Malgré la dynamique que connaissent ces dernières années les relations économiques entre l'Algérie et l'Espagne, il reste certains problèmes à surmonter. Du côté espagnol, les mesures prises pour limiter les importations ont eu des conséquences graves sur son économie, notamment pour les fabricants des matériaux de construction qui ont exprimé officiellement leur désarroi. Le gouvernement algérien, quant à lui, a soulevé le droit d'instaurer des mesures de sauvegarde pour préserver ses équilibres financiers. Cependant, il existe d'autres dossiers qui consolident le partenariat faisant de la coopération algéro-espagnole un exemple en matière d'interdépendance profitable aux deux parties. La visite qu'effectuera aujourd'hui, le Président du Gouvernement d'Espagne, Mariano Rajoy Brey, dans le cadre de la 7ème session de la réunion bilatérale algéro-espagnole de Haut niveau, devra donc s'attarder sur l'ensemble des questions économiques liant les pays de la Méditerranée. Un forum d'affaires algéro-espagnol est d'ailleurs prévu avec la participation d'hommes d'affaires des deux pays activant dans plusieurs secteurs. Dans le domaine de l'énergie, il faut souligner que les deux pays ont réussi, à plus d'une fois, à mettre sur pied plusieurs projets de grande envergure et à signer des contrats devant ancrer davantage leur coopération dans ce secteur. D'abord, il y' a les gazoducs reliant les deux territoires faisant de l'Espagne un client traditionnel et de l'Algérie un fournisseur sérieux et stable. Les investissements de Cepsa et de Repsol en Algérie sont aussi importants. Parmi les dernières réalisations ayant marqué ce partenariat énergétique figure le Groupement gazier de Timimoune (GTIM) à Hassi Barouda (wilaya d'Adrar) inauguré récemment pour la production de gaz et de condensats. Cette réalisation est le fruit d'un partenariat entre Sonatrach (51%), l'espagnole Cepsa (11,25%) et la française Total (37,75%). S'ajoute le complexe gazier Reggane Nord qui est une association entre Sonatrach et ses partenaires Repsol (Espagne), RWE-DEA (Allemagne) et Edison (Italie), inauguré en décembre 2017. Cet investissement figure parmi les premiers projets gaziers développés dans le sud-ouest du pays. La coopération énergétique entre l'Algérie et l'Espagne a été également marquée par la signature de plusieurs contrats tels celui de l'exploitation du champ pétrolifère de Rhoude el Krouf dans le bassin de Berkine (Ouargla), signé en janvier dernier entre Sonatrach, l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft) et le groupe espagnol Cepsa. Aussi, Sonatrach et Cepsa sont en train de réfléchir sur un investissement dans le domaine de l'énergie solaire. Plus encore, le groupe Sonatrach et la compagnie pétrolière espagnole Repsol avaient signé en juin dernier un accord global visant à consolider leur partenariat existant, afin de permettre aux deux compagnies de fructifier leur partenariat à travers la poursuite de l'exploitation conjointe et le règlement à l'amiable des différends existants entre elles. Outre l'énergie, les deux pays ont vu leur coopération s'intensifier dans le secteur financier à travers la signature d'une convention portant sur la conversion d'une partie de la dette algérienne, détenue par l`Espagne, en investissements agricoles dans la filière oléicole. Concernant les investissements déclarés auprès de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi), il est relevé que 65 projets d'investissements impliquant des promoteurs espagnols ont été enregistrés auprès de cette agence sur les 15 dernières années pour un montant de l'ordre de 170 milliards de DA devant générer 5.665 postes d'emplois directs. Sur ces 65 projets déclarés, 47 ont été réalisés, soit un taux de réalisation de 72% en terme de nombre de projets pour un montant de près de 150 milliards de DA et générant 1.744 emplois directs, selon les chiffres de l'Andi. Parmi les pays ayant investi en Algérie, l'Espagne se classe au 4ème rang en terme de nombre de projets, au 7ème rang en volume financier et en 5ème position en nombre d'emplois. Concernant les investissements en provenance des pays européens, l'Espagne se classe au 3ème rang en termes de nombre de projets, de volume financier et de nombre d'emplois après la France et la Turquie. Selon l'Andi, les principales caractéristiques des investissements espagnols en Algérie est que leur répartition sectorielle fait ressortir l'Industrie en pôle position, soit 82% en nombre des projets souscrits, 99% en montant et 88% en nombre d'emplois. Sur l'ensemble des investissements espagnols souscrits durant la période 2012-2017, le secteur industriel a concentré 53 projets d'un montant global de 167,3 milliards de DA et générant 4.970 postes d'emplois, dont 37 projets ont été réalisés pour un montant de 148 milliards de DA. Ces investissements industriels déclarés à l'Andi ont concerné les filières eau et énergie (120 milliards de DA), chimie, caoutchouc et plastique (17 milliards de DA), sidérurgie, métallique, mécanique et électrique (16,8 milliards de DA), agroalimentaire (8 milliards de DA), industries du bois, liège papier et imprimerie (3,2 milliards de DA), matériaux de construction, céramique et verre (2,2 milliards de DA), mines et carrières (134 millions de DA) et industries textiles, bonneterie et confection (96 millions de DA). Concernant les relations commerciales, l'Espagne s'est classée, en 2017, comme 3ème client de l`Algérie avec un montant de 4,1 milliards de dollars d'exportations algériennes, et 5ème fournisseur avec 3,1 milliards de dollars d'importations algériennes. Mais sur les deux premiers mois de l'année 2018, l'Espagne est devenue désormais le premier client de l'Algérie, un rang qui avait été occupé par l'Italie durant plusieurs années. A la lumière de ces données, on peut considérer que l'Espagne est un partenaire stratégique et qu'il est indispensable de généraliser l'enseignement de la langue espagnole de manière à développer les relations entre les deux peuples, sachant qu'il existe une forte communauté nationale en Espagne. La main d'œuvre espagnole en Algérie est aussi une réalité à ne pas négliger et joue un rôle important dans les domaines de l'habitat, l'agriculture et l'industrie.