En farfouillant dans l�arri�re-boutique de mon disque dur o� j�avais stock�, voil� longtemps, une mati�re sauv�e de l�oubli gr�ce aux vieilles �disquettes�, j�ai retrouv� cet article paru le 17 novembre 1997 dans les pages du �Soir Sat�. Je l�ai relu. Et j�ai �t� afflig� de constater que, pr�s de dix ann�es apr�s, cet article restait valable ! En dehors d�un gigantesque effort en mati�re d��quipement informatique, de modernisation des t�l�communications et de perc�e remarquable du t�l�phone mobile et d�Internet, les questions sur la strat�gie globale dans le domaine de la communication, et notamment l�audiovisuel, restent pos�es dans les m�mes termes ! Relisez cet article vieux d�une dizaine d�ann�es. Zeroual �tait pr�sident et, pour se connecter � Internet, il fallait passer par le Cerist et le vieux modem� Habib Chawki animait des �missions patriotiques au titre mobilisateur : �Wakafet�� c��tait avant qu�il ne se transforme en �psy� people devant la chemin�e d�un d�cor bourgeois. C��tait encore le temps o� l�on pouvait appeler les choses par leur nom� En cette fin de si�cle marqu�e par la r�volution num�rique, les nations qui n�gligent les technologies nouvelles, ou se d�tournent d�elles, ne peuvent s�accrocher au train du progr�s. Elles seront l�ch�es sur les quais t�n�breux d�une gare de campagne, retournant aux si�cles obscurs. Si le XIXe si�cle et le d�but de notre si�cle ont �t� fortement impr�gn�s par la r�volution industrielle, la fin du deuxi�me mill�naire de notre �re marque d�une mani�re d�finitive l�agonie de cette r�volution et l�entr�e dans un nouveau syst�me, bas� sur les services et les �changes d�informations. Dans un monde o� l�image est devenue le principal moyen de communication, la r�alit� virtuelle s�est impos�e dans beaucoup de cas � la r�alit� tout court. Vous n�avez plus besoin de palper du papier journal pour lire vos informations ou feuilleter votre quotidien pr�f�r� ! Vous n�avez plus besoin de la pr�sence physique d�une cha�ne HIFI pour �couter vos CD : une station compl�te et sophistiqu�e appara�t � l��cran et vous pouvez enregistrer, �couter de la musique en qualit� laser o� parcourir les stations FM si vous �tes �quip�s d�une antenne ! Votre ordinateur peut aussi se transformer en t�l�viseur, en t�l�phone, en fax, en station de mixage audio, en r�gie de montage vid�o ! Comme il peut devenir un espace d��changes avec l�abonnement � Internet qui vous donne la possibilit� de dialoguer avec des millions de personnes r�parties � travers les cinq continents. Vous avez �galement la possibilit� de consulter plusieurs encyclop�dies sans vous lever et sans ouvrir un seul volume : les CD-ROM contiennent toute la connaissance universelle et un disque de quelques centim�tres peut remplacer plusieurs livres ! Les jeux vid�o ont trouv� le plus naturellement du monde, dans l�ordinateur, le support id�al pour p�n�trer les foyers et c�est aujourd�hui l�une des industries les plus florissantes du secteur� Le multim�dia est devenu incontournable dans la vie moderne. Les pays d�velopp�s, pr�curseurs en la mati�re, ont compris qu�il ne suffisait plus d��tre une puissance industrielle pour dominer le monde. C�est � celui qui d�tient la technologie et contr�le la circulation de l�information qu�appartiendra la v�ritable puissance. M�me le flux des capitaux et l��change des informations boursi�res qui a fait le bonheur des grandes places financi�res mondiales montrent leurs limites et s�essoufflent devant le d�sordre croissant n� de la sp�culation. Aujourd�hui, le succ�s s�appelle egouvernement, t�l�vision, technologies nouvelles. (�) Dans le domaine des services audiovisuels, la Tunisie et le Maroc ont construit des studios o� sont tourn�s dramatiques et feuilletons moyen � orientaux, ainsi que des superproductions hollywoodiennes ! Chez nous, l�honneur mal plac� a fait que nous refusons tous les sc�narios et il faut vraiment que les textes plaisent pour que l�on d�livre les autorisations de tournage. Et pourtant, avec un peu d�imagination et un sens aigu de la commercialit�, l�Alg�rie aurait pu devenir le second Hollywood, car aucun pays d�Afrique et d�Europe n�a autant de paysages divers rassembl�s dans un seul territoire ! Les Alg�riens ne sont pas pourtant des bras cass�s ! Dans le secteur de la culture et de la communication, nous avons des comp�tences et des valeurs s�res. Mais il faut toujours aller � Paris ou au Caire pour percer. La culture officielle qui n�arrive pas � d�coller de novembre et qui tourne en rond entre le 20 ao�t et le 5 juillet, a �touff� toutes les vell�it�s. Il suffit qu�un journaliste de l�ENTV passe la fronti�re pour que les Alg�riens d�couvrent son immense talent sur les nouvelles cha�nes arabes. Nos chanteurs, nos cin�astes, nos com�diens, nos artistes, superbement ignor�s dans leur propre pays, arrivent � s�imposer facilement � l��tranger ! Une combinaison d�aust�rit� paysanne et de d�cence mal plac�e impose une moralisation excessive de la culture. En Iran, on ne ferait pas mieux ! Alors, si nos jeunes se tournent vers cet universel qui a totalement disparu chez eux, � qui la faute ? Nos responsables de l�audiovisuel devraient s�int�resser un peu plus � ce qui se passe ailleurs ! Et nous ne leur parlerons pas d�Occident, parce que nous savons qu�ils nous attendent au tournant. Non, parlons des Arabes ! Nos fr�res arabes qui ont compris que la voie de la modernit� �tait le seul salut pour sortir d�finitivement du sous-d�veloppement. Et la communication joue un r�le primordial dans l�approche qu�ils ont des probl�mes de la jeunesse, de l'extr�misme et de l�arri�ration. Comment allons-nous aborder le si�cle futur ? Combien y a-t-il d�ordinateurs dans les �coles et les foyers (1)? De combien de sites disposons-nous sur Internet ? Quel est le nombre des abonn�s au r�seau des r�seaux ? Que passent � longueur de journ�e nos radios locales ? De combien de cha�nes de t�l�vision disposons- nous ? Sommes-nous pr�sents dans les grandes options num�riques qui passent par-dessus nos t�tes ? Existe-t-il une seule rotative de presse priv�e (2) ? Existe-t-il une seule radio priv�e ? Nos spots publicitaires t�l�vis�s sont-ils � la hauteur ? O� allons-nous ? O� va l�Alg�rie ? Cette question fondamentale pos�e par feu Boudiaf, reste d�une actualit� br�lante. Entre des gouvernants qui r�vent de revenir au verrouillage des ann�es de plomb et qui accumulent b�vue sur b�vue et des partis politiques qui activent dans deux rues de la capitale et ignorent royalement le reste du pays, entre les uns et les autres obnubil�s par les questions de pouvoir, l�Alg�rien prouve encore une fois qu�il est allergique � la politique politicienne. Cela ne veut pas dire qu�il est insensible ou �absent�. S�il ignore l�ENTV, c�est parce qu�on lui offre mieux ailleurs. Et m�me en politique, il reste un grand connaisseur. Il a suffi que l�on fasse appel � un homme, Abdou B. pour ne pas le nommer, pour que l�ensemble des �parabolis�s� se d�tournent des programmes �trangers, afin de suivre les d�bats francs et anim�s entre leaders politiques. L�ENTV battait, en ces temps-l�, toutes les autres cha�nes� L�espoir vient pourtant d��tre raviv� avec la derni�re directive du pr�sident de la R�publique (3) qui prouve que toutes ces pr�occupations ne sont pas occult�es au sommet. Bien au contraire, les points soulev�s avec force montrent, � l��vidence, que l�on a une conscience aigu� de l�importance du sujet. Reste � appliquer tout ce vaste programme. Encore une fois, nous buterons sur la sempiternelle question des hommes�. M. F. (17 novembre 1997) (1) : A l��poque, c��tait le triste monopole du Cerist. Mais, � voir les monopoles �priv�s� des nouveaux trabendistes de la bande passante, on est en face d�un choix vraiment r�duit. (2) : Depuis, il y a eu la rotative d�El Watan / El Khabar, ainsi que certaines unit�s appartenant � des priv�s. (3) : Il s�agit de la directive 17 du pr�sident Zeroual.