��L�opinion arabe a une tr�s bonne perception de la r�forme et souhaite la voir effective dans plusieurs domaines de la vie.� Telle est la conclusion � laquelle arrive un sondage effectu� par The Arab Reforme Initiative (une coordination de nombreux centres de recherche sp�cialistes du monde arabe) et The Center for Strategic Studies de Jordanie (*), effectu� en janvier dernier et dont les r�sultats viennent d��tre publi�s. Les secteurs de pr�dilection de la r�forme sont respectivement ceux de l��conomie et de la politique avec une attention particuli�re pour la corruption. La majorit� des personnes interrog�es estiment que la d�mocratie est de nature � conduire � davantage de stabilit�, m�me si leur priorit� va aux r�formes �conomiques, avec une attention particuli�re pour la situation familiale. Sur le plan politique, l�opinion arabe a une pi�tre opinion du parlementarisme, per�u comme une chambre d�enregistrement. Curieusement, le sondage �tablit que l�opinion, en g�n�ral, soutient les droits des femmes et des minorit�s religieuses. Quatre pays ont �t� s�lectionn�s pour sonder l�opinion arabe : l�Egypte, la Jordanie, le Liban et le Maroc. Un accent particulier semble avoir �t� accord� aux questions li�es aux libert�s d�mocratiques, comme indicateur majeur de l��tat de la d�mocratie et de l�appr�ciation de la maturit� des r�formes dans la r�gion. Les concepteurs du sondage y voient �un mat�riau d�information empirique sur une vision soci�tale de la r�forme pour aider au d�bat et au dialogue sur la question�. La �r�forme� est une formule usit�e par diff�rents groupes et �lites avec une acception diff�rente, parfois contradictoire. Le citoyen arabe, cens� �tre le b�n�ficiaire des r�formes, a une perception �confuse� des concepts, m�thodes et priorit�s des ces m�mes r�formes. Le d�bat qui tourne autour est essentiellement aliment� par la compr�hension qu�en ont les �lites. Cela suffit � dire que �l�opinion publique est capable de contribuer au dialogue sur la r�forme� et sugg�rer que l�impression g�n�rale plaide pour la n�cessit� d�une r�forme dans le monde arabe. La d�finition des r�formes qui ressort du sondage couvre un champ extraordinaire : � elles sont une r�ponse � des contraintes g�n�rales, comme la corruption financi�re, les libert�s publiques et la situation �conomique ; � elles sont une issue au v�cu quotidien de certaines cat�gories sociales, particuli�rement sensibles � la pauvret�, au ch�mage et aux discriminations ; � elles sont le rem�de au d�veloppement politique ; � elles doivent couvrir tous les secteurs d�activit�, beaucoup de personnes interrog�es �tablissant une corr�lation entre les r�formes attendues dans la sph�re politique, de la d�mocratie et du droit, d�une part, et le d�veloppement de l��conomie et des services, d�autre part ; - elles peuvent �tre un levier idoine pour relever les d�fis dans des domaines socioculturels : �limination de l�illettrisme, relance de l��ducation et r�pression de la criminalit�. Cinq secteurs sont cit�s comme prioritaires en mati�re de r�formes : la lutte contre la corruption financi�re et administrative, la r�forme �conomique, la r�forme sociale et culturelle, la r�forme politique la r�forme multisectorielle. La d�finition dominante varie selon les conditions particuli�res � chacun des quatre pays, mais le secteur commun de pr�dilection de la r�forme demeure l��conomie, suivie de la corruption, plus loin de la r�forme politique. Le facteur externe et l�ouverture sur le reste du monde occupent une place croissante et positive � comparable au cas est-europ�en � dans le processus de r�formes et affectent grandement sa perception. �Les Occidentaux le savaient tr�s bien au milieu des ann�es 1990 lorsqu�ils favoris�rent des r�formes d�mocratiques dans le monde arabe, comme ce fut le cas du Processus de Barcelone en 1995.� La �demande ext�rieure de r�forme� est particuli�rement forte depuis le 11 septembre, la seconde guerre et l�occupation de l�Irak, puis son extension � l�Afghanistan. L�enqu�te cible la r�ceptivit� de cette demande : �L�opposition la plus forte � l�endroit de la demande ext�rieure de r�formes s�exprime au Liban et en Egypte. Marocains et Jordaniens y sont moins r�ticents.� Les auteurs du rapport se contenteront alors de ce que ; � le rejet de la demande ext�rieure des r�formes n�est pas unanime ; � une part significative de l�opinion y serait m�me favorable sous conditions (qu�elle ne serve pas les int�r�ts de forces �trang�res). La r�forme �conomique affecte un secteur particulier : la red�finition du r�le de l�Etat. Nous demeurons dans la configuration des ann�es 1980 o� l�Etat et ses institutions financi�res furent contraints de prendre en consid�ration certains fondamentaux de l��conomie de march�, notamment le fait que le secteur public, qui a pris des proportions dominantes dans certains secteurs du pays, �tait devenu incompatible avec la croissance �conomique. L�opinion publique arabe constate cependant une d�t�rioration de la situation �conomique au cours des trois derni�res ann�es. C�est notamment le cas dans les secteurs de l��ducation et de la sant� o� une qualit� m�diocre de l�offre de services publique l�gitime fortement l�intervention du secteur priv� (sauf en Jordanie). Les libert�s, la d�mocratie, la r�forme politique et le facteur externe constituent un chapitre � part du sondage. �L�analyse et l��tude de la structure des r�gimes politiques arabes affecte une place particuli�re aux facteurs tribal, religieux ou r�gional � en cohabitation ou combinaison avec des �l�ments de modernit� en mati�re militaire et de s�curit�.�.Cette situation indique que le dialogue sur la d�mocratisation dans le monde arabe est particuli�rement complexe. Si la troisi�me vague qui a affect� l�Europe de l�Est pour transformer ses Etats totalitaires en d�mocraties n�a pas atteint le monde arabe, cela tient � des raisons d�une extr�me complexit�. Lorsqu�on mesure la compr�hension de la d�mocratie par l�opinion arabe, on constate qu�elle la ram�ne � quelques indicateurs couvrant les champs d�int�r�ts suivants : � les libert�s fondamentales, y compris les libert�s individuelles, de circulation et d��tablissement ; � les libert�s d�opinion et de croyance ; � la libert� de la presse ; � la libert� d�association civile et politique ; - la libert� d��lire des conseils repr�sentatifs, aussi bien municipaux que l�gislatifs : l�opinion publique arabe a g�n�ralement une appr�ciation n�gative de l�exp�rience parlementaire. Si le cas �gyptien est consid�r� comme le plus concluant, c�est au Maroc que la plus haute proportion de d��us est enregistr�e. L�opinion est quasi unanime � souligner l�int�r�t de deux libert�s fondamentales : la presse et les �lections. A un palier au-dessous vient la libert� d�opinion et de pens�e, �l�exception libanaise � en faisant m�me pour 94 % des personnes interrog�es, un pilier �tr�s important � de la d�mocratie. Dans les autres pays, les trois quarts la croient �importante �, avec toutefois une distinction entre les libert�s de pens�e et de croyance qui s�explique par �l'ambigu�t� du terme croyance qui couvre les sph�res religieuse, intellectuelle ou politique. C�est ce qui explique le fort pourcentage libanais. Si l�opinion consid�re que les libert�s fondamentales sont le plus souvent garanties par la loi, 20 � 35 % des personnes interrog�es estiment toutefois qu'elles ne le sont toujours pas. Les obstacles � l��largissement de l�exercice des libert�s d�mocratiques tiennent, pour l�opinion arabe, � l'instabilit�, � la d�gradation de la situation �conomique et, enfin, � l�inaptitude des gens � pratiquer une pleine d�mocratique. L�id�e que la d�mocratie peut �tre source de d�sordre et d�instabilit� est aliment�e par l�exp�rience irakienne de violence sectaire, les combats fratricides entre factions palestiniennes et les d�sordres internes g�n�r�s par la n�buleuse islamiste dans d'autres pays comme le n�tre. A. B. (*) Arab Reform Initiative and Center for Strategic Studies, Jordan. Public Opinion Surveys Trends in Arab Public Opinion Towards Reform, January 2009.