La Russie a réitéré, hier, sa position sur le dossier syrien. Devant les pressions américaines et le matraquage médiatique sur ce dossier, le président Poutine a rappelé que le Conseil de sécurité de l'ONU ne possède pas de données précises indiquant qui a recouru aux armes chimiques en Syrie. Selon lui, il convient donc d'attendre les conclusions des experts de l'ONU pour envisager une action internationale en Syrie. En effet, le président russe Vladimir Poutine, a lors d'une interview accordée à la première chaîne russe et à l'agence Associated Press, affirmé : «Nous n'avons pas de données précises sur ce qui s'est passé. Nous considérons qu'il faut au minimum attendre les résultats des enquêtes menées par la Commission d'inspection de l'ONU. Nous ignorons la nature exacte de ces matières chimiques, on ne sait pas si ce sont des armes chimiques proprement dites ou d'autres matières chimiques nocives, et on ignore si elles ont été utilisées précisément par l'armée gouvernementale officielle syrienne.» Selon le président russe, «si quelqu'un à des informations attestant que des matières chimiques ont été utilisées, et l'ont été précisément par l'armée régulière, ces preuves doivent être présentées au Conseil de sécurité de l'ONU et doivent être convaincantes». Le président russe a qualifié d'«atroces» les images-vidéo montrant des enfants blessés lors de l'attaque. «La question est uniquement de savoir qui a fait ça, qui est coupable. Ces images en elles-mêmes ne donnent pas de réponses à ces questions. Il existe une opinion selon laquelle elles auraient été compilées par les insurgés eux-mêmes, qui comme nous le savons bien, et l'administration américaine le reconnaît, sont liés à Al-Qaïda et ont toujours été d'une cruauté particulière», a-t-il ajouté. Samedi 31 août, le président américain Barack Obama, a demandé au Congrès de donner le feu vert à une opération militaire contre le régime de Bachar Al Assad en réponse à l'attaque chimique du 21 août. D'après un rapport du renseignement US, l'attaque a fait au moins 1429 morts, dont 426 enfants. Les autorités syriennes affirment, pour leur part, n'avoir jamais utilisé de gaz de combat contre les civils. Toutefois, le président russe a aussi averti que dans le cas contraire, toute action militaire serait à considérer comme une «agression». «Selon le droit international, seul le Conseil de sécurité de l'ONU peut décider de l'usage des armes contre un Etat souverain». Dans le cas contraire, «l'usage de la force vis-à-vis d'un Etat indépendant et souverain sera inacceptable et ne pourra être qualifié que d'agression», a-t-il dit. Washington a dit être prêt à lancer des frappes sans le feu vert de l'ONU. Ce qui a été dénoncé par la communauté internationale. L'initiative de l'Irak Hier, le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki, a avancé une initiative de règlement de la crise syrienne. «Nous sommes catégoriquement opposés à une ingérence militaire sous le prétexte de sanctionner l'emploi d'armes chimiques. Dans le même temps, l'Irak condamne l'utilisation d'armes chimiques par qui que ce soit», a indiqué M. Al Maliki à la télévision. Le Premier ministre irakien a proposé d'instaurer un cessez-le-feu en Syrie, d'arrêter les livraisons d'armes aux deux parties en conflit et de chasser les combattants étrangers du sol syrien. Il a appelé les pays arabes à ne pas mettre leur territoire à la disposition des Etats souhaitant lancer une opération militaire en Syrie. Par ailleurs, M. Al Maliki a appelé, d'une part, l'ONU à poursuivre son enquête sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, et d'autre part, à contraindre les autorités et l'opposition syriennes à entamer des négociations soumises à un calendrier strict. Ces négociations doivent permettre d'élaborer une «feuille de route» des élections libres et de dresser la base d'un transfert pacifique du pouvoir. «Nous espérons que nos amis arabes et les parties en conflit syrien étudieront cette initiative qui est destinée à préserver l'Etat et protéger le peuple syrien, ainsi qu'à garantir la sécurité et la stabilité dans la région», a conclu M. Al Maliki. Le débat sur la Syrie a gagné également l'Europe. Les «frappes punitives» envisagées par le président François Hollande contre les autorités de Damas ne permettraient pas de régler le conflit en Syrie, a estimé hier Arnaud Danjean, président de la sous-commission sécurité et défense (SEDE) du Parlement européen. «Telles qu'elles sont envisagées, les frappes punitives ne me paraissent pas une solution très pertinente», a déclaré l'eurodéputé cité par des médias européens. Il a rappelé à cette occasion que les bombardements des camps de Ben Laden en Afghanistan en 1998 n'avaient pas empêché les attentats du 11 septembre et que les frappes contre les Bosno-Serbes à Sarajevo en 1995 n'avaient pas prévenu le massacre de Srebrenica. «Ces frappes limitées n'ont aucun impact si ce n'est celui de nous donner bonne conscience», a déclaré M. Danjean. Le parlementaire estime que la nature des produits utilisés en Syrie n'est pas établie. «Restent les questions sur la nature précise des produits utilisés et sur «qui a décidé quoi ?». On ne peut exclure qu'elles (les frappes chimiques, ndlr) aient été le fait de forces autonomes ou que certaines personnes aient voulu mouiller Assad. Il y a encore toute une série de spéculations et de questions qui demeurent», a indiqué M. Danjean. Le plan d'attaque américain Le plan d'attaque américain contre la Syrie a été présenté mardi soir au Sénat. Il fixe une limite de 60 jours à une intervention militaire, avec possibilité de prolongation de 30 jours, et il interdit l'envoi de troupes au sol. L'objectif de ce plan est de réduire les capacités de l'armée syrienne, surtout l'aviation ce qui va permettre à Obama d'aider la «rébellion» afin de remporter la victoire et de prendre le pouvoir en Syrie.