Longtemps mise à la marge par l'importation des tissus et vêtements de prêt-à-porter, la filière textile veut reprendre sa place dans l'économie nationale en reprenant notamment des parts de marché. Grâce aux aides de l'Etat, le complexe textile industriel de Draa Ben Khedda, à Tizi-Ouzou, filiale de l'Entreprise algérienne des textiles industriels et techniques (EATIT), ambitionne de reconquérir ses parts des marchés national et régional. Ayant profité de plans de redressement visant à maintenir l'activité de cette usine qui était un des fleurons de l'industrie nationale qui fournissait le marché européen en tissus de qualité, ce complexe a également bénéficié d'une opération de réhabilitation et de modernisation de certains procédés de fabrication, visant à augmenter ses capacités de production et à améliorer la qualité du produit. Une enveloppe financière de 3,5 milliards de DA a été débloquée pour la réalisation des travaux de réhabilitation et de modernisation, a-t-on xpliqué à l'APS lors d'une récente visite de ce complexe. Ces travaux ont notamment concerné la filature pour une capacité de production de 3.000 tonnes/an, la préparation de tissage, le retordage, la mise à niveau de l'usine, l'installation d'une centrale d'air comprimé et l'acquisition de métiers à tisser. Outre le complexe de DBK, une autre usine sise à Relizane rentrera bientôt en production. Créée dans le cadre d'un partenariat algéro-turc, cette usine de filature de coton va entrer en production en début mars à Relizane avec une capacité de production de 9.000 tonnes/an. Cette usine fait partie d'un projet de complexe composé de huit usines de production intégrée appartenant à la joint-venture Tayal formée de deux entreprises de Getex (Texalg et C&H), du holding Madar (ex-Snta) et de l'entreprise turque Intertay. Outre cette usine de filature, le complexe sera composé d'usines de tissage, de traitement, de confection, de bonneterie, et d'ennoblissement de tissus, soit le finissage, le blanchiment et la teinture. Le projet est réalisé en deux étapes: la première, qui se terminera d'ici à fin 2018, porte sur la réalisation de huit usines totalement intégrées, d'un centre d'affaires et d'une école de formation en métiers de tissage et de confection avec une capacité d'accueil de 500 stagiaires par session. Un pôle immobilier résidentiel pour le personnel (567 logements) y figure aussi. Le complexe, implanté sur une superficie de 250 hectares, aura à satisfaire les besoins du marché national en vêtements de femmes, hommes et enfants avec une production d'environ 30 millions de mètres linéaires de tissus, de 12 millions de pantalons jean/an et de 6 millions de chemises avec 40% réservés au marché national et les 60% restants à l'exportation. Objectif : grand public et export «Nous fabriquons et commercialisons aux grandes institutions et entreprises publiques des uniformes, des combinaisons, des tenues de travail et d'autres produits. Nous ne devons pas perdre ce marché et pour cela, nous restons à l'écoute des clients», relève le PDG du groupe public des textiles et cuirs (Getex), Salah Malek. Selon lui, la clientèle institutionnelle se compose essentiellement des services de la Justice, de la Protection civile, de la police et de la Direction générale des forêts, alors que du côté des entreprises publiques économiques, les commandes proviennent surtout de Sonatrach, d'Air Algérie et des sociétés relevant, entre autres, des filières de la cimenterie et de la mécanique. Dans le cadre de son programme de développement, un montant de crédits de 21 milliards de DA a été obtenu par le groupe dont 19 milliards de DA ont été consommés, alors que les 2 milliards DA restants seront affectés au fur et à mesure des besoins exprimés. Questionné sur les projets visant la clientèle grand public, le P-dg de ce groupe avance que l'objectif pour 2018 est de réaliser une croissance à 10% du chiffre d'affaires global sur ce segment à travers l'entreprise de distribution Jackets Club constituée de 22 magasins, tandis qu'une vingtaine d'autres devront entrer en activité dans le courant de l'année 2018, en misant sur la clientèle féminine et enfants.