 mecs dans une ambiance indescriptible", a ajout� Abdoulaye Sarr. "Il faut �tre mentalement fort pour tenir pendant 90 minutes et �ventuellement au-del�, mais nous sommes des habitu�s des hautes comp�titions, mes gar�ons sont pr�ts � tout", a-t-il encore affirm�. La s�lection s�n�galaise, qui s�journait � Isma�lia depuis le d�but de la comp�tition, �tait arriv�e dimanche soir au Caire. L�engagement des stars En c�l�brant leur succ�s contre le Cameroun en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations de football, samedi, les Ivoiriens ne f�taient pas seulement "leur" victoire mais la partageaient aussi avec leur pays secou� par la guerre, comme le font d'autres �quipes africaines. La C�te d'Ivoire �tait la troisi�me s�lection des quarts de la CAN, apr�s la RD Congo et la Guin�e, � entrer sur le terrain avec quelque chose de plus sur les �paules que la pression de jouer pour sauver leur r�putation ou la t�te de leur entra�neur. Bien d'autres pays plus riches et plus calmes partagent cette fiert� des succ�s du onze national, mais peut-�tre les victoires r�jouissent-elles plus profond�ment les supporteurs qui subissent la pauvret�, la famine ou la guerre. Les El�phants savent que, dans un pays coup� en deux depuis quatre ans, sans gu�re de signe d'accalmie, ils peuvent apporter un peu de r�confort aux deux camps. "Nous avons une r�elle responsabilit�, car notre pays est en guerre", avait dit le d�fenseur Kolo Tour� avant le d�but de la CAN. "Nous voulons montrer que la C�te d'Ivoire, ce n'est pas seulement la guerre, et nous savons que tout le pays compte sur nous pour donner une meilleure image" des Ivoiriens, avait-il insist�. Peu d'�quipes, en effet, auraient f�t� la premi�re qualification de leur histoire pour une Coupe du monde par une pri�re pour la paix, comme l'a fait la C�te d'Ivoire en novembre autour de Didier Drogba, meilleur joueur, guide et buteur des El�phants. Agenouill�s dans les vestiaires, enlac�s en ronde, ils avaient �cout� le joueur du Chelsea � paillettes supplier au micro de la t�l�vision : "Ivoiriens, nous vous demandons de pardonner. Rassemblons-nous et oublions cette guerre". Il avait �lev� en exemple les El�phants, qu'ils soient du Nord ou du Sud unis pour la victoire. La RD Congo a travers� une guerre civile bien plus sanglante et meurtri�re, dont les braises br�lent encore. Et certains joueurs des Simbas sont tr�s loin de l'image des stars surpay�es du football professionnel occidental. Ceux des grands clubs locaux, comme le Tout-Puissant Mazembe Lubumbashi, pay�s une trentaine de dollars par mois - une fortune en RD Congo -, sont forts conscients de leurs responsabilit�s. "Le peuple a vraiment souffert et n'a pas eu de raison de go�ter la vie", explique Lomana Lua Lua, le capitaine congolais, qui, � Portsmouth, jouit d'un salaire "Premier League". "Nous pouvons au moins les soutenir un peu, leur donner une raison de sourire" poursuit le joueur arriv� en Angleterre � 10 ans. Les Congolais n'ont pas souri plus loin que les quarts, balay�s par l'Egypte 4 � 1. Mais les Simbas ont tout de m�me rempli leur mission en permettant � leurs supporteurs de penser � autre chose pendant quinze jours. La Guin�e aussi a quitt� l'Egypte apr�s les quarts, battue 3-2 par le S�n�gal. "Beaucoup de gens en Guin�e nous montrent du doigt quand nous revenons au pays et disent que nous ne n'y sommes qu'en vacances, pour montrer que nous sommes plus riches qu'eux", raconte le meilleur joueur guin�en, Pascal Feindouno. "Nous avons prouv� ici � ces gens qu'ils avaient tort (le Sily national a gagn� ses trois matches de poule), rendu fier de nous le peuple guin�en et avons d�tourn� pour un temps leurs esprits de la mis�re quotidienne", conclut-il. HENRI MICHEL (SELECTIONNEUR DE LA COTE D'IVOIRE) �Le plus dur est � venir� Le s�lectionneur de la C�te d'Ivoire, le Fran�ais Henri Michel, a estim� dimanche que "le plus dur est � venir" pour les El�phants, au lendemain de leur qualification pour les demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations de football face au Cameroun (12-11 aux tirs au but). La C�te d'Ivoire, le seul mondialiste encore en course dans cette CAN, doit affronter aujourd�hui � Alexandrie le Nigeria en demi-finale. Q : Cette victoire face au Cameroun, qui vous avait battus deux fois lors des �liminatoires, �tait vraiment importante pour le groupe... R : "Quand on s'est qualifi�s pour le Mondial, les gens disaient qu'on ne m�ritait pas, que le Cameroun m�ritait. Quand on a perdu le match face au Cameroun � Abidjan (3-2, lors des �liminatoires, ndlr), c'�tait la catastrophe. Et l�, ce match est venu � point pour remettre les pendules � l'heure : on a d�montr� qu'on avait bien notre place � la Coupe du monde." Q : Vous aviez essuy� pas mal de critiques apr�s la qualification, et l� on vous sent assez revanchard... R : "J'ai tellement peu aim� les discours auxquels on a eu droit apr�s notre qualification. Donc c'est bien, je suis content pour �a. Il n'y a pas un entra�neur qui peut dire qu'il est content quand il est critiqu�. La critique, elle vaut quand elle est fond�e, mais l�, elle servait � faire mal. Mais on ne peut rien y faire." Q : Vous sentez votre �quipe lib�r�e gr�ce � cette victoire ? R : "Oui, et c'est normal. Mais �a va un peu plus loin que �a. On a franchi un pallier. C'est une �quipe toute neuve, qui apprend. Le premier objectif, c'�tait de se qualifier pour la Coupe du monde, on l'a fait. Apr�s, de rencontrer de grandes �quipes, avant la CAN, on l'a fait. Passer le 1er tour, on l'a fait, le quart de finale, on l'a fait... Et maintenant la demi-finale, et on va le faire..." Q : C'est une victoire id�ale, non seulement pour la CAN, mais en vue de la Coupe du monde... R : "Contrairement � ce qu'on dit, ou � ce que l'on peut lire �la C�te d'Ivoire, meilleure �quipe du monde�... Meilleure �quipe du monde rien du tout. On n'a encore rien fait. Le plus dur est � venir. On n'a encore rien prouv� sur le terrain. Il ne faut pas dire que le plus dur est fait. Si on veut gagner, il faut tout gagner. Le probl�me avec la C�te d'Ivoire, c'est la limite entre la confiance et la suffisance. Ce n'est pas parce qu'on a battu le Cameroun qu'on est champions du monde." Q : C'est tout de m�me bon pour la confiance ? R : "J'aurais pr�f�r� qu'on gagne 1 � 0. La confiance, elle vient avec les r�sultats. Alors l�, il y a, c'est vrai, un petit capital, qu'il faut capitaliser justement." Q : Vous avez � un moment envisag� de perdre ce match ? R : "Si on avait �t� battus, cela aurait �t� une catastrophe, comme cela doit l'�tre en ce moment au Cameroun. Alors que cela s'est jou� sur un rien. J'ai un peu l'habitude, mais... On sait de toute fa�on qu'on a des couteaux qui nous attendent. Il faut �tre vigilant, il ne faut pas se satisfaire de ce qu'on a." Q : Vous affrontez le Nigeria en demi-finale, vous pensez quoi de cette �quipe? R : "Je ne l'ai pas beaucoup vu jouer depuis le d�but, mais bon, on la conna�t. C'est un peu le m�me style que le Cameroun, tr�s physique, tr�s solide. De toute fa�on, ce sera naturellement difficile. Peut-�tre qu'on aura un petit avantage au niveau de la fra�cheur." Q : Depuis le d�but de cette CAN, vous paraissez extr�mement serein? R : "C'est l'image que je voulais donner aux joueurs avant ce match face au Cameroun. Je donne une image comme �a, mais je ne suis pas tranquille... Il y a tellement de sensations en tant qu'entra�neur. A chaque fois que l'on gagne, on en profite quoi, 5 minutes, une journ�e ? Et puis apr�s, on est d�j� dans le prochain match. C'est un m�tier d'imb�cile, un m�tier de con." Q : Vous pourriez arr�ter, pourtant? sR : "Mais c'est la passion. J'aime tout �a, d�couvrir les joueurs, tous les jours j'apprends quelque chose. Aux c�t�s des Ivoiriens, j'ai appris leur fonctionnement, leur mani�re d'aborder les probl�mes... J'ai vraiment beaucoup appris." Propos recueillis par Cyril Touaux
CANCAN Moubarak chez les pharaons Les journalistes autoris�s � suivre l'entra�nement des "Pharaons" dimanche soir ont �t� emp�ch�s de p�n�trer dans l'enceinte du stade international du Caire par de solides gaillards. Le pr�sident Hosni Moubarak �tait en visite strictement priv�e. Il �tait venu encourager les joueurs. Ce n'est que lorsqu'il a quitt� le stade que les journalistes ont pu faire leur travail. Okocha est �pr�t� Si je n'ai pas jou� jusqu'� pr�sent, c'est que je ne me sentais pas physiquement au point. Maintenant tout va pour le mieux. Je pense �tre sur le terrain pour la demi-finale contre la C�te d'Ivoire". L'insaisissable Jay Jay peut �tre une des donn�es majeures de la confrontation Super Eagles - El�phants.